En 2011, les petits gars de Curve Studio se faisaient connaître grâce à Stealth Bastard, un petit jeu gratuit des plus distrayants. Couronné de succès, la sortie de ce premier titre donnait naissance à Stealth Bastard Deluxe, aujourd'hui disponible pour quelques euros sur Steam, avant de débarquer en 2013 sur les consoles PlayStation, avec Stealth Inc. : A Clone in the Dark (appréciez la finesse du jeu de mots). Sacrée ascension ! Finalement, la licence débarque un nouveau Stealth sur la console new-gen de Nintendo, dans un nouvel épisode au nom tout aussi croustillant : A Game of Clones. Si vous aviez apprécié les précédents épisodes, ou des titres comme Mark of the Ninja, vous devriez prendre quelques minutes de votre temps pour vous pencher sur ce test...

L'attaque des clones

Point de lourd scénario dans ce Game of Clones, qui préfère se concentrer sur le gameplay et son level design. On incarne un petit être rondouillard qui cherche à s'échapper de l'usine qui l'a mis au monde, afin de gagner sa liberté. Seulement voilà, l'un des employés de ladite usine ne l'entend pas de cette oreille et va nous imposer une batterie d'épreuves mortelles dont il faudra triompher. La force de cet ennemi invisible, ce sont justement les nombreuses invectives qu'il vous envoie, et qui apparaissent sous forme de petits textes à l'écran. La plupart du temps, c'est pour se moquer de nous, nous provoquer ou commenter nos nombreux décès, sur un ton sarcastique particulièrement amusant. Loin d'être frustrantes, nos morts sont l'occasion de rire un peu et de s'attacher à ce jeu qui ne manque pourtant jamais de nous mépriser ou de nous faire les pires coups bas.

Le grand cycle de la mort

Stealth Inc est certes un Metroidvania assez classique d'apparence, il embarque également un côté « die-and-retry » qui n'a jamais rien de frustrant. Comme dit plus haut, les sorties de notre ennemi sont, la plupart du temps, suffisamment drôles pour qu'au lieu de défoncer notre mablette, on en vienne à rire en pensant « saleté, tu m'as bien eu ». Ces petites provocations ne sont pas les seules à faire ressentir ce sentiment : les pièces que vous aurez à traverser sont truffées de pièges vicelards dont, souvent, vous ne comprendrez le fonctionnement qu'au moment de la mort (toujours violente) de votre petit clone. Lasers, drones de défense, murs qui se déplacent (souvent pour vous aplatir le coin du museau), tout le répertoire y passe, et on finit par douter de l'utilité de tel ou tel interrupteur, de peur qu'il n'active une saleté qui nous ferait tout recommencer. A noter que le jeu a la bonne intelligence de nous faire réapparaître très, très rapidement à l'écran, et pas forcément au tout début de la pièce : si vous avez déjà vaincu quelques pièges, vous réapparaissez à un endroit qui ne vous demandera pas de les ré-affronter. On enchaîne donc à une vitesse constante les pièces et les chausse-trappes, et dans la mort comme dans la vie, on s'amuse beaucoup.

Un gameplay plutôt classique

Comme dit plus haut, A Game of Clones prend la forme d'un Metroidvania des plus classiques, et c'est donc tout le gameplay qui s'en ressent. Plutôt classique, à part dans les objets qu'il mettra à notre disposition, le titre ne brille donc pas forcément par son originalité. On a là un jeu tout en 2D qui nous demandera d'explorer un vaste monde, en triomphant d'épreuves qui vous permettront d'obtenir, à terme, un item dont les propriétés vous permettront d'accéder à de nouvelles zones, jusque-là inatteignables. La composante infiltration du jeu n'est pas non plus de première fraîcheur, puisqu'on retrouve pas mal de classiques du genre, entre les drones qui nous repèrent en fonction de nos mouvements, le besoin de jouer avec l'ombre et la lumière pour ne pas se faire détecter, les sols minés qui nous imposent de marcher lentement, sans sauter... On retrouve même l'habituel niveau où il faudra faire attention aux fenêtres, puisque l'orage qui gronde à l'extérieur éclairera de temps à autre la pièce par quelques éclairs. Bref, rien de bien original mais il faut admettre que c'est plutôt bien fait. Heureusement, le level design est là pour apporter au jeu tout son intérêt.

Un level design frôlant le génie

Là où le jeu est particulièrement à son avantage, c'est au niveau du level design. Les salles que vous aurez à traverser sont parfaitement construites, avec des pièges placés à des endroits qui vous demanderont souvent pas mal de réflexion. Si les premiers niveaux sont assez faciles, la montée en difficulté se fait crescendo, jusqu'à ce que l'on prenne parfois plusieurs minutes pour étudier la pièce, sa construction et le fonctionnement des pièges. On étudie ainsi notre marge de manœuvre, jusqu'à passer à l'acte... et éventuellement mourir. De ce point de vue-là, le jeu fait un quasi-perfect, en proposant des puzzles délicieusement vicieux, qui demanderont souvent pas mal d'imagination et une sacrée dose de dextérité. Pour ceux qui aiment être mis à l'épreuve, vous avez là un challenge qui devrait vous occuper et vous amuser un moment. Seule fausse note, la navigation entre les différentes zones du jeu n'est pas toujours aisée ni évidente, et on en vient à penser que les développeurs ont été un peu paresseux lorsqu'il s'agit de faire comprendre où aller. Ce qui est un poil frustrant par moments.

La communauté mise à contribution

La petite aventure de notre clone bien aimé n'est pas le seul intérêt de ce Game of Clones, bien au contraire. Le soft embarque avec lui d'autres modes de jeu, dont un fameux éditeur de niveaux qui vous permettra... oui, de créer vos propres niveaux. Mais sans partage online, cela n'aurait aucun intérêt, ou presque, et effectivement, vous trouverez bien, dans le menu principal du jeu, un « Niveaux communautaires », grâce auquel vous aurez accès aux créations de nombreux joueurs. Si vous pensiez que Curve Studio était un endroit rempli de psychopathes, attendez de voir ce qu'ont concocté certains esprits malades, dont les créations n'ont qu'un seul but : vous faire péter un plomb ! Tous les niveaux proposés ne sont pas de qualité égale, bien entendu, mais on trouve quelques trucs très bien fichus. Et il ne tient qu'à vous de faire mieux. L'éditeur de niveaux n'est malheureusement pas toujours très clair, et il vous faudra un petit moment pour dompter l'interface finalement assez chiche en informations.