L'hiver approche et soyez honnête, vous n'allez pas en profiter pour travailler votre style de descendeur du dimanche sur les pentes alpines ou pyrénéennes. Non, vous allez plutôt abandonner fissa votre partie de Football Manager 2014 qui, de toute façon, a fini par vous lasser, pour entamer une nouvelle carrière sur l'édition 2015. Si le transfert ne sonne pas toujours comme une évidence d'un opus à l'autre, le doute n'est pas franchement permis cette année. Donnez donc un nouvel élan à votre vie de manager virtuel.
Forte d'une communauté hyperactive et particulièrement bien renseignée, la série Football Manager est souvent victime de son succès. A quoi bon investir des pépètes dans la nouvelle version alors que des updates (la Marshall par exemple) très complètes, fiables et plutôt stables, sont trouvables un peu partout sur le Net ? La question peut légitiment se poser lorsque SiGames n'a guère mieux à proposer qu'une mise à jour de la base et des règlements, couplée à quelques correctifs tout juste sympatoches. Si Football Manager 2015 ne réinvente pas le genre, et on se demande comment il pourrait le faire, il apporte suffisamment de confort au joueur pour s'éviter des tergiversations. Vous voulez naviguer plus vite, plus facilement, recruter malin, vous prendre la tête avec des joueurs nombrilistes et passer votre temps à justifier chacun de vos choix tactiques ? Alors Football Manager 2015 vous apportera les garanties que ses aînés n'offrent pas.
De l'importance d'une interface modernisée
Depuis Football Manager 2008, nous n'avions pas connu une telle évolution de l'interface. Entièrement modernisée, épurée, plus colorée et toujours personnalisable, elle répond naturellement aux besoins des joueurs. Moins de pages, moins de doublons, moins de clics, une recherche dynamique accessible partout et le tour est joué. Tapez le début d'un nom et des suggestions vous sont faites, puis s'affinent au fur et à mesure. A cela s'ajoute un nouveau menu vertical, situé à gauche de l'écran, qui vous permet d'accéder aux différentes sections du club, des équipes aux finances en passant l'entraînement ou la cellule de recrutement. Une économie de clics qui rend le coach virtuel que vous êtes plus efficace entre deux matches. En bref, on se prend moins la tête à trouver l'info dont on a besoin que deux fois dans la saison mais dont on oublie facilement l'emplacement. Toutefois, n'imaginez pas vous passer de mods pour afficher les photos d'une majorité des joueurs, des fonds sympas ou les logos officiels des équipes. L'essentiel est là mais l'exhaustivité n'est toujours pas au rendez-vous.
Football Manager, futur RPG ?
L'une des principales nouveautés de Football Manager, c'est l'interface de compétence qui accompagne la création de votre profil. Si les infos comme votre nom, votre âge ou votre photo n'ont pas la moindre importance, il vous faut maintenant définir le type d'entraîneur que vous êtes. De base, le curseur est placé entre deux profils distincts : « Entraîneur en survêt », à savoir un coach très près du terrain et des considérations techniques, et « Entraîneur tacticien », un coach avec un peu plus de recul sur la vie de groupe et la gestion des cas individuels. Il ne vous est pas demandé de choisir l'un et d'ignorer l'autre mais de placer le curseur à votre convenance. Et si vous n'arrivez pas à le faire naturellement puisque très partagé entre les deux philosophies, les points de compétence à répartir dans les caractéristiques de coaching et mentales le feront à votre place. Au total, il existe 15 compétences et c'est à vous de déterminer celles que vous souhaitez booster pour bénéficier d'impacts directs sur les joueurs. Ainsi, si vous blindez votre compétence « niveau de discipline », il vous sera plus facile de vous faire respecter par vos joueurs et éviter qu'ils se plaignent de tout et n'importe quoi. Si vous mettez tout sur « travail avec les jeunes », les poulains du centre de formation progresseront plus rapidement à l'entraînement. Idem pour les 13 autres compétences. De mon côté, je salue la nouveauté et espère la voir se développer dans les prochains opus.
La motion capture au service du nouveau moteur 3D
SiGames a beaucoup communiqué sur son nouveau moteur 3D. S'il permet même aux esprits les plus taquins de ne plus se gausser devant un cirque d'animations déplorables, ce moteur n'est pour autant pas exempt de défauts et devra être amélioré dès l'édition 2016. En effet, entre les tacles assassins qui sont interprétés comme propres par le jeu, les attaquants qui s'entêtent à fusiller les gardiens de vilains pointards au lieu de les crocheter ou de placer un intérieur du pied, les murs complètement disloqués, la physique de ballon de plage et la moyenne incroyable de poteaux / barres par match, il reste pas mal de boulot. Je pourrais également citer les couleurs de peau et / ou coupes de cheveux fantaisistes de certains joueurs, même réputés, ou les portiers qui plongent une bonne seconde avant le déclenchement des tirs. Le tableau paraît bien sombre mais j'ai gardé le meilleur pour la fin. Les stades sont de plus en plus vivants, les maillots des équipes de plus en plus détaillés, toutes les surfaces du pied sont utilisées par les joueurs et la météo / luminosité varie progressivement en temps réel. J'ai également beaucoup apprécié les loadings réduits sur les coups de pied arrêtés ou constaté que l'IA était franchement moins efficace et donc moins cheatée que dans les précédents épisodes. Fini les hold-up à répétition !
