Deux ans après son entrée en scène remarquée sur le XBLA, Dust : An Elysian Tail se décide finalement à rejoindre le catalogue des titres dématérialisés sur PS4. A lui seul, ce beat'em all très inspiré du grandiose Muramasa rassemble tout ce que l'on recherche dans un jeu vidéo : poésie, enchantement, frénésie, génie, sensations grisantes et plaisir grandissant. Et même si cette version ne propose rien de nouveau par rapport à l'originale, il serait dommage de passer à côté de cette petite merveille !
La genèse de Dust : An Elysian Tail relève du véritable conte de fées. Grand gagnant du Microsoft Dream.Build.Play Challenge de 2009 dont le premier prix était un contrat de diffusion sur le Xbox Live Arcade, Dust s'est retrouvé directement propulsé dans la cour des grands en ayant même le privilège de clôturer le Summer of Arcade 2012 ! Son auteur, Dean Dodrill, est très certainement un grand fan de Muramasa : The Demon Blade, tant son œuvre trahit la même volonté d'offrir un condensé d'action survoltée dans un univers féerique d'une beauté à couper le souffle. A différents points du jeu, toujours de subtile façon, le développeur rend hommage aux autres softs qui l'ont marqué, comme ces titres indépendants évoqués au travers des compagnons cachés qu'il faut libérer, quand ce n'est pas carrément un poulet incrusté dans un mur qui nous rappelle que Dust doit aussi beaucoup à Castlevania pour son level design labyrinthique blindé de passages secrets.
En quête de souvenirs
Suite à un prologue aussi bref qu'intriguant relatant le destin tragique d'un guerrier solitaire tombé sur le champ de bataille, le jeu nous emmène dans une petite clairière où s'éveille notre héros. Dust, puisque tel sera son nom tout au long de l'aventure, est frappé d'amnésie et ignore donc tout des raisons de sa présence en ces lieux. Seul, il aurait probablement erré indéfiniment à la recherche de ses origines, mais la voix qui le harcèle déjà ne semble pas hostile. Elle provient même d'une petite créature à fourrure nommée Fidget qui paraît désireuse d'aider Dust, tout comme cette mystérieuse Épée d'Ahrah qui s'adresse à lui comme quelqu'un qui en sait beaucoup plus long qu'il ne veut bien l'admettre. Guidé par les biches qui peuplent la forêt et entouré de ses deux nouveaux alliés, Dust parvient jusqu'à l'entrée d'un petit village qui sera le point de départ de sa quête sur les traces de son passé.
Hommage à Muramasa
Une fois remis du choc visuel que constitue la découverte de ce titre beau à pleurer, on devine que le design naïf des personnages anthropomorphiques qui habitent les contrées les moins hostiles d'Elysium n'est là que pour faire ressortir la noirceur de l'histoire qui va nous être contée. Servi par un doublage anglais fort réussi, le scénario progresse inexorablement vers une issue qui s'annonce incertaine, et c'est l'esprit envahi d'interrogations que l'on enchaîne les quêtes les unes après les autres, entre deux donjons. Qu'ils soient situés au sommet d'une montagne balayée par les vents ou confinés dans les entrailles de la terre, les environnements du jeu sont tous somptueux et chaque niveau s'étale sur plusieurs dizaines d'écrans propices aux affrontements les plus fougueux. A l'instar de Muramasa sur Wii, les combats sont d'une frénésie à couper le souffle, le héros virevoltant dans les airs au gré des combos, tailladant l'écran avec classe et détermination. Toutefois, à l'inverse du titre de Vanillaware, l'arme et les combos du héros n'évoluent pas vraiment au fil de la partie, le renouvellement du gameplay passant principalement par l'obtention de nouvelles aptitudes physiques. Griffes d'escalade, glissade et double-saut viendront ainsi tour à tour justifier un retour dans les stages déjà visités pour une fouille plus approfondie qui se soldera généralement par la découverte de clés ou de coffres contenant de précieuses ressources.
