Prisonnier et mal en point, le groupe de survivants est en fort mauvaise posture dans ce qui constitue l'un des épisodes les plus tendus et perturbants des deux saisons confondues de The Walking Dead, celui qui livre Clémentine aux mains d'un véritable sociopathe, violent et totalement dingue. Un vrai méchant incarné à merveille par Michael Madsen, Bill Carver. Que se passe-t-il quand on oppose une enfant de 11 ans qui a déjà largement accéléré sa prise de maturité à un assassin atteint du syndrome du messie ? Rien de très bon.
Centre commercial de détention
Suite au grand festival de la pétoire qui concluait l'épisode 2, le groupe a donc rejoint le camp de Carver, établi dans un vaste centre commercial transformé en forteresse doublée d'une prison pour Clémentine et ses compagnons. Un établissement pénitentiaire régi par la main de fer cloutée de Carver et ses sbires les plus fidèles, les rares à ne pas rester simplement parce qu'ils sont terrorisés, qui représentent une menace permanente. Fou dangereux et impulsif, Carver est une vraie figure du mal, un pur méchant qui peut à tout moment éclater et il ne faut pas attendre longtemps avant de comprendre que la moindre ligne de dialogue peut avoir des conséquences inattendues et indésirables. Une tension qui rend chacune de ses interventions mémorable et redoutable, sans parler de l'appréhension qui naît de l'hypothèse : "et il va se passer quoi si on me surprend en train de rôder là où je ne devrais pas ?".
Dans les autres épisodes de la série, on pouvait tomber sur des rôdeurs sachant qu'on s'en tirerait avec un coup de tournevis et une QTE, là, on se fait prendre par des hommes armés, au service d'un messie psychotique, et on a l'air malin avec une planche cloutée. Même en sachant que Clémentine ne va évidemment pas mourir, il y a d'autres possibilités guère plus plaisantes. Telltale a déjà substitué la menace des morts-vivants par celle des hommes auparavant, mais pas avec une telle intensité. Carver n'est pas une figure malfaisante que dans son discours, il l'est aussi dans ses actes ou ceux qu'il ordonne. C'est une pure ordure.
Bye Bye baby Clémentine
Du sang, des tripes et de la violence, on commence à en avoir vu un paquet dans les deux saisons de la série, pourtant, In Harm's Way parvient en quelques scènes à tout faire monter d'un cran et à créer un vrai malaise et un ressentiment profond. Non pas en jouant la surenchère mais en misant sur l'écriture et la mise en scène. L'une des séquences les plus violentes est par exemple optionnelle, et Telltale s'est débrouillé pour que le joueur ait bien conscience qu'il a sciemment choisi d'en arriver là où il en est. Si on finit par éprouver un certain détachement face aux coups dans les jeux vidéo, ici, on ne peut qu'être dérangé et perturbé par ce qu'on voit. Dans un monde en décrépitude, explorer les limites de l'humanité, de ce qu'on peut supporter avant d'en arriver à choisir de passer de l'autre côté, d'abandonner ses idéaux pour finalement devenir ce que l'on cherchait à combattre est un thème assez classique, mais pas aux commandes d'une enfant de 11 ans. Si dans les deux épisodes précédents vous avez tenté par vos choix de préserver une Clémentine innocente, vous risquez fort d'avoir à lui dire au revoir au sortir de ce troisième volet. Après avoir incarné Lee dont l'objectif était de la protéger du danger mais aussi de la "corruption", vous ne pouvez qu'assister ici à votre propre échec en la voyant grandir. Et c'est probablement l'aspect le plus perturbant de In Harm's Way, ce à quoi on se résout en incarnant "la petite".
Pour toutes ces qualités, In Harm's Way a toutefois un défaut qui tient au choix initial de faire incarner au joueur une enfant tout en lui donnant un impact sur les grandes orientations du groupe. A plusieurs reprises, c'est donc la fillette de 11 ans au sein d'une bande d'adultes qui tranche entre deux options opposées, décide d'un plan d'évasion, impose des choix ou mène les missions les plus risquées. Certains n'y prêteront pas attention, mais c'est tout de même un peu difficile à avaler par moments. La nécessaire suspension volontaire de l'incrédulité qui aide à croire aux folles histoires est donc de rigueur.
Pour limiter les risques de spoil, le Gaming Live qui suit est celui du premier épisode de la saison.
Points forts
- Brutal et oppressant
- Des choix aux conséquences lourdes et inattendues
- Que restera-t-il de Clémentine ?
- Une violence physique et morale qui fait grimacer
Points faibles
- Le rôle de leader / action girl de Clémentine pas toujours très crédible
Elle est loin, très loin la petite Clémentine de la première saison de The Walking Dead et ceux qui tentaient encore de préserver la fillette en elle auront du mal à se contenir face à la folie d'un tyran doublé d'un tortionnaire cruel et mégalo. En quelques scènes, In Harm's Way s'impose comme l'un des épisodes les plus violents de la série, physiquement, mais surtout émotionnellement.