Comme un poisson qui remue sur la berge ; telle est l'image que laisse ce cinquième Chasseur de Têtes, plutôt de mise puisqu'il se joue les pieds dans le sable. Le poisson a pourtant traversé tous les océans, et la tête haute, mais il faut croire qu'au terme de son périple, en ce 15 avril 2014, ses forces l'ont abandonné. En mettant en scène « Sir Hammerlock contre le fils de Crawmerax », le studio Gearbox aurait-il donc joué une carte en trop ?
Non content d'être le cinquième de la série des « Chasseur de Têtes », ce DLC est le neuvième dédié à Borderlands 2. La précision a lieu d'être, car avant de partir plus en détail dans le contenu qui nous intéresse ici, il est bon de rappeler à quel point le studio a fait preuve de brio jusqu'alors. Le but ne consiste pas à trouver des excuses pour les nombreux reproches que l'on sent venir à des kilomètres, mais… si, en fait. Après tant d'heures de jeu d'une qualité remarquable, on a tout de même envie de savoir ce qu'il s'est passé pour en arriver là !
Manque d'inspiration ?
Premièrement : Hammerlock. Certes, le personnage est inspiré. Difficile de ne pas rire à sa première apparition et de retenir un sourire à chacune de ses répliques qui suivront. Toujours est-il qu'après le jeu lui-même et un DLC qui lui sont entièrement consacrés, on a eu le temps de faire le tour de son potentiel comique. « Sir Hammerlock contre le fils de Crawmerax » sent donc d'office le réchauffé, et à juste titre. Point de vue narration, c'est du déjà-vu (en moins bien). Où est l'humour qui faisait mouche à tous les coups ? On perd là un des principaux points forts du jeu, surtout en ce qui concerne les Chasseurs de Têtes, pas réputés pour avoir un contenu des plus fournis.
Après la narration : la bande-son. Là encore, s'il y avait bien quelque chose à retenir des précédents Chasseur de Têtes, c'était bien la musique qui nous mettait en état de frénésie à la moindre fusillade. Il faudra ici l'oublier ; elle est plate, pour ne pas dire inexistante. Quand on sait que la musique participe à hauteur de 50% à l'ambiance de tout œuvre audiovisuelle, on a intérêt à avoir une direction artistique en béton derrière pour rattraper le coup. Or, cela aussi, tombe à l'eau. Non pas que la DA soit particulièrement mauvaise, loin s'en faut, mais le décor de plage dont on a vite fait le tour ne compte pas parmi les plus inspirés de Pandore. Un joli tunnel sous-marin rejoignant une île avoisinante, tout au plus, tire son épingle du jeu et aurait gagné à être exploité davantage.
Que reste-t-il alors ? Le gameplay, fidèle à lui-même, mais probablement connu dans ses moindres recoins pour ceux qui seront amenés à acheter cet énième DLC. Un nouvel Invincible dont le combat est une sorte d’ersatz de celui contre Terramorphous. Une quête annexe traditionnelle qui fait suite à la principale, et qui une fois accomplie ne vous aura procuré ni plaisir, ni satisfaction d'un travail bien fait (dans ce cas, on le fait pour vous). En somme, rien à même de réellement justifier l'achat de cette petite, très petite heure de jeu supplémentaire.
Points forts
- … une autre occasion de relancer Borderlands 2 ?
Points faibles
- La durée de vie
- Le peu de récompenses
- La bande-son décevante
- La narration, loin de la qualité à laquelle on nous a habitués
- Combat contre l’Invincible peu passionnant
- La quête annexe
Non content de se coltiner les défauts de ses prédécesseurs (durée de vie trop courte, peu de récompenses), ce cinquième « Chasseur de Têtes » s'accable d'une réalisation peu inspirée, que ce soit dans la narration ou dans la bande-son. Privé de ces deux éléments jusqu'alors salvateurs pour cette série de DLC, c'est sans surprise que « Sir Hammerlock contre le fils de Crawmerax » sombre dans les abysses. Peut-être est-ce signe qu'il est temps de laisser cet excellent deuxième opus de côté pour se concentrer sur son successeur. Borderlands est mort, vive Borderlands !