Après pareille introduction, il est aisé d'imaginer bon nombre d'entre vous, chers lecteurs, l'écume aux lèvres ou l'estomac plus noué que jamais. Rassurez-vous mes bons, ce nouveau cru de la série au nom interminable est un jeu qui ne fera pas honte à ses illustres prédécesseurs. Son contenu est énorme, la prise en main est toujours aussi plaisante, mais c'est dans les quelques nouveautés apportées au soft que le bât blesse, curieusement. Petit accident de parcours qui sera pardonné par certains, et sera probablement mal reçu par d'autres. Trêve de tergiversations, et critiquons !

Le plein de personnages

Commençons, si vous le voulez bien, par les points forts du jeu, et surtout celui qui, à titre personnel, m'a fait le plus d'effet : le casting. Celui-ci est tout simplement gigantesque, puisque Naruto Shippuden : Ultimate Ninja Storm Revolution (ce titre...) vous permet de contrôler grosso modo une centaine de combattants. Dantesque ! Impossible de ne pas trouver son personnage fétiche et de déchaîner ensuite ses jutsus sur le type qu'on ne peut pas sentir. Eh oui, le délit de faciès, ça existe même dans le monde des ninjas. Alors il faut néanmoins relativiser quelque peu la chose et rappeler que sur la centaine de ninjas disponibles, il y a souvent le même personnage en différents modèles, si je puis dire. On a par exemple quatre Sasuke Uchiwa, trois Kabuto... Forcément, cela fait gonfler assez facilement le compteur, mais, comme sur un Dragon Ball Z Tenkaichi, tous les personnages, quelle que soit leur version, disposent d'un moveset différent, qui correspond à un moment donné de la série. Classe.

Un jeu fait pour les fans

Comme les épisodes précédents, ce nouveau Ultimate Ninja est une ode à l'oeuvre de Masashi Kishimoto, le créateur de la série. En dehors du nombre pharaonique de personnages, et d'arènes disponibles (toutes directement tirées de l'animé, bien sûr), on apprécie l'ajout de personnages créés par le mangaka expressément pour le jeu, ou l'implication des studios Pierrot qui ont créé trois animés exclusifs, pour un mode de jeu dont on parlera un peu plus tard. Pour continuer sur l'implication de Kishimoto, sachez qu'il existe dans le jeu un Mecha-Naruto, et qu'il est possible de voir la technique Susano'o de Shisui Uchiwa ; certains personnages ont même un costume spécial, dessiné par le maître. Un tel investissement fera probablement plaisir aux fans.

Les combats : Du bien... et du moins bien

Pas évident, lorsque l'on est un amateur de jeux de baston, d'évaluer le système de combat de jeu comme les Naruto Shippuden : Ultimate Ninja Storm. A l'image d'un DBZ Tenkaichi, que je n'ai pu me sortir de la tête en testant la bête, les combats misent non pas sur la technique et le skill, mais plutôt sur la retranscription du dynamisme des combats de la série. Oui, pas besoin d'être un malade du combo pour gagner ses combats, en revanche, il va falloir réussir à prendre en main votre personnage qui est capable d'accomplir de très nombreux mouvements. Recharger son chakra, taper, lancer des shurikens, choper, contrer, permuter, dasher... On peut faire plein de choses, et honnêtement, c'est assez grisant. Les jutsus explosent dans tous les sens, c'est très agréable à regarder et à jouer (sauf pour le système de lock, toujours aussi peu précis) : on a presque l'impression de regarder un épisode de Naruto. Classe, vraiment.

Là où ça cloche un peu, en revanche, c'est qu'à mon goût en tout cas, les combos (qui se limitent à tapoter la touche dédiée, en variant un peu la direction avec le stick gauche) sont trop peu nombreux, comme les jutsus d'ailleurs, et on a vite l'impression de faire toujours la même chose. C'est d'autant plus vrai que CyberConnect2 a eu la mauvaise idée d'imposer le choix d'un « mode de combat » (Technique Ultime, Eveil, ou Soutien Auto) ; si le dernier est peu utile, les deux autres en revanche permettent d'accéder à une nouvelle super-attaque (Technique Ultime), et l'autre à l'Eveil, qui permet chez certains personnages des transformations impressionnantes. Il aurait été plus intelligent de laisser les joueurs accéder à ces deux éléments de gameplay sans qu'ils aient à choisir, afin que les affrontements soient plus fun, plus proches de l’œuvre originale, et surtout moins répétitifs.

