Entendons-nous bien : cette version « old-gen » de Terre du Milieu : L'Ombre du Mordor est tout à fait scandaleuse. Bien évidemment, à aucun moment les joueurs n'attendaient un jeu aussi beau que sur PC / PS4 / One, et on savait que le système Nemesis, l'une des fonctionnalités les plus appréciables du jeu, serait moins poussé, cela à cause des limites des machines. Mais à titre personnel, j'étais loin de m'imaginer que le résultat pourrait être aussi... horrible, je n'ai pas d'autre mot.

Un gameplay inchangé

Commençons par les points forts du jeu : cette version old-gen de L'Ombre du Mordor reste extrêmement fidèle à ce que l'on avait pu voir début octobre. Le Mordor, s'il semble moins chargé en orques désormais, est un endroit toujours aussi dangereux, et votre courage ne suffira pas à renverser l'ordre en place. Pour mémoire, vous incarnez Talion, un Rôdeur du Gondor, qui cherche à venger la mort de sa femme et de son fils. Les deux êtres chers à son cœur ont été tués par des sbires de Sauron, le Seigneur des Ténèbres, qui après une petite sieste de 3.000 ans, a décidé de revenir à la maison pour reprendre sa conquête des Terres du Milieu. Afin de déstabiliser les armées orques, vous aurez donc à jouer sur les tensions qui existent entre leurs chefs, soit en les éliminant, soit en les retournant les uns contre les autres. Bref, peu de choses à dire à ce niveau tant le jeu est similaire à celui sorti le 3 octobre dernier. Vous pouvez vous pencher sur nos tests PC, PS4 et One pour en savoir plus. Si je ne détaille pas plus cette partie, c'est uniquement et simplement parce qu'en l'état, le jeu est pratiquement injouable. Et n'aurait même pas dû être proposé à la vente, en fait. Explications.

Le nouveau visage de la laideur

Oui parce que voilà, cette Ombre du Mordor est laide. Très, très, très laide. Et c'est terrible à dire, mais dès le menu du jeu, on pouvait s'en douter. C'est un Talion baveux et trouble qui nous apparaît, flanqué de vignettes du jeu à la résolution improbable. Une fois dans l'aventure, ce n'est pas mieux, au contraire. Pendant que le framerate joue au jokari, rendant au passage les combats pratiquement injouables, les détails aussi gros que des orques ou des petits bâtiments « poppent » non loin de vous, la plupart du temps avant leurs textures « HD ». L'utilisation de guillemets ici est importante puisque la résolution du jeu est similaire à celle des vignettes aperçues dans le menu du jeu ; sans exagération, à ce stade du jeu, on pense déjà à s'arracher les yeux, ou à prendre d'abord rendez-vous chez un ophtalmo'. Pourtant, il reste beaucoup de choses à dire... Hélas. Parce que si la résolution du jeu est horriblement basse, si le framerate oscille entre 5 et 20 fps en fonction du nombre d'ennemis affichés à l'écran, le reste n'est absolument pas mieux. L'aliasing n'est pas omniprésent, c'est même au-delà de ça ; la distance d'affichage est ridicule ; et globalement, le jeu passe son temps à clignoter, rendant le tout véritablement insupportable à regarder. Après 3 heures de jeu, mes yeux commençaient à me faire mal, littéralement. Moi qui pensais avoir tout vu...

Mal optimisé et bien buggé

Afin de se reposer les globes oculaires, le joueur sera tenté de mettre le jeu en pause, ce qui sera pour lui source de surprise. Figurez-vous que le titre est tellement mal optimisé que même appuyer sur le bouton Start de votre manette lancera un temps de chargement un peu longuet (comptez bien 5 secondes, minimum), idem au moment de retourner au jeu. Le plus drôle est sans doute de tenter d'accéder aux interfaces comme celle permettant de voir l'armée de Sauron. Et pas uniquement parce que c'est moche, mais surtout pour voir les textures des orques apparaître une ou deux secondes après que vous ayez ouvert leurs fiches individuelles. Oui, on en est là. Revenir au jeu vous prendra encore 5 secondes, ce qui vous laissera le temps d'admirer les petits pixels clignotant autour du logo de chargement du jeu. Avec un peu de chance, le jeu vous offrira même, en plein temps de chargement, la possibilité d'appuyer sur un bouton (Rond ou B) pour « Passer ». Passer quoi ? Pas le loading, manifestement, puisqu'en saisissant la commande, vous en lancez un second.

Ce qui peut être ennuyant lorsque cela arrive au moment de rencontrer un chef orque, qui, d'ailleurs, ne prendra pas toujours la peine de vous parler. Les dialogues qui se tenaient entre Talion et les ennemis étaient justement l'une des choses les plus appréciables sur le titre original... Dommage. De toute manière, même s'ils vous parlent, leurs lèvres ne bougent pas, les rendant passablement ridicules. D'ailleurs dans le ridicule, on pourrait également parler de leurs animations, sur ces scénettes, nous rappelant les meilleurs moments du J-RPG de la fin des années '90. Le mieux reste sans doute le nombre de bugs qui peuvent se dérouler durant les combats, où le nombre d'orques figurant à l'écran met le jeu à genoux. Les cabrioles permettant de sauter au-dessus de vos ennemis, notamment, ont parfois la particularité intéressante de créer une sorte d'antigravité passagère, faisant flotter à 2 mètres du sol nos amis orques, qui s'en trouvent bien peinés. Les hitbox, quant à elles, sont parfois un peu approximatives, et l'on peut décapiter des orques en frappant l'air, sans trop savoir ce qui se passe. Ou alors le framerate est tellement bas qu'on ne voit pas les ennemis se déplacer...