Environ deux ans et demi après Forza Horizon, voilà que le jeu créé par Playground Games, en association avec le studio Turn 10 (Forza Motorsport) revient. Avec Forza Horizon 2, le mot d'ordre des développeurs est très simple : pilotez de belles automobiles, voyagez, découvrez, et surtout, prenez du plaisir. Et pour le coup, les bougres ont plutôt bien réussi leur coup.
Le premier Forza Horizon, sorti en octobre 2012, était hélas un peu resté dans l'ombre de son prestigieux grand frère qui, sur les consoles de Microsoft, avait pour rôle de rivaliser avec les Gran Turismo des diverses PlayStation de Sony. Horizon prenait pourtant une autre direction, en adoptant une conduite et des sensations plus arcades, une ambiance plus « djeunes », et surtout un monde ouvert inspiré des paysages du Colorado, aux Etats-Unis. Montagnes, désert, petits villages d'altitude, forêts automnales, et des dizaines et des dizaines de véhicules pour les traverser à toute vitesse : le jeu était en fin de compte très réussi, et il a su se trouver un public. Forza Horizon 2, annoncé quelques jours avant l'E3 2014, a donc pour but de faire mieux, avec toujours cette volonté des développeurs de proposer plus de liberté aux joueurs, pour plus d'amusement. Cette fois-ci, direction le sud-est de la France, et le nord de l'Italie ! Il y a comme un air de vacances là-dedans...
Beau, pas beau ? Une question pas évidente
Avant d'attaquer les choses sérieuses, il est nécessaire de traiter en premier lieu l'aspect visuel du jeu, pour répondre à la question qui vous brûle actuellement les lèvres : Forza Horizon 2 est-il beau ? Comme le sous-titre le laisse entendre, il est assez difficile de répondre à cette question. Forza Horizon 2 étant un jeu en monde ouvert, avec une surface praticable très importante, les développeurs ont manifestement été quelque peu limités. Pour dire vrai, le jeu n'éblouit jamais vraiment, et peut se montrer assez terne, voire même sans âme par moments. Dans un même temps, il offre une distance d'affichage très appréciable, des véhicules somptueusement modélisés, et des paysages parfois franchement séduisants. Le plus agréable étant sans doute les effets de lumière, puisque grâce au cycle jour / nuit et à la météo dynamique, vous pouvez bénéficier d'un panel d'éclairages qui feront rayonner (ou pas) votre carrosserie et donneront aux décors des allures souvent assez différentes. La campagne toscane n'a pas la même allure une après-midi d'orage, au lever du soleil ou lors d'une chaude après-midi ! Et c'est vraiment appréciable puisque cela ne rajoute que plus d'intérêt à nos balades, on prend un véritable plaisir à rouler à droite et à gauche, plus que dans le premier jeu pour ma part.
Certains trouveront peut-être les villes et les routes un peu vides, sans piétons ni même beaucoup de circulation. A cette heure je me demande encore si cela est un réel problème dans Horizon 2, dont le but avoué est de faire ressentir aux joueurs le plaisir simple d'une virée en voiture de luxe. En revanche ce qui me dérange un peu plus, ce sont les vinyles et stickers que vous pouvez appliquer à votre voiture et qui ont une fâcheuse tendance à apparaître de manière très grossière, selon la position de la caméra. Un problème qui sera probablement réglé rapidement grâce à une petite mise à jour, tout du moins j'ose l'espérer.
La liberté comme étendard
La volonté de Playground Games, comme je le disais plus haut, est de procurer aux joueurs une sensation de liberté maximale. Malgré son monde ouvert de taille assez conséquente, le premier Horizon cantonnait le joueur aux routes et chemins qui zébraient la carte. C'est la première chose qui change avec Horizon 2, puisque désormais le joueur est libre d'aller absolument partout. La carte du jeu n'est pas forcément plus grande, mais dans la mesure où le joueur est libre de rouler où bon lui semble (ou presque), ça n'est pas vraiment un problème. Il y a même quelque chose d'assez jouissif dans le fait de dévaler des pans de collines à plus de 180 km/h, traversant et dévastant des champs de vigne ou de blé. Pour rejoindre une épreuve, il n'est plus nécessaire de respecter bêtement le GPS, puisque l'on peut couper en passant à travers champs et forêts, sans que cela ne soit trop un problème.
