Ça y est, vous êtes remis du final de l'épisode 3 ? Ça tombe bien parce que Bigby, lui, pas trop. A moitié mort la dernière fois qu'on l'a vu, le shérif de Fabletown a la chance de rapidement se remettre avec sa santé à la Wolverine, ce qui n'empêche guère In Sheep's Clothing de s'offrir une bien belle scène d'introduction (et de rafistolage médical) jouant au passage avec la relation trouble pleine de non-dits un peu enfantins qui lie Wolf et Snow. Une amourette qui ne prendra toujours pas le temps d'aller bien loin ceci dit puisque les affaires ne tardent pas à les accaparer de nouveau, quitte à créer une certaine tension entre eux. Car si Snow aimerait assez qu'un peu d'ordre et de bonne pratique cède la place au chaos récent, pour Bigby, les choses ne sont jamais aussi simples. Déjà tiraillé entre sa nature profonde et son désir de rédemption, voilà qu'il lui faudrait en plus choisir entre la loi à la lettre... ou un grognement impératif.

Battu à plate couture

In Sheep's Clothing sert un but premier : montrer à quel point le Crooked Man a su infiltrer Fabletown et dresser un portrait en ombre chinoise de ce personnage à travers ses actes, en attendant de pouvoir enfin le rencontrer. L’essentiel de cet épisode consiste à exposer Bigby à son échec en tant que shérif, à lui montrer que sous son nez, un système mafieux est venu combler les manquements du système en place, une idée déjà largement abordée lorsque sont apparus les glamours du marché noir mais qui fait un chemin considérable ici. Au fil de quelques rencontres, on découvre que les Fables s'en remettent aux bons soins d'un véritable Parrain monstrueux qu'ils se persuadent de voir comme un bienfaiteur mais qu'ils regrettent rapidement d'avoir consulté une fois qu'ils en deviennent les marionnettes. Certains cherchent à s'en sortir faute d'autres ressources, d'autres à retrouver leur niveau de vie d'antan. Tous ont de "bonnes excuses" pour avoir fricoté avec le Crooked Man, le monstre local qui tue, vole, mais rend service. A moins que ce ne soient que de piètres prétextes et justifications pour chercher à se faciliter la vie ?

[Smoke]

Comme d'habitude il n'y a rien de franchement noir ou blanc dans The Wolf Among Us, à commencer par son héros qui se trouve bien en peine de juger ses congénères. Le Grand méchant loup lui-même partagé entre coups de sang et bonne conduite face à des quidams qui ont fait le mauvais choix... mais l'ont-ils fait par nécessité ou par lâcheté ? Doit-il leur cracher au visage ou les aider à s'en sortir ? Et bordel après tout c'est quoi ces gens qui lui racontent bobard sur bobard, qui vont faire le sale boulot d'une pourriture sans nom et qui trouvent encore le moyen de lui reprocher de ne pas être assez gentil avec eux depuis des années ? Allez hop, soupir, Bigby s'en grille une. Plus que dans les autres épisodes, Wolf fume clope sur clope dans ce chapitre, un gimmick qui parlera bien aux fumeurs qui connaissent mieux que personne cette illusion que la contrariété et la frustration vont s'envoler dans les volutes de fumée. Et si ça ne suffit pas, quelques baffes refilées à un nouveau personnage peu coopératif suffiront visiblement à calmer les nerfs du shérif. Une rencontre assez mémorable qui est un temps fort de In Sheep's Clothing suivi d'un assez touchant épanchement amical de Bigby... autour d'une clope évidemment.

[Keep smoking]

Malgré ces qualités, ce quatrième épisode a toutefois un peu plus de mal à impliquer le joueur. Même si tout le monde ne sera pas du même avis sur la question. Etant très démonstratif puisqu'il expose son héros et le joueur à un état de fait et prépare le grand final, il a tendance, plus que les chapitres précédents, à faire subir plus qu'à donner le sentiment que l'on est acteur. Il souffre également d'un rythme un peu lent et d'une ou deux scènes qui jouent sans doute un poil trop la montre. Le sentiment est étrange, on apprend pas mal de choses mais on se sent moins emporté dans un torrent incontrôlable et une tension palpable. Enfin, tout est relatif, il faut dire que la barre était placée très haut par le dernier volet. Et pour tout dire sans trop en dire, In Sheep's Clothing jouit d'une conclusion... [Smoke].