Il est temps de dire au revoir (provisoirement?) à Clémentine alors que la seconde saison de The Walking Dead s'achève en crevant quelques cœurs au passage et en ouvrant la voie à une troisième saison déjà annoncée.
Comme d'habitude, avant de commencer on chasse d'emblée tous ceux d'entre vous qui n'ont pas encore terminé le quatrième épisode de la série. Allez, allez, pfiou, du balai. Maintenant que nous sommes entre nous, je peux déjà vous dire que je resterai le plus vague possible en ce qui concerne le scénario, tout juste me contenterai-je de signaler que No Going Back reprend l'action dans la seconde qui suit le cliffhanger de l'épisode 4. Comme cela est pratiquement toujours le cas dans Walking Dead, ce final s'attarde essentiellement sur la question des rapports humains, l'action ou les conversations n'étant que des filtres chargés de faire apparaître la nature des membres du groupe. On ne va pas se mentir, il n'y aura pas de happy end ici, mais qui pouvait s'attendre à ce qu'une histoire de survie dans un monde en pleine pourriture se termine sur une fleur en bouton ?
Garder la foi... ou pas
Une fois de plus, vous serez confronté à la mort, aux disputes et à quelques choix qui vous feront vibrer les tripes, à la trahison, au doute. Telltale est passé maître dans l'art de brouiller les pistes et d'explorer les recoins sombres de ses personnages, en jouant sur le rythme de sa narration qui vous colle tantôt dans une situation de stress ou de désarroi pour mieux proposer ensuite un de ces moments d'intimité où l'on semble retrouver ses repères, pour mieux les perdre à la prochaine crise durant laquelle on ne saura plus vraiment à qui accorder sa confiance... au point de se demander si pour sa propre santé mentale Clémentine ne ferait pas mieux de se tirer vite fait pour adopter le mode de vie solitaire de sa nouvelle figure fraternelle, Jane. Vous serez déçu par certains, rassuré par d'autres. C'est la thématique de cette saison depuis un moment déjà : l'implosion du groupe. On la voyait venir, ne restait qu'à savoir quelle forme elle prendrait. Pour faire court et sans en dire trop : c'est moche.
Ils ne vécurent pas heureux...
Mais le vrai sujet de cette seconde saison, c'est bien évidemment l'évolution de Clémentine. Cette fillette qu'il nous a fallu protéger à tout prix dans la première saison, maintenant presque adolescente et perdue entre des bouffeurs de chair humaine et des adultes qui se déchirent à mort. Ce dernier épisode est l'heure du bilan, ce que vous aurez fait de votre Clémentine est là sous vos yeux et deux décisions capitales viendront sceller son destin et sa personnalité. Le moment parfait pour revenir en arrière d'une saison et se demander ce que penserait Lee de la jeune fille qui lui fait face. Telltale a définitivement un talent fou pour dépeindre des rapports humains en décrépitude et l'évolution de personnages. L'autre talent et mérite du studio étant de ne pas avoir cédé à la tentation de la fin heureuse. On l'a dit, deux moments clefs définiront la tournure des événements, ouvrant la voie à plusieurs fins. Aucune ne semble vraiment humainement bonne ou satisfaisante, tout juste peut-on argumenter sur ce que l'on perçoit comme le "moins pire" ou le plus pragmatique si on décide d'adopter le cynisme absolu d'un survivant prêt à tout. Et il ne fait guère de doute que nombreux sont les joueurs qui échangeront leurs avis sur les options possibles. C'est une orientation parfaite quand on travaille sur un univers comme celui de Walking Dead.
Le temps du renouveau
No Going Back a toutefois hérité d'une accumulation de petits défauts qui se sont amoncelés au fil de la saison. Notamment l'un des travers de Telltale : le recours à des mécanismes narratifs qui finissent par devenir un peu trop usuels, comme ce fameux triptyque "moment de vie / crise / débrief avec retour au calme ou déchirure". Un rythme qui vise la plupart du temps à susciter un flot d'émotions chez le joueur mais qui finit par devenir un peu trop artificiel, voire prévisible, au point d'en perdre en efficacité. De même, le studio a persisté à faire peser tout le poids d'un groupe d'adultes sur une gamine de 11 ans. Si en avoir fait son héroïne est une excellente idée tant il est fascinant de décider du sort d'une enfant dans une telle situation, on est toujours un peu surpris de constater que c'est souvent elle qui a le dernier mot sur des décisions importantes face à des adultes limite complètement demeurés. Enfin, et on vous laissera débattre de ce dernier point qui peut s’avérer très personnel : aussi bon soit-il, le final de cette saison peut sembler moins bouleversant que celui de la première saison. Peut-être parce qu'on a perdu l'effet de surprise d'alors, à moins que Telltale n'ait donné trop de signes laissant entrevoir la tournure d'une partie des événements. Quoi qu'il en soit, vous ne sortirez pas indemne de No Going Back.
Points forts
- Plusieurs fins, aucune vraiment "bonne"
- L'occasion de prendre du recul sur l'évolution de Clémentine
- Le groupe
- Des choix qui piquent
Points faibles
- L'importance de Clémentine (11 ans) en tant que leader
- Des éléments trop prévisibles
- Quelques ficelles narratives qui s'usent
- Moins touchant que le final de la Saison 1
Telltale conclut comme on pouvait s'y attendre cette seconde saison de The Walking Dead : dans l'amertume et l'espoir d'un espoir. Avec une écriture hautement maîtrisée, malgré des éléments prévisibles ou des ficelles qui se répètent un peu, No Going Back instille le doute chez le joueur. Le doute vis-à-vis du groupe, de Clémentine, de la confiance, de la survie et, ce qui est probablement la véritable qualité de cet épisode, quelle que soit la fin vers laquelle vous vous orienterez, sur la situation dans laquelle vous laisserez... la p'tite.