Il y a certains jeux que l'on déguste comme un bon chocolat chaud au coin de la cheminée. C'est un plaisir éphémère, un bref moment qui apporte un peu de chaleur à la fin d'une journée trop longue, et que l'on apprécie d'autant plus qu'il nous paraît intensément savoureux. Des instants auxquels on repensera avec plaisir bien des années plus tard... Allez, trêve de lyrisme, préparez vos manettes et trouvez un fauteuil confortable, on va parler de Geometry Wars 3 : Dimensions.
Rigolote histoire que celle de Geometry Wars, qui, il y a environ 10 ans, n'était qu'un sympathique mini-jeu caché dans Project Gotham Racing 2, sur la première Xbox. La simplicité et l'efficacité de son gameplay, résolument rétro, lui avaient valu un joli petit succès d'estime, jusqu'à lui permettre de débarquer en stand-alone sur XBLA et Steam. Quelques années et quelques jeux plus tard, et notamment après un passage remarqué sur Nintendo DS, voici que la franchise revient sous le nom de Geometry Wars 3 : Dimensions, un sous-titre très à propos comme vous allez le constater.
Les bases conservées
Les joueurs ayant fait leurs armes sur Geometry Wars : Galaxies ou Geometry Wars : Retro Evolved (le premier ou le second) ne seront pas perdus en débarquant sur ce nouvel opus qui, au passage, n'est plus développé par Bizarre Creations, mais par Lucid Games, un petit studio indé britannique. Le principe est toujours le même : le jeu est un shoot'em up multidirectionnel au style visuel ultra épuré, dans lequel vous aurez à scorer le plus possible en détruisant des ennemis aux formes géométriques, qui permettent aux joueurs de les identifier immédiatement. Chaque ennemi a un comportement différent, et l'on retrouve avec un certain plaisir les snakes, les spinners, les grunts, et même ces saletés de weavers, qui ont une fâcheuse tendance à esquiver vos tirs. Concrètement, Dimensions est aussi efficace que les autres, et Geometry Wars, même sous sa nouvelle forme, reste un shooter hyper efficace, grisant et surtout terriblement agréable à prendre en main. Les deux sticks de votre manette vous permettront de contrôler votre véhicule et de tirer ; en détruisant des mobs, vous récupérez des « géoms », des petits cristaux verts qui font grimper votre multiplicateur de score. Bref, c'est assez classique mais le jeu est tellement dynamique et bien fichu qu'on se laisse très vite prendre au jeu, qui devient presque addictif. Si je dis presque, c'est parce que certaines des nouveautés ne sont peut-être pas tout à fait les bienvenues.
Neon Genesis Evangelion
C'est d'abord visuellement que Geometry Wars a évolué, en proposant certes toujours autant de couleurs et de néons, mais en passant à un rendu pseudo 3D qui devrait rappeler à pas mal d'amateurs de « shmup » le très bon Super Stardust HD. Le changement n'est pas désagréable, loin de là, cela apporte effectivement une petite touche de fraîcheur au jeu. Dimensions est même plutôt plaisant à regarder, notamment sur les nouvelles arènes. Ces nouvelles « maps » sont la vraie nouveauté de la série, puisqu'une partie d'entre elles sont en fait des volumes : sphères, cylindres, cubes... tout y passe et il faut dire que ce changement déstabilise un peu dans les premiers instants de jeu. Cela m'a rappelé le feeling que m'avait procuré Super Mario Galaxy, dans un genre complètement différent. Il faut prendre conscience qu'en tirant devant vous, vous pouvez pratiquement détruire des ennemis se trouvant derrière vous. Mais ce qui est vrai pour vos tirs l'est aussi pour vos ennemis, qui parfois surgiront un peu par surprise juste à côté de vous, entraînant régulièrement des morts assez désagréables, tant on ne s'y attendait pas.
Pour mettre en scène ces nouvelles arènes, Dimensions propose un mode de jeu nommé Aventure, dans lequel vous aurez à triompher de différentes épreuves, sur tout un tas de types d'arènes. En fonction de votre score, vous remporterez une, deux, ou trois étoiles (ou aucune, si vous avez été particulièrement mauvais) ; et il y a plutôt intérêt à engranger le plus d'étoiles possible puisque sinon, à un moment ou à un autre, vous serez tout simplement bloqué dans votre progression par un niveau qui vous demandera un certain nombre d'étoiles pour être accessible. Si le fait que le scoring pur et dur ne domine plus les débats me dérange quelque peu, c'est surtout le fait d'être bloqué qui, à mon humble avis, est une mauvaise idée. Plutôt que de convaincre le joueur d'insister, cette barrière crée une certaine forme de frustration qui dirigera le joueur vers les modes de jeu plus classiques, dont je parlerai plus tard. C'est d'autant plus agaçant que certains des niveaux comportent des règles bridant un peu le fun de l'expérience. Je pense notamment aux labyrinthes ou aux niveaux minutés, qui de par leur configuration limitent le scoring, le vrai, celui qui vous fait suer sang et eau, et pour lequel vous grignoterez graduellement sur vos heures de sommeil. Les combats contre les boss sont en revanche beaucoup plus intéressants, même si le challenge n'est pas aussi intense qu'on pourrait l'espérer.
