Après 8 mois d'accès au jeu exclusivement en early access, Mercenary Kings est finalement en mesure de dévoiler son arsenal au grand complet. Issu du vivier de productions Kickstarter, le jeu de Tribute Games prend le pari audacieux de mêler au gameplay run and gun bon nombre d'éléments dérivés de l'univers du jeu de rôle. Seulement, à trop vouloir plaire à tout le monde, on finit par plaire à n'importe qui, ou presque.
Ici comme ailleurs, le raccourci vers Metal Slug sera vite fait : difficile en effet de passer à côté de la série culte de Nazca Corporation à la vue du design du jeu, ou même à la simple évocation du style run and gun. Et c'est bien là la première erreur à ne pas commettre : s'installer manette en mains, seul ou à plusieurs, exaltés que nous sommes à l'idée de nous replonger dans les méandres pixelisées de la Neo Geo, en espérant voir un nouveau Marco Rossi pointer le bout de son nez.
Tuer le maître
En se réclamant consciemment ou non de la lignée de Metal Slug, Mercenary Kings ne laisse aucune autre alternative à la déception éprouvée chez tous ceux ayant déjà eu à se frotter un jour au général Donald Morden. On ne peut pourtant pas blâmer les joueurs ayant cultivé un tel espoir après s'être rapidement penché sur le travail fourni par Paul Roberston, l'un des nouveaux maîtres du pixel art. Car c'est bel et bien lors de la prise en main immédiate du titre que la différence se fait ressentir : le délai étonnant dans la prise en charge du saut et l'absence de tir en continu n'ont a priori rien de rassurant. Il serait médisant en revanche de reprocher au scénario son manque de constance, le genre lui-même ne se prêtant pas aux élans scénaristiques de haut vol : il s'agit tout bonnement de venir en aide à l'un de nos compagnons retenu par le CLAW, groupe de malfrats paramilitaires dirigé par l'infâme commandant Baron. En tâchant de faire fi d'une première impression peu reluisante, il est à présent de notre ressort de nous attaquer à notre première mission.
Muscle ton jeu mercenaire, muscle ton jeu
En évoluant dans un environnement au level design soigné et en faisant face à un nombre d'ennemis relativement peu élevé, la première mission a au moins le mérite d'exposer clairement l'architecture de jeu : au terme de notre objectif principal, les points d'expérience et les sommes d'argent sont délivrés selon nos performances, en perdant un quart de nos revenus à chaque vie épuisée et en engrangeant de l'expérience en plus ou moins grande quantité en fonction de l'exécution ou non des quêtes secondaires. A échelle plus large, la durée de vie à rallonge du soft s’explique par un système de grade regroupant dix échelons, lesquels pouvant intégrer eux-mêmes un maximum de dix missions dont une conclusive synonyme de passage au grade supérieur. Comprenez par là qu'il n'est pas nécessaire de compléter à chaque fois l'ensemble des dix missions pour monter en grade, mais simplement d'atteindre l'objectif de points d'expérience fixé pour le palier supérieur : à titre d'exemple, un joueur prenant soin d'accomplir l'ensemble des quêtes annexes pour chaque mission atteindra la dernière avec un moindre nombre d'étapes.
A dire vrai, peu nombreux seront les joueurs assez robustes pour engloutir la totalité des dix missions. L'empreinte RPG portant sa part de responsabilité, un bon paquet de niveaux ne présente que très peu d’intérêt, avec à leur tête les quêtes liées au loot au cours desquelles le joueur se devra de parcourir l'environnement en long en large et en travers pour accomplir son objectif. De telles intentions impliquent la mort pure et simple du parcours en side scrolling à sens unique, et par là même du plaisir résultant d'une course en avant bête et méchante d'un run and gun digne de ce nom. Notez également que de l'accomplissement d'une mission résulte un retour automatique au camp de base au sein duquel aucun boulon de la mécanique RPG basique ne vous sera épargné : customisation des armes, améliorations physiques, achat de boosts sous formes d'items et changement de look de votre personnage seront de mise. Partant d'un bon sentiment, ces va-et-vient successifs ne contribuent en rien à la dynamique du titre, appuyant davantage un rythme de jeu beaucoup trop saccadé. Dès lors, il vous faudra puiser votre plaisir de jeu dans les petits détails.
Pâte de détails à tartiner
Force est d'admettre malgré tout que plusieurs petites broutilles devraient vous faire sourire : en hommage au mauvais goût propre à Metal Slug, on retrouve notamment la possibilité de customiser son arme sur le modèle de toilettes ou d'arborer le drapeau américain à tout-va au sein du camp de base. Autre petit clin d'oeil sympathique, les échanges radio entre King et ses compagnons ne sont pas sans rappeler les célèbres dialogues entre le légendaire Solid Snake et le colonel Campbell. Sans s'attarder plus longtemps sur d'autres considérations anecdotiques, il semble important d'aborder le caractère original de la bande-son : nerveuse et souvent dans le ton de l'action, l'OST fait honneur au 8-bits et ne fait pas dans la demi-mesure. Enfin, n'oublions pas que la porte d'entrée au jeu va de pair avec la gratuité du soft liée à l'offre du mois d'avril du PlayStation Plus, attirant dès lors autant de joueurs PS4 qui devraient logiquement se montrer plus indulgents envers les faiblesses du jeu. Néanmoins, la mince couche de bonnes intentions ne suffit pas à masquer les lourdeurs un peu trop pesantes de l'opus, et il paraît plus sûr de se rabattre sur le multi coopératif pour profiter au mieux de l'expérience. Gare au mélange des genres et aux mariages ennuyeux.
Points forts
- La bande-son
- Le design en général
- La durée de vie
- Quelques clins d’œils sympathiques à l'univers du jeu vidéo
Points faibles
- Le saut à retardement
- Le loot qui ne se prête pas au genre
- Le manque de nervosité dans le gameplay
- Les éléments RPG malvenus
Pour sa défense, Mercenary Kings pourrait se vanter d'être davantage qu'une pâle copie de Metal Slug. Mais désire-t-on réellement autre chose que de la sueur et du sang lorsque l'on embrasse un run and gun affichant de telles références ? A-t-on envie de sel dans notre compote et de fumigènes au balcon des opéras ? Pas nécessairement. La prudence est plus que jamais de mise dès lors que l'on s'essaye à des associations si malheureuses. Malgré tout, le pari risqué devrait en contenter quelques-uns, notamment en multijoueur coopératif.