Un an après ses premières aventures en 3D, Pokémon ne perd pas le rythme et revient sur Nintendo 3DS avec deux nouvelles versions déjà bien connues des fans. Pokémon Rubis Omega et Saphir Alpha, ROSA pour les intimes, ne sont autres que les remakes des épisodes Rubis et Saphir sortis il y a déjà 11 ans sur Game Boy Advance. Et comme vous vous en doutez, en 11 ans la série a suffisamment évolué pour que les perspectives de remastérisation soient prometteuses.
Histoire de ne pas vous noyer sous un flot d'informations, sachez que ce test se concentrera quasi exclusivement sur les nouveautés de ces remakes. Mettons donc à profit ce premier paragraphe pour rappeler les principes de base de l'aventure qui vous est proposée. Vous incarnez un jeune dresseur du sexe de votre choix qui débarque à Bourg-en-vol, un patelin où se terrent un voisin de votre âge et un professeur qui ne tardera pas à vous fournir votre premier Pokémon. Car comme dans tout bon jeu Pokémon, votre héros (ou héroïne) va rapidement quitter le nid familial pour chercher à devenir le meilleur dresseur de sa région, remporter les 8 badges, triompher de la Ligue Pokémon et capturer tous les petits monstres de la zone. Un vaste programme qu'il ne tient qu'à vous de mener à bien dans cet épisode qui proposait pour la première fois une histoire centrée autour d'un Pokémon légendaire et de deux teams ennemies différentes selon la version choisie. Autre point fort de l'aventure, un monde nettement plus varié et agréable à parcourir s'offrait à vous : pluie, nuage de cendres, désert, possibilité d'explorer les fonds marins... Le passage sur Game Boy Advance avait clairement profité à la série et la région d'Hoenn marquait alors les esprits des amoureux de la saga. En est-il de même avec ces deux épisodes remastérisés ?
Quand Rubis et Saphir fusionnent avec X et Y
L'aventure s'ouvre comme il y a une décennie, votre héros voyageant dans un camion de déménagement (passons sur le danger et le côté étrange de la chose) avec une vision différente de la scène puisqu'elle se déroule directement en vue à la première personne. Pas question ici de proposer une feature permanente comme les dernières versions de GTA 5, mais cette première petite scène originale est une des surprises concoctées par les développeurs de cet opus. Tirant profit du moteur intégralement en 3D inauguré l'an dernier, l'aventure de ROSA se dote de scènes inédites ajoutant un peu de rythme et de variété à votre épopée. Si les plans de caméra s'avèrent moins variés que pour X et Y, ils permettent de découvrir sous un nouveau jour l'une des régions les plus plaisantes de la série sans dénaturer son charme d'origine. Même constat et même qualité pour les animations toujours aussi riches en explosions lumineuses et effets dépendant du type d'attaque utilisé.
Les arènes ont également fait peau neuve pour l'occasion mais n'auront subi qu'une refonte légère par rapport à leurs versions originales. Dommage tant il y avait matière à approfondir leur construction en s'inspirant de ce qui avait été réalisé pour les arènes des précédents épisodes. D'autres nouveautés apparues dans Pokémon X et Y se mêlent à l'aventure ROSA, à l'instar du SPV, de la Poké Récré et du GSS, trois points déjà abordés dans notre test des versions sorties l'année dernière. Mais celle qui vous intéresse le plus, c'est sans nul doute l'arrivée des Méga-Evolutions : la troisième génération de Pokémon se dote de ses propres Pokémon méga-évolués, justifiant leur arrivée par une pirouette scénaristique permettant d'ajouter le méga-bracelet à l'intrigue déjà existante. Mais la troisième génération ne sera pas la seule concernée puisque d'autres Monstres bénéficient de cette fonctionnalité, à l'image de Méga-Dardargnan ou Méga-Roucarnage.
Primo-Résurgence, Méga-Evolution : Même combat ?
Véritable nouveauté de cet épisode, la Primo-Résurgence est un genre de cousin éloigné de la Méga-Evolution permettant au Pokémon de revenir à l'état primal. Sur le papier l'idée semble assez proche de la Méga-Evolution... Dans les faits, elle l'est. Elle apporte une nouvelle apparence, des stats boostées voire même un nouveau type aux Pokémon concernés et s'active automatiquement au début d'un combat, petite nuance par rapport aux Méga-Evolutions qui impliquent d'être activées par le dresseur lui-même. Difficile toutefois de voir dans cette fonctionnalité un atout innovant pour la série tant elle reprend les codes de la Méga-Evolution introduite il y a un an. Les bases sont intéressantes, il ne reste qu'à voir le sort que lui réserveront les développeurs dans les prochains opus. Elle devrait toutefois faire le bonheur des tacticiens en herbe, qui profiteront de l'occasion pour se creuser la tête afin de trouver les combinaisons gagnantes en tournoi.