Combos et artisanat
La collecte des matériaux est d'ailleurs l'un des éléments les plus sympathiques de Dust puisqu'elle permet d'améliorer soi-même son équipement, moyennant un petit service rendu au forgeron du coin. Et pour éviter que la chose ne devienne fastidieuse, le jeu nous invite à revendre au moins un exemplaire de chaque matériau au marchand itinérant pour que celui-ci nous permette par la suite de les acheter directement chez lui plutôt que de nous obliger à faire la chasse aux loot en tuant des tonnes d'adversaires. Le potentiel offensif et défensif du héros évolue, lui, à chaque montée de niveau, suivant les domaines que vous choisissez de privilégier. A ce sujet, on peut regretter le manque de résistance des ennemis lorsqu'on choisit de booster régulièrement l'attaque, ce qui est heureusement contrebalancé par un challenge plus corsé dans les dernières zones du jeu. Si les enchaînements réalisables par Dust ne sont finalement pas très nombreux, leur intérêt réside dans le fait qu'ils sont propices aux combos à rallonge susceptibles de rapporter des bonus d'XP non négligeables. Alliés aux sortilèges de Fidget, ces combos peuvent même dépasser le millier de coups !
Que du bonheur !
Autant dire que l'envie d'aller toujours plus loin dans l'exécution des enchaînements relance constamment l'intérêt des combats. Indispensable contre les adversaires les plus imposants, la contre-attaque exige aussi une bonne maîtrise du timing, tout comme le maniement des grenades, ces fruits explosifs qu'il faut parfois guider à l'aide de la tornade à travers tout l'écran pour ouvrir de nouveaux passages. Combinée avec les pouvoirs de Fidget, la tornade a d'ailleurs le mérite de transformer les magies les plus simples en de véritables sortilèges destructeurs qui balayent tout l'écran. Le fait qu'il n'existe pas qu'une seule façon de se battre suffit à rendre le gameplay accrocheur durant toute la durée de l'aventure. Visuellement magnifique, prenant à souhait et extrêmement intéressant sur la durée, Dust peut aussi compter sur une bande-son impeccable puisqu'en plus d'un doublage du qualité, le jeu profite de musiques mélancoliques qui collent très bien avec la trame narrative. Mais le plus étonnant est de constater que le soft assure également en termes de durée de vie puisqu'il faut déjà une bonne dizaine d'heures au minimum pour le parcourir en ligne droite, et pas moins de quinze heures de jeu pour décrocher les 117%. On n'hésitera donc pas à vous le recommander chaudement si vous n'avez pas encore eu l'occasion de le découvrir sur 360 ou PC !
Points forts
- L'atmosphère à la fois féerique et brutale
- La réalisation magnifique et attachante
- Le gameplay frénétique inspiré de Muramasa
- La durée de vie d'une bonne dizaine d'heures
- La pléthore de clins d'oeil et d'éléments cachés
- La bande-son mélancolique et le doublage soigné
- Le prix attractif (gratuit pour les membres du PS+)
Points faibles
- Les combos qui n'évoluent pas au fil du jeu
- C'est tellement bon qu'on en voudrait plus
- Privilégier les niveaux de difficulté élevés pour un vrai challenge
- Rien de nouveau par rapport à la version originale
Dust : An Elysian Tail a visiblement décidé de prendre son temps pour séduire l'ensemble des joueurs, puisqu'il aura tout de même fallu patienter deux ans avant de pouvoir le découvrir sur une console de Sony. Si cette version est identique à l'originale sur 360, ce beat'em all reste tout simplement magique et nous entraîne là où seul l'indétrônable Muramasa avait su nous conduire. Irréprochable sur le plan artistique aussi bien que sur le plan technique, Dust se révèle aussi prenant à jouer que fascinant à explorer, sa durée de vie étant largement supérieure à la moyenne des titres du genre. Un petit chef-d'oeuvre qui mérite vraiment toute votre attention !