En avril 2012, Legend of Grimrock avait démontré avec une étonnante maestria que le dungeon crawler, genre surreprésenté dans les années 90, pouvait encore tirer son épingle du jeu au milieu de blockbusters affichant des graphismes toujours plus fins et des séquences de plus en plus spectaculaires. Deux ans plus tard, profitant du succès de leur bébé, les Finlandais d'Almost Human récidivent avec un second volet plus ambitieux. L'occasion rêvée pour se replonger dans un dédale de couloirs où les monstrueux habitants des lieux n'attendent qu'une chose : vous !
Perpétuant une nouvelle fois la tradition des dungeon crawlers à l'ancienne tout en prônant l'héritage de Dungeon Master, Eye of The Beholder, Lands of Lore et consort, Legend of Grimrock 2 n'en oublie pas pour autant de poser son ambiance et ses ambitions dès le départ. Ainsi, à peine foulé le sol d'une île inhospitalière suite à un naufrage, nos quatre rescapés vont très vite devoir faire face à l'adversité tout en s'équipant de façon rudimentaire pour ne pas finir boulotté par des tortues crapahutant non loin de notre point de chute. Cette entrée en matière se veut très représentative de ce second volet militant pour des environnements extérieurs et une plus grande liberté dans la façon d'appréhender la quête qui nous attend. D'ailleurs, ce parti pris ne plaira peut-être pas à tout le monde puisqu'en offrant au joueur la possibilité de visiter la quasi-totalité de l'île dès le départ, on perd rapidement pied en se demandant ce qu'on peut bien attendre de nous.
Bien choisir sa voie
Néanmoins, ce postulat de départ fait une fois encore honneur au challenge qui nous attend car si Legend of Grimrock était d'un bon niveau (surtout en optant pour le mode Old-school ne permettant pas l'utilisation de map), ce deuxième épisode donne le ton bien avant le début de l'aventure. On aura ainsi le choix entre différents niveaux de difficulté (le Normal étant déjà plutôt ardu) tout en pouvant opter pour le mode Ironman donnant la possibilité de ne sauvegarder qu'aux cristaux (bye bye les quick saves) ou le Single-use Crystals ne permettant qu'une sauvegarde par cristal. On vous laisse donc imaginer l'enfer que vous allez vivre si vous mixez les deux modes précités, le mode Old-school et le niveau Hard ! Bref, une fois choisi le degré de votre souffrance, vous aurez la possibilité ou non de créer votre propre équipe. Inutile de vous dire qu'il vaut mieux ne pas zapper cette étape, ne serait-ce que pour pouvoir créer une team équilibrée qui vous correspond ou tout simplement survoler les caractéristiques de la nouvelle race et des classes inédites. Ceci se traduit donc par la race des Rats, insensibles aux maladies, et les classes Alchimiste, Barbare, Battle Mage, Fermier (peu utile au final et dont les points d'EXP sont davantage liés à la nourriture consommée qu'au matraquage de monstres) et Chevalier. En tout et pour tout, on y trouve pas moins de huit classes, chacune ayant bien entendu ses forces et ses faiblesses. Ça y est, vous avez renommé vos petits protégés, distribué vos points d'expérience, choisi vos skills ? Parfait, nous pouvons alors retourner sur la plage de l'île de Nex.
The Island
Comme je le précisais un peu plus haut, la grosse nouveauté de Legend of Grimrock 2 est de vous donner une grande liberté d'action en vous permettant de visiter dès le départ un vaste territoire dont plus de la moitié des environnements sont à l'air libre. Plutôt déstabilisant par rapport au premier volet qui se composait de 13 niveaux d'une prison qu'il fallait simplement traverser. De fait, si certains temples ne seront pas directement accessibles, il vous faudra crapahuter pendant de longues heures afin de récolter divers documents vous donnant certains indices sur ce qui se trame sur cette île. Bien entendu, le plus important restera les équipements pour vos aventuriers que vous pourrez dénicher un peu partout. Notons qu'une petite nouveauté vous proposera, une fois une pelle trouvée, de creuser où vous voulez en extérieur pour récupérer des trésors. Bien entendu, plutôt que de faire de l'île un gigantesque bourbier, il sera ici aussi recommandé de trouver des notes nous expliquant où tel ou tel coffre a été enterré. Tout ceci réclamera donc de la patience, surtout qu'à l'image de Legend of Grimrock, le deuxième opus recèle quantité de trésors à découvrir, du moins pour celles et ceux pour qui le 100% représente une fin en soi.
Cependant, même sans rentrer dans cette chasse aux trésors, la durée de vie de Legend of Grimrock 2 s'avère excellente grâce à ses 34 niveaux répartis en donjons, forêts lugubres, cimetières ou temples engloutis. Bien qu'on puisse alors trouver à l'île un manque d'homogénéité environnementale, il serait hypocrite de dire que cette pluralité de décors ne joue pas aussi en la faveur d'un jeu plus riche et plus vivant. Pourtant, on pourra regretter que quelques nouveautés n'aient pas été mieux pensées par les développeurs. Je pense principalement aux passages sous-marins plus agaçants qu'autre chose vu qu'une trempette de quelques secondes peut être fatale à notre équipe. En somme, pour éviter de se noyer, vous devrez rapidement trouver une échelle pour sortir de l'eau et, si vous avez de la chance, rejoindre une partie inaccessible de l'île. L'autre souci desdits passages vient du fait qu'on pourra y croiser des créatures. Le hic est que vous ne pourrez combattre sous l'eau, du moins au tout début puisque par la suite, certaines armes vous octroieront ce droit. En somme, si par malheur, durant les premières heures, vous appuyez trop rapidement sur une touche de déplacement (s'effectuant toujours par case) et que vous tombez dans l'eau, entre deux pans de mur face à un monstre, vous n'aurez d'autre choix que de recharger une partie.