La disparition d'un vrai mode Scénario

Si la série Naruto Shippuden : UNS était si appréciée jusqu'à présent, que ce soit par les joueurs ou par la presse, c'était aussi grâce à son mode Story, toujours bien pensé et rendant de fait de superbes hommages à la série. De fait, on comprend assez mal pourquoi les développeurs ont choisi de se passer d'un tel mode. En guise de remplaçant, un Tournoi mondial des ninjas, dans lequel tous les personnages de la série s'affronteront, afin de déterminer qui est le plus costaud. Le joueur doit choisir un personnage parmi ceux qu'il a débloqués, puis est lâché sur une petite île, lieu du tournoi. Dans ce pseudo monde ouvert, le joueur devra certes se battre mais aussi terminer diverses missions annexes pour se garantir l'amitié d'autres ninjas qui pourront ensuite le rejoindre pour des combats en équipe. D'abord, c'est franchement ennuyant (« va voir Machin, donne-lui ça, reviens me voir », « bats-moi et je serai ton meilleur ami », etc.), et ensuite, cela donne lieu à nombre de situations ubuesques, dans lesquelles vous pouvez tranquillement tailler la bavette avec Madara Uchiwa, alors que vous incarnez le 4ème Hokage, que personne ne semble reconnaître d'ailleurs. Et ce n'est qu'un exemple.

On enchaîne donc rapidement les missions annexes, histoire de débloquer de nouveaux équipiers, tout en terminant les combats qui nous permettent de débloquer de nouvelles zones de l’île. Le terrain de jeu s'agrandit, on débloque rapidement plein de nouveaux personnages, c'est chouette, mais... qu'est-ce qu'on s'ennuie ! D'autant plus qu'au sein du tournoi, pour battre vos adversaires, vous devez leur piquer des orbes qu'ils font tomber lorsque vous leur tapez dessus. Et on a la plupart du temps à subir des combats à 3 contre 1, celui qui a le plus d'orbes (vous, en toute logique) contre les autres. Les combats sont parfois complètement illisibles, voire même bordéliques, pardonnez-moi l'utilisation du terme. D'autant plus que différents petits événements se déclenchent en combat, comme l'apparition d'un rail qui permettra à celui qui ira le grinder de lancer une attaque dévastatrice ; ou des personnages contrôlés par l'IA qui débarqueront en plein milieu de l'arène pour vous embêter. Comme si gérer les trois autres zigotos n'était pas suffisant...

Globalement, ce tournoi laisse en bouche un goût assez amer et fait vraiment mode de jeu du pauvre. Les mots sont durs, mais entre les dialogues uniquement en textes, les traductions parfois un peu approximatives, et les "quêtes" hyper assistées franchement vieillottes, il est difficile de prendre au sérieux ce tournoi des ninjas.

De nombreux modes de jeu

Si le Tournoi mondial en question est assez décevant, Revolution possède néanmoins suffisamment de modes de jeu différents pour vous occuper sainement. Tout le répertoire y passe, entre versus local, online, tournois par élimination, survie... Impossible de s'ennuyer, honnêtement. Le jeu embarque en sus un mode Personnalisation, qui vous permettra d'apporter quelques modifications d'ordre esthétique à vos combattants favoris, et surtout un tout nouveau mode appelé "Escapades Ninjas". J'en parlais plus haut, plusieurs épisodes exclusifs ont été créés pour le jeu, et c'est ici qu'ils se trouvent. Les fans apprécieront d'autant plus que chaque animé est entrecoupé de phases de combat dont il faudra triompher si vous souhaitez découvrir la suite de l'épisode. Pour les fans, c'est donc le mode de jeu ultime, ou presque ! Seulement voilà, il n'y a que 3 épisodes, et le dernier ne comporte aucun moment jouable. On boucle donc le tout assez rapidement (quelques heures suffisent), et finalement on se rend compte que ces animés ne nous ont pas appris grand-chose de plus sur l'univers de Naruto. J'en attendais peut-être trop, mais après le décevant Tournoi Mondial, j'espérais franchement que ces petites escapades animées m'apporteraient ma dose de combats épiques et de mise en scène grandiloquente. Manifestement, ça ne sera pas pour cette fois.