A drone in the dark
Autre nouveauté de ce Dimensions, la présence à vos côtés de petits alliés aux compétences variées. Vous en débloquerez plusieurs au fur et à mesure que vous avancerez dans le jeu, certains posant des mines, d'autres tirant sur vos ennemis... S'ils paraissent anecdotiques au départ, vous comprendrez vite qu'ils ont en fait un véritable intérêt, chacun étant plus ou moins adapté aux stages et aux types de missions. Cela apporte donc une petite... dimension (eh oui) stratégique à cet opus, plutôt agréable en fin de compte. Problème, ces petits moucherons deviennent vite détestables puisqu'ils pourront vous tromper, passant parfois pour un ennemi, détournant votre attention des véritables sources de danger, qui sont bien entendu ultra-présentes sur chacun des niveaux que vous traverserez. Geometry Wars 3, un souci de lisibilité ?
Un jeu qui pique un peu les yeux...
C'est sans doute le seul véritable problème de ce Dimensions, même s'il est sans doute assez personnel. Grosso modo, le jeu est (parfois) tellement surchargé en éléments et en effets qu'il finit par perdre en lisibilité, ce qui a pour conséquence de encombrer la vue du joueur, et donc de le rendre moins réactif. Ce qui aurait pu être évité. D'abord, il y a la surabondance évidente d'éléments apparaissant et disparaissant à l'écran, ce qui est tout à fait normal vu le genre du jeu. Mais si l'on ajoute à ça les très nombreux effets visuels et la présence de votre pote drone, on finit vite par perdre un peu de vue les ennemis ! Il y a deux choses en particulier que je souhaiterais pointer du doigt. La première, ce sont les effets de tremblement, de déformation, appelez cela comme vous voulez, qui font plier les lignes du damier habituel de la série. L'effet est assez sympathique au départ, mais on se rend vite compte qu'il a tendance à masquer plus ou moins partiellement les éventuelles menaces. Le second, lui, est sans doute le plus embêtant : les développeurs se sont dit qu'il serait judicieux de faire apparaître plus lentement qu'auparavant les mobs dans l'arène. Avant leur spawn complet, les ennemis apparaissent sous la forme de taches de couleur qui viennent surcharger un peu plus le ring. Cet abus d'effets et de lumières contraste pas mal avec ce qu'était le jeu à l'origine : malgré le nombre hallucinant d'ennemis affichés à l'écran, Geometry Wars était toujours clair et lisible ; cela participait largement à ce sentiment de jouissance absolue qui s'emparait du joueur lorsqu'il avait réussi à se sortir d'une situation apparemment sans issue. C'est dommage.
… mais néanmoins très complet
Malgré cela, on prend quand même un certain plaisir à jouer à ce Geometry Wars 3, notamment dans les modes de jeu « classiques », que les fans retrouveront avec plaisir. Roi, Vagues, Pacifisme, et les autres avaient été introduits par Geometry Wars : Retro Evolved 2 il y a maintenant 6 ans, et ils sont toujours aussi amusants. Et vous aurez également la possibilité de jouer contre des amis (ou n'importe qui d'autre, en fait), que ce soit en local ou en online. C'est surtout en local que le jeu est intéressant d'ailleurs, puisque vous aurez la possibilité de jouer en coop une succession de missions, ce qui générera à coup sûr de nombreuses heures d'amusement entre potes.
Les images de ce test sont tirées de la version Xbox One du jeu.
Points forts
- Le jeu est joli, indéniablement
- Gameplay hyper efficace, très instinctif
- De nombreux modes de jeu
- Petit prix, grand jeu
- Le multi, en online, mais aussi et surtout en coop !
- Addictif
- Les niveaux en volume
Points faibles
- Trop d'effets visuels ?
- Un manque de lisibilité qui nuit à l'expérience... ce qui n'est pas dans l'habitude de la série
- La BO, trop générique
- Le mode Aventure et son système d'étoiles, perfectible
Toujours aussi grisant et bien fichu, Geometry Wars revient cette année très en forme avec cet épisode Dimensions. Pas avare de contenus, le jeu ne se moque pas des joueurs en leur proposant un challenge à la fois varié et qui a su se renouveler, pour proposer quelque chose d'assez nouveau. Si l'on ne peut qu'applaudir cette volonté de changer (un peu) les choses, les développeurs sont peut-être allés trop loin dans la débauche d'effets visuels, tandis que le mode Aventure n'est pas vraiment convaincant. Ceci étant, pour une petite quinzaine d'euros, Geometry Wars 3 : Dimensions devrait vous procurer d'agréables moments de jeu, de par son caractère hypnotisant et (curieusement) relaxant.