En 2010, les courageux développeurs de chez WaterMelon sortaient le RPG Pier Solar and the Great Architects sur cette valeureuse Megadrive. Mais il faut parfois savoir vivre avec son temps, raison pour laquelle le jeu ressort en version HD en dématérialisé sur d'autres plates-formes, presque 4 ans plus tard. Entrez donc dans ma DeLorean.
Vivre avec son temps, c'est beaucoup dire pour un jeu comme Pier Solar. Bâti avec l'intention de plonger les vieux de la vieille dans un profond coma nostalgique, ce titre reprend les codes des RPG de début 90 avec saveur. On retrouve par exemple des sprites qui sentent bon la 16 bits et des sonorités qui mélangent musicalité et coding. Le bonus, c'est que cette version HD vous permet de passer de la version originale à la version HD en pleine partie, ce qui est un excellent point. Problème, vous pouvez me traiter de « vieux con » si vous le voulez, mais les décors pixellisés à l'ancienne me semblent bien plus sexy que les nouveaux visuels HD, ces derniers donnant parfois l'impression d'être plaqués sur l'écran et dissonants. Sachez que l'on peut faire pareil avec les musiques, un choix qui dépendra grandement de votre capacité à écouter les sonorités de la Megadrive, dont la puce sonore n'est pas des plus efficaces mais qui véhicule son bon vieux style « oldies ». Bref, c'est à peu près tout ce qu'il y a d'intéressant au niveau de la forme, voyons maintenant le fond.
Vieux pot
L'histoire initiale voit le jeune Hoston désemparé devant son père à l'agonie. Le seule remède pouvant apaiser la douleur du paternel étant une plante rare cachée dans une dangereuse grotte, il n'écoute que son courage et part à l'aventure, non sans embarquer dans sa témérité Alina et Edessot, deux amis d'enfance. S'ils mettront rapidement les mains sur la plante en question, les trois adolescents partiront rapidement vers d'autres quêtes et découvriront de nouveaux compagnons de route. L'intention principale étant d'utiliser les vieux codes du J-RPG, on peut dire que WaterMelon a réussi son coup. Petits villages perdus, NPC caricaturaux, auberges et magasins d'équipement sont de la partie, le tout baignant dans un grand classicisme. Il en va de même pour le système de combat, au tour par tour à la Final Fantasy, qui ne propose que des commandes et bases (attaque, magie, défense, objets) alliées à un système de Ki. On peut perdre un tour pour se concentrer et faire monter une jauge pouvant grimper jusqu'au niveau 5, permettant de déclencher des attaques supplémentaires ou de frapper plus fort, tout simplement. Le seul vrai point original vient de la possibilité de transférer la jauge de Ki d'un personnage à l'autre en combat, ce qui peut amener une certaine dose de stratégie.
Vieille soupe
Malheureusement, sitôt l'effet « oh-c'est-beau-c'est-16-bits !! » passé, on déchante rapidement sur des aspects de game design très agaçants. Pour rester sur les combats, les animations d'attaques des personnages et des monstres sont tellement longues qu'on a rapidement envie de se cogner la tête contre les murs. Si les ennemis sont nombreux, chaque combat peut durer jusqu'à deux bonnes minutes, ce qui peut s'avérer pénible, surtout dans un titre aux rencontres aléatoires. Il aurait été bon de pouvoir zapper lesdites animations, ou au moins de pouvoir les raccourcir. Pour rester sur les écueils, les zones dans lesquelles on circule sont affreusement mal pensées : on bute toutes les dix secondes contre un élément du décor et on ne sait jamais vraiment par où on doit passer. En fait, que l'on soit au milieu d'une terrifiante forêt ou à l'entrée d'un simple village, on a toujours l'impression d'être dans un fichu labyrinthe. Cela reste dérangeant dans un titre où on passe pas mal de temps à explorer. Ces deux gros défauts risquent de mettre votre courage à rude épreuve. Pourtant, il serait bête de craquer trop tôt car tout n'est pas à jeter.
Fait avec amour
Car si la trame de base semble bête comme la pluie et que le scénario ne vous fera pas tomber dans les pommes de surprise, la mise en scène générale et les dialogues restent assez intéressants et drôles pour valoir le coup. L'humour utilisé et les connexions entre les protagonistes sont assez contemporains et on n'a pas l'impression de diriger des persos inutilement dépressifs, comme c'est souvent le cas dans le genre. De plus, Pier Solar fait l'effort d'offrir de nombreuses quêtes annexes qui sont autant de petites histoires à suivre afin de tenir le joueur en haleine tout en gonflant la durée de vie qui s'élèvera sans doute à une quarantaine d'heures pour les plus forcenés, d'autant qu'il est aussi possible de jouer à des mini-jeux déblocables jusqu'à quatre joueurs. Bref, il n'y a pas de doutes, les développeurs de chez WaterMelon ont fait ce jeu avec amour, ce qui n'est pas étonnant pour un titre initialement sorti sur une console qui n'était plus vraiment l'eldorado du best-seller depuis un bon nombre d'années. Malheureusement, l'amour ne suffit pas toujours et le classicisme général du titre et surtout du système de combat aura tôt fait de faire fuir une partie des gamers.
Les visuels sont des screenshots développeurs.
Points forts
- De la bonne 16 bits
- Un humour efficace et naturel
- De nombreuses quêtes annexes
- Des mini-jeux déblocables
- Passer d'un mode visuel à l'autre en un instant
- Entre 30 et 40 heures de jeu, au maximum
Points faibles
- Un gameplay bien trop classique
- Les animations beaucoup trop longues en combat
- Des maps affreusement mal fichues
- La version HD n'est pas vraiment réussie
- Un scénario basique
- Les menus, mal pensés
Pier Solar and the Great Architects HD s'équipe d'une arme redoutable : la nostalgie. Avec cet engin, c'est fou ce que l'on peut attirer comme trentenaires / quarantenaires en soif de vieux pixels et d'oeuvres qui rappellent l'enfance, les Soul Blazer, les FF et les Soleil. En cela, le titre de WaterMelon réussit son office. Toutefois, son système de combat trop classique et frustrant et son level design pénible sont autant de freins au plaisir qu'il faudra prendre en compte. Pour son prix, Pier Solar reste une expérience honorable.