Si écrire sur les jeux épisodiques est déjà un exercice délicat d'une manière générale, écrire sur le final d'une série qui prend des airs de fiction policière est encore plus ardu. De Cry Wolf, on dira le moins de choses possible, si ce n'est que c'est une conclusion qui parvient parfaitement à boucler l'intrigue que Telltale a déroulée ces derniers mois, un final dont les 90 minutes passent à toute allure sans vraiment laisser au joueur le temps de décrocher.

Très GRAND Méchant Loup

Personne ne sera surpris outre mesure d'apprendre que Cry Wolf débute dans l'antre du très imbuvable Crooked Man, entouré de ses "amis" pas vraiment enthousiastes à l'idée de voir débarquer Bigby. S'il arrive que les épisodes des jeux Telltale mettent du temps à démarrer, ce n'est pas franchement le cas de Cry Wolf dont les premières minutes sont une sorte de synthèse de ce qui constituera l'épisode au complet, à savoir quelques révélations dès les premières secondes et une grosse scène d'action dans la minute. Après 4 épisodes passés à prendre des coups, à se faire manipuler, à découvrir toute l'étendue de la noirceur de Fabletown, Bigby en a sérieusement gros sur la patate. Les scènes d'action de Cry Wolf sont nombreuses et surtout plus ambitieuses que tout ce que Telltale a déjà produit dans la série ou dans The Walking Dead. De vraies scènes de Grand Final où il n'est plus question de jouer mais de mettre un terme aux antagonismes. L'une d'elles expose notamment le vrai visage de Bigby et aide à comprendre pourquoi on l'appelle "Grand" Méchant Loup. Un affrontement assez mémorable qui fait suite à une scène de poursuite qui, tout en se reposant sur des mécaniques déjà employées par Telltale, se différencie de ce que le studio a déjà pu produire dans ses différentes séries. Si vous étiez en manque de QTE et de tripes à l'air dans les derniers épisodes, vous aurez de quoi vous rattraper.

Une fin, plusieurs chemins

Evidemment, Cry Wolf a pour vocation première de résoudre l'énigme, de conclure l'intrigue et si l'action est très présente, elle partage l'affiche avec les révélations, dans un équilibre assez remarquable d'ailleurs au regard d'autres épisodes qui tendaient à donner la part belle à l'un ou l'autre des aspects du jeu. Cette fois, vous aurez le fin mot de l'histoire, le pourquoi, le comment, vous aurez même droit à un ou deux rebondissements de dernière minute et à une plongée dans la psychologie de certains personnages. Cry Wolf n'est toutefois pas qu'une succession d'infos et de faits bruts "arrêter le méchant, découvrir les secrets, générique". Les dialogues sont là pour maintenir une tension permanente et surtout introduire des choix dont les conséquences sont immédiates. Le déroulé du final peut d'ailleurs prendre deux orientations radicalement différentes selon la volonté du joueur, tout en suivant le même chemin menant à une fin commune. Difficile dans le cas contraire d'envisager une suite qui ne manquera pas d'exister.

Une partie des choix effectués dans les épisodes précédents sont également mis à contribution, prouvant que, finalement, choisir l'option A ou B a bel et bien une répercussion sur l'ensemble du jeu. Certes, elle est purement narrative et ne va pas mener à deux résolutions opposées dont l'une enverra Wolf sur la Lune, mais c'est ce qui permet à chacun de vivre les scènes clefs avec le Bigby qu'il a choisit d'incarner, avec des réactions différentes dans le regard des personnages et une appréhension de Fabletown qui lui sera propre. Un choix effectué dans l'épisode 3 vous permettra par exemple d'obtenir la faveur ou la rancoeur de vos pairs. Au terme de l'aventure, on a donc la satisfaction d'avoir à assumer, pour le meilleur ou pour le pire, les conséquences de nos choix, que l'on ait préféré partager les efforts de Bigby pour contenir sa nature ou qu'on l'ai laissé s'exprimer, tendu la main ou tourné le dos aux autres Fables, etc. Dommage cependant que ce segment "bilan" s'étale sans doute plus longuement que nécessaire et laisse transparaître, si on gratte un peu, un côté artificiel. Mais le plus gros défaut de Cry Wolf reste avant tout son statut de dernier épisode qui a fatalement le goût doux-amer de la dernière page d'un bouquin que l'on tourne avec autant de satisfaction que de regrets.