Notez tout de même que ce problème reste plus ou moins anecdotique et que le plaisir de la découverte de l'île de Nex reste bel et bien réel d'autant qu'on profite d'un cycle jour / nuit, de nouveaux ennemis et surtout d'énigmes réclamant à nouveau de la patience et beaucoup d'observation. A ce sujet, s'il faudra à nouveau scruter très souvent les murs pour trouver les fameux commutateurs déclenchant l'ouverture de passages dérobés, d'autres par contre réclameront un peu plus de jugeote. En parallèle, comme je le disais quelques lignes plus haut, vous devrez aussi tenter de décrypter des messages et trouver des artefacts pour pouvoir poursuivre votre route à certains moments. L’équilibre est donc parfaitement préservé une fois de plus même si l'ajout de boss (disposant d'une barre de vie) n'était pas vraiment nécessaire d'autant qu'ils sont le plus souvent de simples dérivés de monstres lambda.
Petits ajustements, maxi plaisir de jeu
Si, dans les grandes lignes, la jouabilité reste strictement identique à celle du précédent jeu, ce sont néanmoins plusieurs petits détails qui devraient ravir les puristes. On notera par exemple l’arrivée de deux sets permettant de switcher rapidement entre quatre objets en plein combat pour davantage de souplesse. On pourra par exemple avoir en mains un pré-set d'armes puis dans l'autre des potions de soin pour se guérir rapidement sans avoir à repasser par le menu d'inventaire. A propos de ce dernier, notons qu'il a également été redesigné et qu'il se montre plus lisible et agréable d'utilisation. Mentionnons ainsi l'onglet nous permettant de voir les techniques apprises. Très utile pour un mage notamment puisque désormais si vous ne vous rappelez plus des runes pour lancer vos sorts, vous n'aurez pas à conserver vos parchemins vu que vous pourrez retrouver l'information dans cet onglet. Un gain de place bien appréciable qui vous permettra de conserver moult objets dont des armes à feu, plutôt efficaces dans les mains d'un voleur rompu à leur maniement.
Pour rester dans les petits plus, remarquons que le fait de dormir pour récupérer de la santé est désormais beaucoup plus rapide. Une nouveauté salvatrice même si ces grosses siestes ne vous permettront pas de guérir des blessures sérieuses. Dans ce cas, il vous faudra automatiquement utiliser une potion de soin, qu'il sera toujours possible de créer une fois la recette apprise tout en ayant les compétences suffisantes en alchimie. C'est donc grâce à ces ajouts que Grimrock 2 prend tout son sens d'autant que l'IA des monstres semble avoir été améliorée, la plupart des ennemis attaquant beaucoup plus rapidement tout en essayant de vous prendre à revers. Inutile de préciser qu'en Hard, il vous faudra alors bien préparer vos sets et vos équipements, chaque combat étant potentiellement un aller simple vers le Game Over, surtout lorsque vous tombez dans des pièges vous mettant face à des hordes de momies, slimes ou squelettes en armure.
Legend of Grimrock strikes back
Au final, Legend of Grimrock 2 tient toutes ses promesses en offrant aux adeptes du genre un titre respectueux de ses aînés, à la difficulté bien réelle et à l'atmosphère très réussie. Le travail fourni par Almost Human est bel et bien là et rend hommage à un studio qui reste plus que jamais très précieux aux fans de dungeon crawlers. Encore plus vrai quand on sait que dès le départ, Legend of Grimrock 2 dispose d'une éditeur de donjons, idéal pour les petits architectes en herbe. On espère donc que cette suite aura le même succès que son aîné et que nous aurons à nouveau l'occasion d'endosser notre panoplie d'aventurier pour bouter engeances démoniaques et autres sorciers pernicieux prêts à fondre sur des contrées qu'on croyait à jamais perdues.
Points forts
- Une plus grande liberté d'action dès le départ...
- Environnements extérieurs et intérieurs
- Interface améliorée, inventaire plus lisible
- Enigmes toujours aussi bien pensées
- Un vrai challenge
- Excellente durée de vie
- Editeur de niveaux présent dès le départ
Points faibles
- … même si on peut vite se sentir perdu pour le coup
- Ambiance moins sombre et claustrophobique que dans Legend of Grimrock
- Pas de grosses nouveautés
- Toujours pas de version française
On attendait beaucoup de ce Legend of Grimrock 2 et autant dire que nous ne sommes pas déçus. Ainsi, si quelques nouveautés font tiquer, tout comme l'absence d'une traduction française, Almost Human a réussi le tour de force de proposer un titre plus ambitieux, plus difficile, plus passionnant que son aîné. En ayant amélioré quantité de petits détails tout en ayant rendu le jeu plus ouvert, les développeurs se sont ainsi montrés à la hauteur des ambitions affichées pour le plaisir des joueurs nourris aux Dungeon Master, Black Crypt et autres Bloodwych. Le dungeon crawler est mort, vive le dungeon crawler !