Un peu moins de deux ans après la sortie du second épisode, Borderlands revient sur le devant de la scène, non pas pour un énième DLC, mais bien pour un épisode à part entière, sobrement baptisé "The Pre-Sequel !". A partir de ce sous-titre curieux, on comprend vite que le jeu se déroule scénaristiquement entre le premier et le second épisode, et se focalise donc sur l’ascension du Beau Jack. Avec un pitch aussi alléchant, on pourrait presque y aller les yeux fermés, non ?
Fort de sa formule miracle du FPS hack'n slash, Gearbox nous livre un nouvel épisode à part entière, qui n'a pourtant pas l'air si nouveau que ça... Pour faire simple, la première chose qui gêne lorsque l'on touche à Borderlands : The Pre-Sequel !, c'est qu'il ressemble comme deux gouttes d'eau à un "bon gros DLC" de Borderlands 2. Après tout, des contenus comme Tiny Tina's Assault on Dragon Keep avaient réussi à transposer le joueur dans une toute autre ambiance, avec de gros efforts sur l'écriture et la mise en scène et ce, à prix réduit. Que peut donc offrir de plus un "nouvel épisode", payé au prix fort à son lancement, qui nous propose une approche digne de celle d'un stand-alone ?
Le poids des mots le choc des photos...
Borderlands The Pre-Sequel ! n'apporte pas grand-chose en termes de réalisation et de code. L'IA des ennemis n'a visiblement pas été améliorée, certaines animations commencent vraiment à faire tache et l'on remarque de nombreux murs invisibles ou soucis d'optimisation du level design. Quant aux graphismes, ces derniers peuvent se montrer contemplatifs (mention spéciale aux paysages, toujours aussi bluffants) ou sortir carrément d'une autre décennie, notamment lorsque l'on s'approche un peu trop près des textures ou des effets, souvent assez grossiers, du moins pendant la première partie de l'aventure. Soit, Borderlands : The Pre-Sequel ! n'a pas inventé grand-chose et arrive donc avec un nouvel environnement, la lune de Pandore nommée Elpis, et une nouvelle trame : la quête de pouvoir du Beau Jack à laquelle nous participons directement puisque nous incarnons un de ses lieutenants.
Qui dit nouvel environnement dit nouveaux challenges pour le level design, et en ce qui concerne la lune de Pandore, qui nous occupera plusieurs heures, on retrouve évidemment les traceurs de la série avec les larges étendues toujours plus peuplées de monstres, que l'on explorera à pied ou en véhicule entre deux visites de complexes militaires et industriels bien gardés. D'ailleurs, la conduite du buggy lunaire ou du sympathique Stingray dans les terrains accidentés d'Elpis se veut assez délicate, d'autant plus que Borderlands garde ses contrôles improbables pour les véhicules, ce qui n'arrange pas les choses. La ville de Concordia fait ici office de capitale, et remplit bien son rôle de "ville de MMO" avec ses PNJ qui n'y font pas grand-chose si ce n'est donner des quêtes et balancer les 2 phrases qu'ils ont apprises. Bien évidemment, les armes aux propriétés définies aléatoirement sont de la partie et la course au flingue le plus imbattable en coopération est toujours d'actualité. D'ailleurs, les nouveautés de cet épisode concernant le set d'armes disponibles sont assez timides de prime abord. On notera tout de même l'arrivée des armes à rayon, ou encore l'effet élémentaire de glace, qui givrera vos ennemis avant l'explosion de ces derniers... Bon, évidemment, le gros de l’intérêt au niveau des armes se situe bien plus tard dans le jeu, et démarre dès que l'on découvre le système de création d'outils de destruction à partir de flingues aux qualités moindres. D'autres ajouts et surprises viennent compléter la liste et c'est là que The Pre-Sequel ! devient plus intéressant, en plus d'accueillir une nuée de références et de fan-service qui nous feront sourire allègrement.
On a marché sur la Lune !
Côté gameplay, on remarquera 2 évolutions dues à l'environnement : la gravité et la gestion de l'oxygène, deux données qui rendent l'expérience bien plus savoureuse qu'avant. Sur Elpis, la gravité est moins forte que sur Pandore, ce qui engendrera des sauts plus longs, lesquels vous permettront de jouer avec le level design beaucoup plus vertical de cet épisode. Idem, puisque nous sommes sur la lune, vous ne pouvez pas respirer comme vous le souhaitez, et il faudra bien faire attention à votre jauge d'oxygène, sans quoi vous perdrez de la vie en suffocant.