Toujours dans l'idée de ne pas imposer de contraintes aux joueurs, les développeurs ont revu le système de course. Dans le premier Horizon, vous deviez courir dans différentes courses pour obtenir un bracelet, et passer au bracelet supérieur. C'était l'occasion, à chaque changement, de travailler sur sa voiture, pour la rendre plus puissante et de se mettre au niveau de ses futurs adversaires. En outre, plusieurs courses vous imposaient l'utilisation de tel ou tel véhicule, que vous étiez souvent obligé d'acheter. Ce qui pouvait être agaçant, puisque l'on n'était pas maître de ses dépenses, finalement. Playground Games s'en est sans doute rendu compte, et a corrigé le tir avec ce nouvel opus. Maintenant, c'est votre voiture qui détermine les courses auxquelles vous pouvez participer, et c'est tant mieux ! Votre partie solo est en fait constituée de plusieurs road-trips : vous allez de spot en spot (Nice, Sisteron Castelleto, Montellino, Saint-Martin, San Giovanni) et, une fois arrivé à l'un de ces endroits, vous choisissez un championnat. Vous pouvez choisir celui qui correspond à votre voiture, mais aussi un autre, auquel cas vous devrez vous payer un nouveau bolide. Pour accéder à la grande Finale Horizon, vous aurez donc à remporter une quinzaine de championnats. C'est donc assez long, d'autant plus qu'il y aura autour de vous de nombreuses autres épreuves et défis qui devraient bien vous occuper ! Cette façon de procéder est très intelligente puisque même si l'on doit de toute manière suivre un certain axe de progression, on n'a jamais vraiment l'impression d'être forcé à quoi que ce soit.
Une conduite qui devrait mettre beaucoup de monde d'accord
Forza Horizon, premier du nom, était certes un jeu de course arcade, mais il proposait des sensations de conduite très agréables, tirant presque, par moments, sur la simulation. C'était léger mais suffisant pour demander au joueur un minimum de finesse dans sa conduite. Impossible de prendre un virage à 90° à plus de 200 km/h comme dans un Need for Speed, par exemple. D'autant plus qu'on pouvait régler la difficulté du pilotage, et se passer de certaines aides. Freinage, trajectoire, direction, contrôle de traction, de stabilité... En se passant de ces aides, on obtenait une conduite toujours assez arcade, mais se montrant exigeante notamment au niveau des freinages ou de la direction. C'est la même chose dans Horizon 2. En fait, de base, la conduite est peut-être plus accessible encore que dans le premier jeu, mais une fois les aides désactivées, elle demande précision et maîtrise, donnant jour à une nouvelle conduite franchement agréable, nerveuse et pleine de sensations. En définitive, le pilotage est extrêmement agréable, et pourrait même convaincre les adeptes de simulations ultra-réalistes qui savent où ils mettent les pieds, et sauront mettre de côté leurs exigences habituelles.
Ce qui étonne avec Horizon 2, c'est que de prime abord, il paraît plus arcade que son aîné, en permettant de conduire facilement sur terre, dans des champs ou à travers des forêts, alors que dans le même temps il offre des possibilités de réglage dont ne disposait pas le premier opus. Certaines pièces, comme les ailerons arrière, sont réglables ; on peut modifier la pression des pneus, régler la transmission... Un ajout sympathique que certains joueurs accueilleront avec plaisir. En revanche, il est très probable que d'autres râlent parce qu'il est possible d'arracher sans incident notable des feux tricolores, des arbustes, des barrières et autres poteaux métalliques, rendant le tout peu crédible. Mais il faut de fait rappeler que ce n'est de toute manière pas le but de ce jeu, même s'il est d'ailleurs possible d'activer les dégâts, qui cette fois-ci n'auront pas qu'un intérêt esthétique : attention à vos pneus et à votre moteur ! C'est assez léger mais ça a le mérite d'exister.
Les stars du jeu : Les voitures
La star du jeu, ce ne sont pas les grands pilotes, mais leurs véhicules. On sent dans ce titre un amour profond pour les belles bagnoles, des plus anciennes aux plus récentes. Et elles sont nombreuses dans le jeu, puisque de base il y en a 200, puis 210 si vous téléchargez un pack gratuit proposé au lancement d'Horizon 2. Et il y a de tout : de la vieille pony car, de l'allemande, des italiennes flamboyantes, des japonaises ultra-musclées... impossible de ne pas trouver son compte au marché auto. Les véhicules sont tous extrêmement bien modélisés, à l'extérieur comme à l'intérieur. Le jeu embarque différentes caméras, dont une véritable caméra intérieure, très appréciable en course, notamment grâce à ses rétroviseurs fonctionnels.