Scooting sur mesure et rapports d’observation bétons
Jusqu'à présent, les recruteurs avaient tendance à observer un peu tout le monde et n'importe qui, qu'importe si vous précisiez chercher un profil bien spécifique. Dans Football Manager 2015, les scooteurs sont non seulement plus intelligents et à l'écoute de vos besoins, mais surtout beaucoup plus carrés et complets au moment de pondre le fameux rapport d'observation. Ainsi, la nouvelle interface permet de définir un profil très précis du joueur convoité. Vous cherchez un latéral droit à tempérament offensif qui acceptera de jouer les doublures, de rejoindre votre club dans 6 mois et dont le potentiel est supérieur à votre meilleur spécialiste ? Qu'à cela ne tienne, votre recruteur, s'il n'est pas bidon, évitera soigneusement de se concentrer sur des profils éloignés de la recrue idéale. Et dans le cas où vous n'êtes pas à l'aise au moment de définir les caractéristiques indispensables à ce poste, le recruteur prendra l'initiative de les lister lui-même, ce qui lui évitera de vous proposer un latéral mou du genou qui ne sait pas centrer ou effectuer une touche. Mieux encore, ses rapports sont mille fois plus précis et déterminants puisqu'ils renseignent sur les forces et faiblesses du candidat, qu'il s'agisse de ses attributs techniques, physiques ou mentaux, de sa capacité à s'intégrer dans le collectif ou à s'adapter à votre vision du jeu. Vous aurez même une idée assez précise de ses aspirations présentes et futures et votre recruteur vous précisera si ce joueur s'inscrit dans la philosophie de recrutement fixée par les dirigeants en début de saison. Au final, le risque de se planter est franchement moindre, si tant est que votre staff soit compétent.
« Si vous avez besoin de quelque chose, appelez-moi. Je vous dirai comment vous en passer. »
Collant au mieux à la réalité, Football Manager 2015 se transforme rapidement en gestion d’ego et bureau des plaintes. Les joueurs frappent ainsi très régulièrement à votre porte pour vous signifier leurs envies d'ailleurs. Ils sont du reste assez faciles à déstabiliser puisqu'il suffit qu'ils soient scootés par l’observateur d'un club qui les fait rêver pour qu'ils demandent un bon de sortie. Une technique que vous pouvez évidemment utiliser à votre profit pour attirer dans vos filets certains joueurs influençables. Mais globalement, je trouve cet aspect bizarrement géré, car pas mal de vos poulains vont souhaiter quitter le navire pour un « plus grand club » qui s'avère souvent assez inférieur au vôtre, que ce soit en termes de challenge sportif ou de rémunération. Du coup, la logique n'y est plus. Mais à force de dire non et de rester ferme, c'est une partie du vestiaire que le coach peut se mettre à dos. Parfois, une réunion et les bonnes réponses au bon moment suffisent à apaiser la situation mais parfois non. Par exemple, j'ai dû me résoudre à laisser Salvatore Sirigu signer pour la Roma à 6 mois de la fin de son contrat la première année, simplement parce qu'il me demandait d'enrichir encore l'effectif, que je jugeais pourtant suffisant. Bref, les joueurs ont les dents longues et sont particulièrement rancuniers. Retenir un joueur contre son gré est devenu mission impossible, vous êtes prévenu.
J'aime, j'aime pas
Football Manager 2015 compte des micro-nouveautés et un paquet d'ajustements que je vous laisse découvrir mais qui n'ont pas d'impact significatif sur l'expérience globale. J'ai en tout cas apprécié la pertinence des questions des journalistes. Certes les conférences de presse deviennent rapidement un passage « obligatoire » un peu lourdingue dans lequel on lit les questions en diagonale et on clique machinalement sur une réponse qu'on finit par connaître par cœur. Mais malgré tout, les questions tombent de moins en moins à côté du sujet et ces salopards de journalistes feront tout pour créer la polémique ou vous faire dire ce que vous n'avez pas dit. Pourquoi machin est remplaçant ? C'est une sanction ? Il va partir ? Préparez-vous à démentir tout et n'importe quoi en permanence. En parallèle, je continue de pester sur les conseils un peu débiles des adjoints. Dans ma partie, ceux-ci tentent de me convaincre qu'un joueur comme David Luiz, que j'utilise naturellement à son poste de prédilection, devrait effectuer les touches. Un défenseur central qui déserte l'axe pour faire une touche... Même un adjoint bidon n'oserait pas le proposer. Et ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres. Rien de bien méchant ni marquant et qui, finalement, vous responsabilise.
Points forts
- Le côté roleplay qui découle du système de points de compétence
- L'interface moderne et plus colorée
- La navigation plus fluide et confortable
- Le scooting sur mesure
- Les rapports d’observation bétons
- Les joueurs de plus en plus égocentriques et capricieux, comme en vrai
- Le moteur 3D nouvelle génération...
Points faibles
- … encore perfectible en termes d'animations et de comportements individuels
- Des adjoints pas toujours très inspirés dans leurs conseils
- Toujours quelques problèmes de licences (Bundesliga et Nationalmannschaft notamment)
- Toujours pas de chants de supporters
- L'absence de Martin Ødegaard
Football Manager 2015 marque une nette évolution de la série. Sa nouvelle interface, son ouverture à une gestion tactique et humaine plus roleplay et la qualité du système de recrutement offrent des garanties qui rendent les précédents volets caducs. Si le moteur 3D est de plus en plus fin et de mieux en mieux animé, il demeure encore un chantier prioritaire pour les équipes de SiGames, notamment au niveau du comportement individuel des joueurs. Equilibré, confortable, pensé pour les joueurs les plus hardcore mais pas complètement déconseillé aux néophytes, ce nouvel opus s'impose à tous les joueurs de FM comme un indispensable.