Génies de l'absurde, les Monty Pythons ont plusieurs fois flirté avec les jeux vidéo. Parfois directement, c'est le cas des adaptations de leurs films Holy Grail ou The Meaning of Life, parfois indirectement comme avec le jeu d'aventure Blazing Dragons inspiré d'une série animée créée par Terry Jones. A tout cela, il faut aussi ajouter le nombre de doublages assurés par l'un ou l'autre des Pythons. Aujourd'hui, nous retrouvons la troupe d'Anglais dans un jeu mobile directement transposé du sketch Le ministère des démarches ridicules.
L'incroyable performance du longiligne John Cleese est ce qui donne tout son sel au sketch The Ministry of Silly Walks. Ses démarches tordantes effectuées avec tout le sérieux du monde sont toujours hilarantes, même 44 ans après la première diffusion sur la télé britannique. Par conséquent, lorsqu'un jeu Silly Walks est annoncé, on s'attend à retrouver les lancers de jambes, les pas de canard et toutes les autres positions impensables qui composent la palette de démarches ridicules de Cleese. Hélas, ce n'est pas le cas. Le jeu comporte bien quelques pas chassés et des mouvements de jambes improbables mais clairement pas autant que dans le sketch. En fait, le jeu alterne finalement entre deux ou trois types de pas qui se déclenchent aléatoirement. On est loin des crises de rire provoquées par les multiples façons de se déplacer aperçues dans le sketch !
Le ridicule ne tue pas
The Ministry of Silly Walks prend la forme d'un endless runner, un genre de jeu ultra populaire sur mobiles puisqu'il limite les contrôles et mise tout sur les réflexes du joueur. Nous voilà ainsi avec un John Cleese qui quitte son bureau pour traverser Londres, éviter les pièges sur son chemin et tenter d'aller le plus loin possible. Cela se traduit par deux actions possibles : sauter au-dessus des bancs, des poubelles, des caisses, etc. et se baisser pour glisser sous les pigeons, les travaux routiers, et ce genre de choses. Le moindre contact provoque la fin de la partie et il n'y a qu'à recommencer au début. En dépit de sa démarche bizarre, John parvient à avancer de plus en plus vite ce qui nous oblige à affûter nos réflexes pour réagir au quart de tour au moindre danger. Quelques icônes peuvent lui sauver la mise en le transformant par exemple en métal pendant quelques secondes (il est alors invincible) ou en ralentissant le temps pendant quelques mètres. Il y a aussi l'icône en forme d'aimant qui lui permet de ramasser plus facilement les pièces sur le parcours. Ces pièces servent à se payer de nouvelles tenues, ou des items à utiliser ponctuellement dans la partie, dont une vie supplémentaire permettant de reprendre immédiatement sans avoir à retourner au départ, ou des options pour décaler la ligne de départ de 250, 500 ou 1.000 mètres. Bref, rien de bien fou dans la boutique, d'autant que chaque item est à utilisation unique. Une fois déclenché, il faudra économiser pour se payer un autre exemplaire du même objet.
1 km à pied, ça use, ça use…
Ne nous voilons pas la face, le titre affiche très clairement ses limites et son manque d'idées pour tenter de briser la monotonie d'un endless runner. Là où des Jetpack Joyride ou des Temple Run sont parvenus à renouveler sans cesse leur intérêt et à motiver le joueur à aller toujours plus loin, The Ministry of Silly Walks se montre on ne peut plus paresseux et ne propose rien pour relancer la machine. Même les répliques lancées par John Cleese lui-même finissent vite par tourner en rond. Au point que l'on n'y prête même plus attention. Et pour qu'une intervention du grand John Cleese passe inaperçue, c'est qu'il y a bien un problème quelque part !
Points forts
- Quelques démarches ridicules reprises directement du sketch…
Points faibles
- … Mais beaucoup de démarches passées à la trappe
- Des bonus sans imagination
- Aucun objectif annexe pour motiver les joueurs
The Ministry of Silly Walks n'est pas un endless runner ; c'est un endless walker, ce qui explique sans doute pourquoi il se montre si paresseux. Les démarches prêtent à sourire durant les premières parties, mais rien n'est là pour assurer le suivi sur la longueur. Des bonus chers et sans intérêt, pas d'objectifs secondaires, et une poignée de démarches qui se répètent en boucle, le titre s'enlise trop vite dans l'ennui le plus total.