Et comme dans le premier Horizon, toutes les voitures sont personnalisables : peintures, stickers, vinyles, jantes, bas de caisse, ailerons... En fonction des voitures, certaines options ne sont pas disponibles, mais c'est normal. Qui voudrait changer le bouclier-avant d'une Ferrari Enzo, honnêtement ? Pour ce qui est des peintures et des autocollants, l'outil de personnalisation est toujours aussi souple et complet, et permet de créer des looks très sympas. Certaines nouveautés, notamment au niveau des peintures, sont les bienvenues, comme les finitions bois, aluminium, acier brossé, fibre de carbone... Moi qui suis fan de personnalisation, j'ai trouvé mon bonheur !
De quoi s'occuper
Une fois sur la map d'Horizon 2, vous vous rendrez assez vite compte de l'une des forces du jeu : il y a plein de choses à faire ! D'abord parce que les championnats sont nombreux, mais également parce que Playground Games a rajouté de nouveaux défis à ceux qui existaient déjà. Bien entendu, il y aura les panneaux à détruire, les records de vitesse au niveau des radars, les granges à trouver, et les événements spéciaux genre « course contre un avion », comme lorsque vous étiez dans le Colorado, mais pas que. De nouveaux défis font leur apparition, sobrement appelés « Défis Collector ». Ils vous mettent au volant de voitures généralement haut de gamme (Ferrari LaFerri, McLaren P1, Corvette C7 SR...) à bord desquelles vous devrez battre un chrono, accomplir un certain nombre de drifts, ou de sauts... Ils sont un bon moyen de gagner crédits et XP, puisque le jeu vous permet de monter de niveau ; cela indique aux autres joueurs votre habilité, mais aussi permet de gagner des bonus grâce aux « Points Avantages », qui se débloquent via un simili arbre de compétences. Bien entendu, il sera possible de défier en un contre un tous les pilotes que vous croiserez ; ici, point d'IA, mais des Drivatars, repris de Forza Motorsport 5. Vous jouez donc indirectement contre les autres joueurs, ce qui me permet d'ailleurs de faire la transition vers un autre sujet d'importance : le online.
Un mode online aussi complet que fun
C'était là l'une des faiblesses du premier Horizon : le online était entièrement coupé de votre progression solo et proposait assez peu de modes de jeu. Il était efficace, mais quelque peu spartiate. Playground Games a fait des efforts, et à l'heure du tout-social, et au moment où des jeux comme DRIVECLUB et The Crew vont proposer de nombreuses interactions in-game entre joueurs, Forza Horizon 2 devait sauter le pas. Et il l'a plutôt bien fait. Ici, le online est intégré à votre partie solo, et sur votre carte, vous trouverez deux types de marqueurs bleus : les "Concentrations" et les "road-trips en ligne". Les premiers sont des parkings un peu particuliers, dans lesquels les joueurs peuvent se réunir ; dès lors qu'ils sont garés, ils sont connectés aux autres joueurs et peuvent se défier, récupérer les looks de véhicules créés par les joueurs. Chaque Concentration a sa particularité, puisque les épreuves proposées dépendent du lieu où vous vous trouverez. La Concentration de Sain-Martin se trouvant à côté d'un petit aéroport, vous aurez là des courses de drag utilisant les pistes de décollage. D'autres mettront en scène des courses cross complètement déjantées, d'autres des courses de rue... Très sympa.
