Développé en 4 ans par Daniel Remar et sorti en 2008, Iji est un excellent jeu d'action / plates-formes en 2D qui est malheureusement arrivé avant l'essor de la scène indépendante, ce qui lui a valu un anonymat mortel non mérité depuis lors.
Iji, c'est le nom de l'héroïne que vous incarnerez le long du jeu, juste après que la Terre se retrouve sous le joug d'une race extraterrestre. Evanouie lors de la première attaque, Iji est considérée comme le dernier espoir de la planète, depuis que des scientifiques ont profité de son sommeil pour la changer en cyborg, lui octroyant des capacités surhumaines ainsi que la possibilité de communiquer avec ses nouveaux ennemis, ce qui est bien pratique. C'est lorsque les aliens découvrent l'endroit où elle est cachée, qu'Iji s'empare d'un fusil et que le jeu commence.
Un action-aventure 2D avec une dose de RPG
Les contrôles sont simplistes, Iji peut sauter, tirer, s'accroupir, donner des coups de pied ou encore pirater du matériel informatique. Grosso modo, c'est à peu près tout. Vous aurez également, en plus de 7 compétences d'une utilité plutôt classique (attaque, piratage, force...), 16 armes plus ou moins différentes, ce qui offre tout de même une expérience de jeu complète, bien exploitée et qui permet surtout de jouer comme on l'entend. Qu'importe les compétences et armes que vous choisirez, il y a toujours maintes façons de se débarrasser des ennemis ou d'avancer dans les niveaux. Parmi les différents moyens de progresser, on notera notamment le combat aux armes, l'approche discrète derrière les défenses ennemies afin de pirater leurs armures, l'assommage à grands coups de pied ou encore la manière fainéante mais non moins intéressante de laisser les différents types d'aliens s’entre-tuer lorsque l'occasion se présente.
Ce n'est pas le joueur qui s'adapte au jeu, mais le jeu qui s'adapte au joueur
Daniel Remar, l'auteur du jeu, voulait nous offrir une expérience qui puisse s'adapter à notre avancée et à nos choix. C'est peu de dire que l'objectif est accompli, car les choix ne s'arrêtent pas seulement aux compétences. Il est ainsi possible de traverser le jeu entier sans faire couler une seule goutte de sang, hormis, éventuellement, le vôtre. D'ailleurs, si vous jouez sur ce point tout au long du jeu, vous aurez peut-être l'occasion de vous faire quelques alliés au sang vert. Tout cela est possible grâce à un système de moralité invisible dans le jeu. Peu importe vos actions et ce que vous ferez, il y aura toujours des conséquences. Ce qui est intéressant, c'est qu'il n'y a pas de dialogues pour choisir si oui ou non vous tuerez tel ou tel antagoniste. Ici, vous devrez agir, et suivre ce que votre instinct vous dicte. Sachez toutefois que vous serez constamment jugé sur vos choix dans des journaux extraterrestres, qui commenteront vos moindre faits et gestes.
Petite anecdote amusante à ce sujet : les aliens iront même jusqu'à discuter du fait qu'Iji récolte des munitions alors qu'elle ne tire sur personne. Très appréciable, le système est pensé sur l'accumulation de nos actions, et non sur une décision à un moment-clé du jeu, comme on peut le voir dans beaucoup de grosses productions récentes. Enfin, il faut savoir que ce système joue sur les événements qui composent l'aventure et aboutit sur plusieurs fins.
Un freeware très généreux aux visuels assumés
Techniquement parlant, Iji affiche un pixel art sommaire offrant tout de même une progression dans un monde en 2D cohérent, aux couleurs lumineuses et aux effets graphiques et de particules vraiment bien réalisés. Dans une certaine mesure, tout ça rappelle un peu le bon vieux Another World. Il est clair que le style ne plaira pas à tout le monde et que les visuels sont perfectibles, mais rappelons qu'Iji est l'oeuvre d'un seul homme. Notons tout de même des animations d'une excellente qualité - leur fluidité accentue l'action du jeu, déjà intense.
En matière de contenu, il n'y a pas de quoi pâlir non plus puisqu'en plus des cinématiques et des combats de boss épiques, il faut compter sur dix niveaux de bonne taille qui recèlent chacun de secrets en tous genres : salles cachées, posters à collectionner, rubans à retrouver, caches d'armes mais également des enregistrements extraterrestres pour en savoir plus sur le scénario, un contenu qui se révèle être assez inspiré et efficace. Il n'y a donc pas de quoi s'ennuyer avec, en supplément, quatre niveaux de difficulté. Et on ne parle même pas de la rejouabilité certaine si vous souhaitez découvrir les différentes façons de parcourir les niveaux. Enfin, il faut préciser qu'Iji est entièrement gratuit mais malheureusement en anglais. Le jeu a aussi récemment été traduit en japonais et en coréen, si vous souhaitez travailler un peu ces langues et que vous êtes courageux.
Points forts
- Très riche en contenu
- Une bonne rejouabilité
- Une ambiance sonore percutante
- Gameplay facile à prendre en main et intense
- Le système de moralité transparent
- Bonne courbe de difficulté
- Un scénario pertinent qui cache toujours plus de surprises
- Quelques boss mémorables
- C'est gratuit !
Points faibles
- Pas de version française
- Manque d'évolution dans le gameplay
- Cinématiques à revoir
- Un style graphique qui divise
Apothéose, un mot classe pour un jeu qui l'est tout autant, Iji est un monstre de l'action / plates-formes qui saura captiver tous les fans et qui saura également réconcilier tous les boudeurs du pixel art par son dépaysement et sa profondeur. Iji est un excellent titre indépendant qui a été pensé et créé pour être distribué gratuitement, par une main de maître pleine de bons sentiments, celle de Daniel Remar.