Des idols, du moe, et encore des idols : bienvenue dans le doux monde d'Hyperdimension Neptunia Producing Perfection ! Sans grande surprise, et parce qu'on ne peut rien vous cacher, le jeu est évidemment fondé sur l'univers d'Hyperdimension Neptunia, mais cette fois-ci vous incarnez un manager d'idols qui aide tant bien que mal les quatre adorables héroïnes à devenir de véritables stars. Avez-vous les épaules pour une telle responsabilité ? Rien n'est moins sûr.
Avant toute chose, il serait de bon ton de vous resituer un peu l'univers d'Hyperdimension Neptunia, qui est à la base un jeu vidéo sorti en 2010 sur PlayStation 3 et qui a depuis connu de très nombreuses déclinaisons, à commencer par un animé, Choujigen Game Neptune : The Animation. Prenant place dans le monde de Gamindustri, l'histoire tourne autour des quatre protagonistes principales Neptune, Noire, Blanc et Vert, des CPUs, autrement dit des déesses. Puisant leurs pouvoirs dans la Share Energy, qui est plus ou moins puissante en fonction de l'affection que leur portent leurs citoyens, chacune d'entre elles dirige respectivement un territoire (au nom très inspiré) : Planeptune, Lastation, Lowee, et Leanbox. Dans Producing Perfection, vous vous glissez dans la peau d'un jeune étudiant lambda, droit dans ses bottes, qui est invoqué sans préavis par les quatre héroïnes au toupet sans pareil. Loin de vouloir faire joujou avec vous, elles vous confient une mission de la plus haute importance : être leur producteur afin qu'elles deviennent le groupe d'idols le plus populaire de leur dimension. Pourquoi ? Car elles sont menacées par un groupe d'idols hyper populaire, les MOB48, référence assez peu subtile aux AKB48, ce qui fait décliner leur influence auprès de la population et donc leur nombre de shares. Afin de les reconquérir, il faut donc impérativement réagir et vous êtes le seul qui pourra les mener sur le chemin de la gloire !
Un univers qui a trouvé son "la"
La grande force de cet opus est clairement son univers. Comme dans une vaste majorité d'animés et de mangas japonais, les héroïnes ont des traits de caractère bien distincts et significatifs : Neptune, la jeune fille aux cheveux roses, est dynamique et sociable, Noire, la brune à couettes, est un poil rebelle, Blanc est mature et réservée, et Vert est une demoiselle attentionnée à la poitrine opulente. Cet énième casting de Magical Girls est une réussite, ce qui est notamment dû aux deux formes des protagonistes, humaine et HDD, qui leur attribuent un panel d'émotions plutôt varié. Par exemple, bien qu'elles ne soient qu'un seul et même personnage, je suis pourtant plus attaché à la Neptune HDD, calme et impassible, qu'à la Neptune humaine, trop énergique pour moi. Dans PP, on retrouve donc avec plaisir les quatre acolytes d'Hyperdimension Neptunia, qui n'ont pas perdu de leur superbe ni de leur bagou grâce à des dialogues remplis d'humour et de mignonitude. Ces derniers sont d'ailleurs bien écrits et relativement éclectiques, ce qui est une très bonne surprise. En outre, les dessins jolis et colorés, tant au niveau des personnages que des décors, font honneur à la série. Les voix, quant à elles disponibles en anglais et en japonais, restent expressives et agréables à écouter.