Un vaste monde à explorer
Après les fonds marins, c'est au tour du ciel d'être traversé par nos amis dresseurs ! Via un système nommé le Grand Envol, les joueurs peuvent désormais parcourir librement le ciel et même y livrer des combats contre d'autres Pokémon. Il s'agit sans nul doute d'une des nouveautés les plus enthousiasmantes de cet épisode, tant les fans de Pokémon ont depuis la première génération attendu le jour où la capacité vol leur permettrait d'explorer librement les cieux. Bien qu'agréable, il faut reconnaître que cette fonctionnalité reste bien timide et ne comblera nos attentes qu'un certain temps, à moins d'être particulièrement fan du paysage. Espérons que celle-ci sera plus poussée dans le prochain opus. Les bases secrètes s'annoncent également plus intéressantes que par le passé puisqu'elles profitent désormais des fonctionnalités en ligne, invitant chaque dresseur à venir essayer celle de ses congénères. Malheureusement, les fonctionnalités de jeu en ligne n'étant pas disponibles lors de cette session de test, nous n'avons pas pu les essayer par nous-mêmes. Il a donc fallu se contenter de redécouvrir les bases secrètes en solo via Millepertuis, un nouveau personnage intégré au scénario qui vous familiarisera avec ce concept en vous offrant la CT permettant de les ouvrir : Force Cachée. Sachez quand même qu'un mini-jeu de collecte de drapeaux est présent et que vous pouvez transformer votre base en véritable arène de combat pour peu que vous disposiez des décorations .
ROSA, y a tant d'hommes que je ne suis pas
L'excentrique Atalante figure également au casting des nouveaux personnages de cet opus. Chargée de vous présenter le système des concours Pokémon qui n'ont d'ailleurs quasiment pas changé, elle apporte davantage de scénarisation dans une partie déjà plaisante du jeu d'origine, et qui devient d'autant plus intéressante. C'est d'ailleurs à cette occasion que vous pourrez rencontrer le fameux Pikachu cosplayeur capable de changer l'une de ses capacités en fonction du costume utilisé. D'une manière générale, c'est l'ensemble du scénario qui a légèrement gagné en profondeur grâce aux petits ajustements opérés par les équipes derrière cette refonte, sans être toutefois bouleversé dans ses grandes largeurs. Déjà intéressant il y a 11 ans, il surprendra toutefois les vieux de la vieille avec les quelques nouveautés accordant notamment une place encore plus importante à certains Pokémon légendaires... Mais nous n'en dirons pas plus afin de vous éviter d'être honteusement spoilé. Petit conseil à l'intention des amateurs de challenge : n'activez pas le Multi Exp sous peine de rapidement vous retrouver plusieurs niveaux au-dessus des chefs d'arène sans même passer par la case farming d'XP.
Une interface qui gagne en ergonomie
Nous évoquions l'arrivée des fonctionnalités ajoutées dans X et Y, il ne faudrait pas oublier de saluer l'interface tactile de ce nouvel opus qui s'offre quelques nouveautés et surtout un lifting appréciable, particulièrement ergonomique sur tous les points, à l'exception de son nom : Le Poké-Multi-Navi. On appréciera la possibilité d'être averti quand un Pokémon rare ou doté d'une capacité peu commune se trouve à proximité, un outil guidant ensuite votre dresseur vers les hautes herbes où se trouve la bestiole. Dans un déplacement à pas feutrés digne des plus belles heures de Sam Fisher, votre héros (ou héroïne, n'oublions pas ces dames) tentera alors de ne pas faire fuir le Pokémon et d'entrer en conflit avec ce dernier pour l'exhiber ensuite fièrement dans sa prison sphérique. La carte indique aussi en fonction de la zone où vous vous trouvez les Pokémon déjà rencontrés et ceux qui restent à découvrir (suggérés par des ombres dessinant leurs silhouettes). Dernière partie du Poké-Multi-Navi, un flash info permet de se tenir informé des dernières nouveautés de la région d'Hoenn en temps réel : un brin inutile, mais suffisamment amusant et immersif pour que l'on daigne y consacrer un peu de son temps. Inutile donc indispensable en somme.
Points forts
- De quoi y passer des centaines d'heures
- Refonte graphique plaisante
- L'interface tactile bien pensée
- Votre base secrète peut devenir une arène et être visitée par d'autres joueurs
- Les concours Pokémon toujours aussi efficaces
- Possibilité d'attraper tous les légendaires si l'on possède aussi X et Y
- L'ajout de petites scènes qui contribuent à l'immersion
- Un remake avec pas mal de nouveautés...
Points faibles
- … dont beaucoup sont reprises telles quelles de X et Y
- Difficulté amoindrie (Multi Exp cheaté, CS données sans qu'on ait à les chercher...)
- La Primo-Résurgence et le Grand Envol, deux nouveautés plaisantes mais encore bien timides
Pokémon Rubis Omega et Saphir Alpha ne sont pas que de simples remakes des épisodes originaux et s'avèrent suffisamment modernisés et riches en nouveautés pour attirer l’œil du puriste avisé ou du profane non éclairé. Difficile de leur reprocher grand-chose sur la forme, si ce n'est la trop grande facilité de l'aventure, plus adaptée aux standards modernes. On regrettera aussi la frilosité des Primo-Résurgences calquées en partie sur les Méga-Evolutions et du Grand Envol qui s'avère plaisant mais encore perfectible. Pour le reste, Pokémon ROSA propose une épopée riche, un univers coloré, un contenu toujours aussi imposant et quelques jolies surprises donnant envie aux petits nouveaux de prendre le train en marche et aux nostalgiques de s'y replonger. Les plus rêveurs d'entre vous pourront même s'y envoler...