Dans la jungle des jeux indépendants sur Steam peuvent parfois se terrer des petites perles, des titres profonds et originaux qui permettent de soutenir le genre encore et encore. Only if en fait incontestablement partie. Se déroulant à la première personne, on pourrait le considérer comme un savant mélange entre Dear Esther et Antichamber tant il repose sur un concept de balade sans trop d'interactions et tant il réserve des surprises au niveau de la mise en scène. Soyez-en sûr, votre curiosité sera ici piquée au vif, vous incitant à pousser l'aventure jusqu'au bout. Alors pourquoi ne pas tenter le voyage ?
Vous incarnez Anthony Clyde qui, après une lourde soirée de beuverie, se réveille dans un lit qui n'est pas le sien sans aucun souvenir de la veille. Comment en êtes-vous arrivé là ? Que s'est-il passé pendant cette nuit agitée ? Dans les premiers instants, ces questions restent bien nébuleuses. Néanmoins, vous êtes rapidement amené à quitter la pièce où vous vous trouvez, quand soudain...
Un véritable plaisir pour les sens
En effet, c'est bien souvent sur cet aspect que repose toute l'ambiance des jeux du genre. A défaut de ne pas proposer de multiples interactions avec le décor ou un moteur graphique imparable, c'est dans vos oreilles que va se passer une bonne partie de l'expérience. Ainsi, votre épopée auditive passera par des moments sombres aux notes dissonantes mais aussi via des instants oniriques de contemplation mixés avec un sentiment d'inquiétude. De temps à autre également, il n'y aura que le bruit des interactions avec le décor et de vos pas qui rythmeront votre passage. L'ensemble arrive parfaitement à caractériser le moment présent et le sublime dans sa globalité. En parallèle, même si la technique n'a rien d'extraordinaire, elle parvient sans mal à créer le monde dans lequel vous êtes plongé. Et elle le fait avec crédibilité. Différentes atmosphères en symbiose totale avec la bande-son aident à matérialiser des scènes marquantes et porteuses de sens d'une manière explicite ou non. C'est au joueur que revient la lourde tâche d'identifier ce qui peut être une métaphore visuelle ou pas.
Un scénario et une mise en scène à la hauteur
Car oui, que serait un jeu à la première personne limité en interactions sans ces éléments ? Eh bien pas grand-chose ! Fort heureusement, dans Only if, on ressent très rapidement un fort accent mis sur le scénario grâce à de très bons doublages (uniquement disponibles en anglais). Les dialogues en sont criants de vérité et participent considérablement à l'immersion. L'autre gros point fort du titre réside dans sa mise en scène. En effet, si Only if parvient à nous installer dans un confort de jeu où tout est calme, il peut nous en arracher violemment la minute suivante. Ainsi, quelques surprises viennent ponctuer notre progression ajoutant au passage un stress et une appréhension constante. De plus, celles-ci ne sont pas dénuées d'intérêt et ne se résument pas au bête jump scare. Bien au contraire, elles font preuve d'une originalité rare et dépassent notre entendement du réel. Le tout témoigne d'une intelligence certaine et d'une diversité appréciable. Only if est en somme un jeu surréaliste qui s'assume pleinement et qui place le joueur dans le rôle d'acteur de scènes inattendues.
Un mélange de mécaniques de jeu pertinent
[[s:1714671|description=Certaines touches de votre clavier risquent de souffrir... |taille=petite]]Only if se joue à la première personne et n'autorise au final que peu d’interactions. Vous ne pouvez qu'appuyer sur des interrupteurs, bouger des caisses ou ramasser des objets. Pas très sexy de prime abord mais le titre ne se résume pas qu'à cela. En effet, il mélange savamment plusieurs mécaniques de gameplay. Par exemple, vous serez amené à réaliser des actions contextuelles et d'autres choses moins... conventionnelles. Le tout a pour effet de complexifier les énigmes et de vous amener à faire des choses dont vous n'avez pas l'habitude. De plus, le choix de la première personne est ici fondamental car avant de renforcer considérablement l'immersion, il intensifie l’identification du joueur au personnage. Toujours dans cette volonté de vous extirper du réel, le jeu vous fait rapidement comprendre que ce que vous faîtes ne va pas forcément correspondre à ce que vous voyez. Ainsi, activer un mécanisme particulier n'aura pas obligatoirement une issue logique. Par exemple, un interrupteur près d'une porte peut ne pas l'ouvrir. Le jeu tente de vous faire réfléchir autrement et il faut réussir à se dépêtrer avec tout ça !
Note : Images issues de la version PC.
Points forts
- Bande-son très satisfaisante
- Des mécaniques de gameplay non conventionnelles...
- Une expérience à part
- Des scènes marquantes
- Le jeu est gratuit
Points faibles
- Un scénario nébuleux
- ...mais peut-être un peu trop ?
- Pas traduit en français
- Quelques bugs
Au final, Only if est intéressant par bien des points. Au-delà des qualités indéniables de son scénario, le titre arrive à nous emporter et à nous faire aller encore plus loin. En effet, il nous incite à réfléchir autrement et sort des codes conventionnels du jeu d'énigmes à la première personne. S’inscrivant dans un genre surréaliste, Only if sait tenir en haleine avec ses scènes marquantes et ses mécaniques de gameplay particulières. Il constitue ainsi une expérience à part condensée en quelques heures de jeu. Une dernière raison pour vous convaincre ? Only if est intégralement gratuit.