Pointant timidement le bout de son nez sur le marché de l'adaptation vidéoludique, le second volet de Kick Ass fait suite à la sortie du film en salle presque un an jour pour jour après sa première projection. N'annonçant rien de très rassurant à première vue, l'idée selon laquelle cette année de latence fut consacrée à un soin particulier quant au développement du jeu s'estompe très rapidement une fois la manette en mains.
Une courte séance de diapositives à la sauce comics de bas étage fait donc office d'introduction à cette suite désastreuse. En se cachant derrière le couvert de la bande dessinée pour mieux se dérober d'un quelconque travail d'animation, l'entame de jeu a le mérite d'annoncer la couleur et, soyons clairs dès le départ, l'incontestable travail créatif du comics ou des adaptations cinématographiques ne se reflète à aucun moment dans ce titre.
Un supplice d'un autre âge
En se réservant tout le loisir de revenir sur les combats de manière détaillée un peu plus loin, la première brèche dans le gameplay se fait promptement sentir. Alors que l'instinct naturel du gamer s'oriente directement vers la touche saut du personnage entre nos mains, c'est avec un cruel désarroi que l'on accueille l'absence d'une telle aptitude. Cloué au sol, la plus innocente des bordures représente une épreuve insurmontable, et l'on comprend d'emblée que la moindre démarche entreprise au sein du jeu risque de traîner en longueur. Le cœur en miettes, la poursuite au sein des couloirs de l'environnement ne devrait en revanche pas trop poser de problèmes : à un système de surbrillance jaune vif rattaché aux éléments interactifs du décor s'ajoutent des flèches taguées au sol et sur les murs tous les trois mètres environ. Si la présence de quelques interrupteurs mal dissimulés aurait pu rehausser le niveau de difficulté, les énormes câbles faisant la liaison entre la porte et le dispositif nous ramènent très rapidement sur terre. Pour finir, si l'on parvient malgré tout à s'écarter des sentiers battus, quelques murs invisibles devraient nous remettre d'aplomb. Avec un résultat déjà peu reluisant, il est plus sage d'abandonner tout espoir de se consoler en s'adonnant aux phases de combat.
Le super-héros aux semelles de plomb
Représentant au bas mot 90% de l'aventure, les séquences de bastonnades sont insupportables : hormis quelques finishing moves amusants, on ne note aucun dynamisme issu de ces confrontations à la lenteur aberrante. Faisant l'affront de calquer son système de combat sur celui du Chevalier Noir, ni la nervosité ni l'action ne sont au rendez-vous, et l'on éprouve la sensation de revivre les échauffourées du héros de Gotham au bord de la syncope. Sans aucun lien entre les animations inhérentes à chaque coup (de pied ou de poing, il n'est pas question d'enchaînements ici), les mouvements sont entrecoupés de ruptures infernales. Malgré tout, les développeurs ont jugé bon de faire figurer un système de combos venant renforcer un peu plus la force du héros pour chaque taquet correctement distribué : en aucun cas il est question d'activer de nouvelles compétences via un système d'expérience, même de façon basique, le jeu étant complètement dénué de menu, les options commandes et audio mises à part. Enfin, les ennemis rencontrés n'auront aucune réaction physique quant aux chocs encaissés, en bons automates insipides. Lorsque l'on sait que les niveaux ne correspondent à rien d'autres qu'à une longue succession de combats conclue par une rencontre avec un boss pas beaucoup plus étincelant, difficile de trouver ne serait-ce qu'un seul point positif au jeu de Freedom Factory.
Kick Assommant
Dans le cas improbable où vous auriez tout de même trouvé quelques raisons de poursuivre l'aventure après avoir bravé des ennemis bien moins dangereux que la caméra fiévreuse, votre élan risque d'être stoppé quoi qu'il en soit par l'un des nombreux bugs de jeu. Héros figé, freeze général ou plantage du jeu en bonne et due forme : rien n'est laissé de côté. Les plus optimistes y verront là un moyen d'échapper aux quêtes secondaires sans intérêt telles que la recherche de spots Internet afin de laisser au héros l'opportunité de partager ses exploits sur les réseaux sociaux ou le nettoyage des tags « motherfucker » présents un peu partout dans l'environnement. Pensant approcher l'esprit du film ou du comics en faisant intervenir à titre anecdotique Hit-Girl et le colonel Stars and Stripes, les quelques fuck !, shit ! ou bastards ! disséminés çà et là ne suffisent pas pour faire d'un mauvais jeu un jeu acceptable, ni même un jeu original ou mature. Ajoutez à cela une interaction avec le décor inexistante, des textures douteuses et une expérience de jeu au niveau zéro de l'immersion pour au moins reconnaître la constance et le caractère uniforme de l'opus qui réussit un sans-faute dans le domaine de la médiocrité.
Points forts
- Le choix graphique respectable
- Les finishing moves plutôt réussis
Points faibles
- Le gameplay désastreux
- Des combats pénibles et douloureux
- L'animation des personnages au rabais
- Le contexte ultra dirigiste
- La distribution générale de bugs en tous genres
- La caméra en accord avec tout le reste
S'il existe des productions réservées exclusivement aux fans d'une série, d'une marque ou d'une licence, Kick Ass 2 ne parvient même pas à se hisser au niveau de ce statut déjà peu glorieux. Largement déconseillé aux profanes et bien plus encore aux amoureux du héros de Mark Millar, on ne tire aucune satisfaction de l'expérience de jeu, et l'on se trouve parfois étrangement fasciné par le large éventail de bugs et de défauts du titre.