Cette jauge de O2 a d'ailleurs une seconde utilité puisqu'elle peut alimenter un jetpack qui vous propulsera en avant pour une petite dizaine de points d'oxygène : pratique mais potentiellement dangereux si notre jauge est déjà bien entamée et qu'aucun endroit viable, ogygenalement parlant, n'est à portée. Nous sommes donc constamment en danger dès lors que l'on quitte les bâtiments. Dehors, vous pourrez également activer des générateurs d'oxygène qui créeront une bulle d'air pour que vous puissiez faire le plein. Il est d'ailleurs assez drôle de ressentir la différence d'ambiance sonore entre le vide intersidéral et l'intérieur des bâtiments pressurisés. A ce sujet, les responsables de la bande-son se sont fait plaisir en introduisant des morceaux très lunaires, utilisant souvent un oscillateur de fréquences pour rendre le tout vintage. En extérieur, vos armes ne font pas le même bruit, et leurs balles ne vont pas à la même vitesse, ce qui aura le mérite de vous déboussoler plus d'une fois durant vos premières heures. Ces deux ajouts rendent les gunfights étonnamment dynamiques puisque le bestiaire se sert également de la faible gravité de la lune pour nous surprendre avec de grands sauts ou des slams (que nous pouvons également réaliser), jouissant au passage de la forte verticalité du level design. En parlant du bestiaire, ce dernier nous offre un mélange entre Borderlands 2, Lovecraft, et les films de science-fiction des années 70. Ne vous étonnez donc pas si vous trouvez des créatures aussi étranges qu'effrayantes à côté de petits hommes en scaphandre et jetpacks.
Clap Trap jouable : syndrome de la classe "juif" dans South Park
Qui dit nouvel épisode dit également refonte des classes, avec 4 nouveaux entrants logiquement complémentaires et exploitables en coop. Leur description complète vous a été proposée lors de précédentes previews donc je vais économiser mes mots pour vous parler des deux héros que j'ai choisis. Comme 99,999% des joueurs, j'ai choisi Clap Trap en premier, puisqu'il s'agit là d'un rêve inavoué qui me dévore depuis de nombreux mois. Pensé comme un personnage délirant depuis le début, notre petit robot vous propose un skill tree assez aberrant et difficile à comprendre tant les références robotiques / informatiques viennent rendre le tout volontairement difficile d'accès. Après tout, ce n'est pas vraiment un drame : pourquoi chercher la logique lorsque notre héros dispose en guise de pouvoir d'une compétence aléatoire, rendant tantôt votre bande inefficace, tantôt atrocement meurtrière.
Cette capacité donne un peu de piquant aux combats puisque votre escouade peut très bien se retrouver sous l'emprise d'un debuff ultime de type "tout le monde rebondit" ou "vos balles n'atteindront jamais leurs cibles". Sous l'effet de la chance, Clap Trap peut également envoyer un mini-lui kamikaze, ou encore poser une tourelle lance-missiles terriblement efficace. Pour couronner le tout, les petits robots à son image dansent et diffusent de la musique électro, histoire de coller avec l'absurdité du personnage. Après quelques heures de jeu, j'ai décidé de tenter l'aventure avec la gladiatrice, armée de son bouclier. Les trois skills tree offrent comme d'habitude les mêmes archétypes, portés sur des évolutions de type dégât, défense, optimisation du skill principal, coop et support...
Mon héroïne espiègle s'est donc lancée dans une carrière de pro du bouclier, avec un arbre misant sur la défense et l'utilisation de son fameux bouclier. Les classes ont toutes leur particularité : Nisha l'experte en flingues, peut déclencher un genre d'"aimbot" dévastateur et, last but not least, la grosse brute du lot utilise des drones. L'équipe n'étonnera que grâce à Clap Trap qui, tout comme la classe "juif" dans South Park : Le Bâton de la Vérité, sera massivement choisie par les joueurs pour son originalité, à l'inverse des autres classes, jugées un peu trop communes. Avec cette belle équipe, Gearbox nous propose une aventure relativement sommaire sur la première moitié, avant de nous embarquer dans des niveaux plus ardus durant les 10 dernières heures, celles-ci étant littéralement blindées de bonnes quêtes, de références à gogo, et de chasse au loot en territoire dépaysant (ce qui nous change de la première partie sur Elpis).
Points forts
- Durée de vie non négligeable
- Quelques amélioration de gameplay bien pensées : oxygène et gravité
- La possibilité d'incarner Clap Trap
- La verticalité des affrontements et leur dynamisme
- Une formule toujours aussi efficace en coop
- Le système de craft à partir d'armes existantes
- Comprendre comment le Beau Jack est arrivé à ses fins
Points faibles
- Le prix au lancement, un peu trop élevé
- Pas de refonte majeure en termes de gameplay, d'ergonomie, et de réalisation
- Quelques soucis de level design et une verticalité troublante pour la lisibilité des quêtes et de la mini-map
Avec sa durée de vie honorable, boostée à gros coups de quêtes annexes plus ou moins intéressantes au début mais vite savoureuses par la suite, ce Pre-Sequel offre finalement une aventure similaire à celle d'un bon gros stand-alone comme on en attendrait plus souvent de la part de certains développeurs. Pas mal de petits plus permettent à ce nouvel épisode d'être apprécié à sa juste valeur, tant au niveau du gameplay qu'au niveau de l'aventure en elle-même et du contenu proposé. Cependant, votre sensibilité vis-à-vis de la série influencera beaucoup votre expérience. Ne vous attendez pas à une refonte complète comme aurait pu l'être celle proposée par un Borderlands 3, et persévérez si vous trouvez les premières heures trop classiques, car la seconde partie de l'aventure vaut clairement le détour. Vous aurez à coup sûr votre dose de hack'n slash shooter, avec des références à gogo, du contenu, et pas mal d'heures de jeu assurées. Est-ce suffisant pour autant ? Cela dépendra de vous !