Le gros morceau reste sans doute les road-trips en Ligne, qui devraient bien vous occuper. Ils reprennent le modèle de vos road-trips solo : vous allez de spot en spot, et en fonction des endroits choisis, vous aurez différents types d'épreuves à accomplir. Plus vous gagnerez, et plus vous gagnerez d'argent et d'XP. C'est l'occasion de défier de nombreux joueurs, qui pourront d'ailleurs rejoindre et quitter le road-trip à n'importe quel moment. On apprécie le fait de pouvoir voter, à chaque fin de championnat, pour la prochaine destination, mais également les nouvelles épreuves apportées par ce mode online. Si les courses par équipe sont maintenant assez classiques, on trouve un mode Roi et un mode Infectés particulièrement amusants et qui prouvent à quel point le jeu recherche avant tout le fun, quitte à créer des situations complètement dingues. Ces road-trips fonctionnent à la perfection, et vu l'XP et l'argent que cela rapporte, nul doute que de très nombreux joueurs y passeront tout leur temps. Comme on y accède facilement, et que les quitter est aussi aisé, ils ne sont jamais contraignants. Bref, une jolie réussite.
De l'importance de la musique
Impossible de terminer ce test sans aborder cet aspect du jeu. Si en termes de sons, les développeurs ont fait un travail fantastique, notamment sur les bruits des moteurs, il y a un détail en particulier que j'ai adoré et qui a tout changé pour moi. Comme dans le premier Horizon, vous disposez au début du jeu de trois stations de radio, et ce nombre va vite augmenter au fur et à mesure de votre progression. A l'heure où j'écris ces lignes, j'en ai débloquées sept. On retrouve Horizon Pule, Bass Arena et Horizon XS (qui remplace la radio rock du premier opus), mais arrivent ensuite des radios de drum'n'bass, d'électro... Mais ma préférée, celle qui a tout changé, c'est Radio Levante, une radio toscane diffusant de la musique classique. On retrouve tous les grands noms : Mozart, Schubert, Vivaldi, Bizet, Wagner... c'est un bonheur pour les oreilles. Mais surtout, cette radio emmène Horizon 2 dans une autre dimension. C'est une sensation de plénitude assez indescriptible. Essayez de vous imaginer roulant sur une petite route de campagne italienne, le ciel étoilé au-dessus de votre tête... vous pilotez une Ferrari Challende Stradale, son moteur ronronne à chaque changement de vitesse, vous franchissez rapidement mais avec souplesse les virages de cette petite route, pendant que vous écoutez ceci. J'avais rarement autant apprécié un jeu de course qu'à ce moment-là. Dans un autre genre, vous pouvez parfaitement vous imaginer dévaler les pentes d'un vignoble, dévastant tout ce qui ressemble à du raisin autour de vous, au volant d'une Mustang GT, avec la Chevauchée des Valkyries dans les oreilles. C'est... magistral ! C'est peut-être là quelque chose de tout à fait personnel, mais la musique diffusée par cette radio apporte un vrai plus au jeu, lui donnant une saveur toute particulière.
Points forts
- 210 véhicules
- Un choix aussi large que varié : américaines, allemandes, italiennes, japonaises...
- Les radios, et surtout Radio Levante
- Une carte de taille correcte, mais sans limites ou barrières
- De nombreuses épreuves
- Un véritable sentiment de liberté
- La customisation de véhicules, aussi complète qu'efficace
- Les courses Cross Country !
- Les road-trips online
- La météo dynamique, alliée au cycle jour / nuit, apporte un véritable plus esthétique
- De jolis effets de lumière, notamment sur les carrosseries
- La modélisation des nombreux véhicules, très réussie
- Une vraie vue intérieure
- Des paysages très appréciables et variés
Points faibles
- Visuellement en peu en dessous de ce que l'on espérait ?
- Des villes un peu vides ?
- Pas assez de circulation ?
- Un peu d'aliasing et de clipping
Les plaisirs les plus simples sont souvent les meilleurs... Voilà une phrase qui résume parfaitement ce qu'est et ce que propose Forza Horizon 2. Sans faire dans le simpliste ni dans le limité, puisqu'il propose énormément de véhicules et beaucoup de défis, en local comme en online, le titre tape pile là où Playground Games avait visé. C'est un jeu de course sans prise de tête et entièrement basé sur le plaisir de se balader dans des voitures que l'on ne possédera sans doute jamais, le tout dans des environnements splendides, fleurant bon les vacances au soleil. Le jeu n'est pas parfait graphiquement mais c'est bien la seule chose que j'arrive à lui reprocher ; pour le reste, c'est carton plein. On vous le répète souvent dans le jeu, et c'est la volonté des développeurs : prenez votre pied ! Et à partir du moment où l'on aime conduire et que l'on aime un minimum l'automobile, impossible de ne pas apprécier ce qui nous est proposé.