La répétitivité, un bémol majeur
Si le background est abouti, le jeu n'est malheureusement pas d'une grande richesse et propose seulement un mode principal, Producer Mode (mode Producteur), et deux modes de jeu annexes sans grand intérêt : Unlimited Concert (Concert illimité) dans lequel vous pouvez enchaîner les concerts et Viewer (Visualiseur) qui vous permet d'habiller et d'admirer vos idols sous toutes les coutures. Lors du démarrage, vous vous dirigez donc vers le seul choix viable, le Producer Mode. Le principe même du gameplay est basé sur la répétitivité à travers un cycle journalier ; intéressant dans son approche, il n'empêche qu'au bout d'un certain temps l'ensemble a du mal à se renouveler. Une seule action n'est possible par jour, vous devez choisir entre cinq domaines : Travailler, Apprendre, Se relaxer, Bouger et parfois Concert, qui apparaît occasionnellement. Lorsque vous cliquez sur ces grands thèmes, un sous-menu s'affiche dans lequel vous pouvez choisir parmi une palette d'événements. La variété des choix laissait présager un aspect stratégique, malheureusement il n'en est rien ; pire encore, ils n'ont quasiment aucun impact, et on a surtout la vague impression d'avancer sans but. Mais paradoxalement on s'amuse. Ceci est surtout dû aux dialogues et aux expressions des personnages, si bien qu'on a souvent l'impression d'être face à un visual novel qui a un peu dévié de son but initial en s'orientant vers un simulateur d'idol management. La répétitivité est certes un point faible et finit par se mordre la queue, néanmoins le gros problème d'Hyperdimension Neptunia : PP reste avant tout son manque de challenge. On enchaîne sans grand effort les jours jusqu'à arriver aux 3 fins possibles. Le jeu se finit donc en quelques heures à peine, un peu plus évidemment si on veut faire le tour du casting et conquérir le trophée Platine.
Des idols ? Où ça ?
Soyons clairs, tout le versant "jeu" est bâclé. En d'autres termes, le soft est beaucoup trop pauvre dans ses mécaniques de gameplay, qui sont d'ailleurs assez mal expliquées, notamment le fonctionnement des concerts. On aurait aimé quelques petits défis, au moins à la manière des jeux de rythme, qui exploiteraient les fonctionnalités de la Vita (écran tactile, touch pad arrière, etc), quelque chose qui se rapproche de Project Diva par exemple. Mais là, rien de rien. Appuyer sur L restera la tâche la plus ardue que vous aurez à accomplir. Conséquemment, on ne ressent pas le plaisir de voir ses idols progresser, ce n'est qu'une augmentation de statistiques sans valeur et sans saveur. Seul le stress est véritablement retranscrit à l'écran à travers la réaction de votre idol, plus ou moins excédée ou fatiguée. La répétitivité de Producing Perfection se couple donc à un vide flagrant en termes de jouabilité. Autre grande déception : les chansons, qui devraient pourtant avoir une place prépondérante. Au nombre de 5 par personnage, elles n'ont strictement aucun intérêt. J'apprécie la J-Pop mais malheureusement celles-ci n'ont absolument rien d'excitant. Déjà que leur nombre n'est pas faramineux (sur les cinq, quatre sont communes à tous les personnages !), elles ne sont en outre pas très différentes les unes des autres, on a juste droit à une éternelle rengaine d'Auto Tune. De mon point de vue, seule une chanson reste agréable à écouter : With Confidence, entraînante et bien rythmée. Et c'est le même refrain pour les chorégraphies, peu inspirées. Un comble pour un jeu qui se targue de jouer dans la même cour que The Idolmaster.
Points forts
- Une ambiance typiquement japonaise
- Les dessins fins et colorés
- Respecte l'esprit d'Hyperdimension Neptunia et le caractère de ses personnages
- L'humour, sympathique
- La chanson With Confidence
Points faibles
- Répétitif...
- Trop facile et trop court
- Peu de rejouabilité
- Pas assez de chansons
- Jeu uniquement en anglais
- Les idols, un prétexte pour faire un jeu de plus ?
Souvent perçues comme des jeux de niche, certaines créations japonaises ne concernent qu'une poignée de partisans qui n'hésitent pas à braver la barrière de la langue, et Hyperdimension Neptunia : PP fait indéniablement partie de cette catégorie. Bien que le concept de simulateur d'idol management soit classique au pays du hanami, pour nous autres Européens il reste encore tout à fait exotique, ce qui en fait un soft rafraîchissant et original. Cela ne surprendra donc personne, Producing Perfection s'adresse principalement aux fans d'Hyperdimension Neptunia, ainsi qu'aux amateurs de jeux atypiques et un poil barrés. Avec son univers coloré et plein d'humour, il saura séduire sans aucun problème ceux qui apprécient l'esprit moe et le design manga. Mais, malgré un background réussi et fidèle à l'ambiance de la série, les mécaniques du jeu ne sont pas suffisamment bien huilées pour vous faire tenir et surtout pour vous y faire revenir. Un joli bonbon en somme, au goût malheureusement un peu fade.