Avant que nous ne commencions à étudier le cas de Windows, une petite confession : des trois systèmes étudiés dans ce dossier, celui de Microsoft nous semblait à la base le moins apte à intégrer nos salons. Notamment parce que son utilisation induisait nécessairement un cout de licence non négligeable. De même, son éditeur n’a jamais su se résoudre à lui apporter des moyens de contrôles plus souples et plus adaptés à un environnement autre qu’un bureau. Un avis qui a cependant vite changé, suite à la découverte d’outils développés par une communauté forte et jamais, en manque d’idées.

Cette déclaration va sans doute en surprendre plus d’un, mais n’en déplaise à Gabe Newell, qui l’a souvent considéré comme le diable, Windows 8 reste aujourd’hui à nos yeux la plateforme la plus polyvalente, et la plus aboutie, pour gérer une expérience vidéoludique et multimédia dans un salon. Toutefois, reconnaissons que cette révélation ne s’est pas faite en un jour, loin de là. En vérité, il nous a même fallu plusieurs semaines de tests et d’essais, pour nous construire une plateforme de salon estampillée Windows et pleinement fonctionnelle. Et la première étape de ce long périple fut par exemple de trouver une alternative de contrôle au sacro-saint combo clavier-souris, beaucoup moins pratique dans un canapé que le pad d’une PS4 et d’une Xbox One. La tâche aurait pu paraître compliquée à surmonter de prime abord… Mais pas du tout.

Un système qui a de la ressource... Et des utilisateurs inspirés

Il existe pour commencer de nombreux logiciels qui offrent un contrôle total de votre PC via un smartphone ou une tablette. Mais surtout, depuis plusieurs années, un développeur indépendant a mis à disposition des utilisateurs PC un programme baptisé Xbstart, dont le principe est simple : autoriser la navigation dans l’interface Metro UI, et le lancement d’une application ou d’un jeu, en utilisant un simple pad Xbox 360. Et pour gérer les passages parfois obligatoires par le bureau Windows classique, Xbstart dispose aussi d’un mode émulation, qui transforme alors le pad en souris. Enfin, il utilise la fonction « clavier virtuel » du système, pour offrir à l’utilisateur une fonction basique d’édition de texte.

Autre exemple d’outil dont nous ignorions la pertinence dans un environnement de salon : le logiciel Kodi, créé conjointement par le groupe XBMC Foundation et la Team Kodi. Disponible en version 14.2 “Helix” à l’heure où nous écrivons ces lignes, il est capable de prendre en charge la totalité de vos fichiers multimédia (musiques, images, vidéos) au travers d’une interface bien pensée, et là encore, 100% pilotable au pad. Et finalement, derrière ces deux exemples, nous avons fini par réaliser que quel que soit les besoins que l’expérience de salon mettait sur notre route, une solution communautaire s’offrait à nous pour y faire face. Envie de transformer votre PC de salon en plateforme rétrogaming l’espace d’un instant ? Pas de problème. Le logiciel mGalaxy permet de prendre la main sur une soixantaine d’émulateurs différents, toujours en se limitant au pad pour l’aspect navigation.

Evidemment, tous les émulateurs ne se prêtent pas forcément à ce type de contrôle, et la configuration de mGalaxy restera parfois assez obscure pour qui n’aura jamais navigué dans les lignes de commandes ou l’édition de fichiers *.inf. Pour autant, ce système une fois rodé nous autorisait à passer de ScummVM à GTA V, de MAME au visionnage d’un blockbuster, avec un réel confort. De même qu’à un moment, nous avons cherché un moyen de revenir systématiquement sous l’interface Metro UI, plutôt que sur le bureau classique, au sortir d’une application. Bingo : OblyTile permet cela, en plus de vous offrir la possibilité de créer et/ou de personnaliser entièrement vos tuiles Windows : nom, image, couleur de texte, taille, etc… Un logiciel qui sera d’ailleurs très utile pour gérer le lancement des titres dépendants d’une plateforme autre que Steam. L’occasion de rappeler également que le catalogue de jeux jouables en local sous Windows reste sans équivalent.

Le charme de ses imperfections

Maintenant, et comme nous le signalions en préambule, si l’expérience d’un Windows de salon nous a paru séduisante, voire bluffante par certains aspects, force est de constater qu’elle ne sera ouverte qu’à ceux qui auront mis les mains dans le cambouis. Par ailleurs, elle aura toujours ce petit goût d’imperfection, d’un système que l’on aura créé de toute pièce à partir d’une multitude de modules pas forcément conçus pour fonctionner de concert. Par exemple, Kodi gère parfaitement l’utilisation d’un pad, mais si vous le démarrez alors que Xbstart est en mode « émulation souris », il va vite perdre les pédales. Des désagréments qui ne gêneront pas les utilisateurs expérimentés, mais qui empêcheront ce système de pouvoir vraiment se présenter comme une interface de salon clé en main, et fiable.

D’autre part, l’argument du tarif d’accès demeurera un frein non négligeable : tandis que SteamOS et Android TV sont gratuits, une licence Windows 8 (ou Windows 10) coutera 130€, à appliquer à des PC dont les tarifs seront déjà au-dessus de ce que propose la concurrence. A titre d'exemple, il faudra compter environ 600 à 700€, OS inclus, pour se construire une machine suffisamment puissante pour pouvoir profiter d'une expérience de jeu concluante en local, dans le contexte que nous venons de décrire... Des solutions type Intel NUC sont aussi envisageables, mais limiteront l'aspect vidéoludique au streaming, et au rétrogaming (ce qui n'est déjà pas si mal). Mais clairement, pour ceux qui n’envisage pas le jeu sur PC autrement qu’en configuration locale, et qui sont donc prêt à investir quelques belles sommes d’argent dans leur dispositif de salon, le coût d’un Windows neuf paraîtra moins lourd, et sera largement rentabilisé, au regard de la souplesse et des fonctionnalités que le système de Microsoft leur apportera.