Si le développement de Kill the Bad Guy ne s'est pas fait sans accrocs, le voici disponible dans une version définitive en dépit de l'échec de la campagne de financement participatif destinée à filer un coup de pouce au projet qui avait été lancée il y a de cela quelques mois. Les équipes françaises d'Exkee n'ont pas pour autant baissé les bras et se sont fixé pour objectif de proposer à partir de leur puzzle-game à l'état d'ébauche un jeu complet qui ne manque clairement pas de charme.

Massacre en finesse

Vous incarnez donc un agent d'une mystérieuse organisation qui a pour but d'éliminer violemment une généreuse portion de criminels ayant toujours échappé aux sanctions de la justice : les bad guys. Omnipotent, vous avez un contrôle quasi absolu sur les environnements dans lesquels vos criminels en sursis évoluent et vous pouvez interagir avec eux dans l'unique but de leur faire passer l'arme à gauche. Mais avant d'entamer les hostilité, un bref portrait de votre future victime vous donne les raisons morales nécessaires à l'accomplissement de votre forfait. C'est là le premier point fort de Kill the Bad Guy. Ultra-référencées, les descriptions des criminels à abattre prêtent très souvent à sourire, leurs propres forfaits, certes romancés, étant souvent à mettre en parallèle avec des événements plus ou moins récents et collent même parfois à la réalité historique. Il est agréable de retrouver tout un tas d'allusions à des personnes réelles ou fictives et l'humour, s'il est parfois un peu facile, fait tout de même régulièrement mouche.

Mais exploser du méchant en pleine rue n’exclut pas un peu de discrétion. Aussi le principe de Kill the Bad Guy repose-t-il sur une base simple : chaque assassinat doit ressembler à un accident. Ainsi, vous aurez pour mission d'éradiquer de la planète bleue une soixantaine de criminels sans qu'un seul témoin, qu'il s'agisse de simples piétons ou de la police, ne détecte vos actions. Pour cela, Kill the Bad Guy s'est fendu d'une interface très intuitive qui vous indique d'un simple clic le champ de vision des personnages qui arpentent les rues dont vous manipulez les éléments. Ces éléments, d'ailleurs, sont mis en avant par l'intermédiaire d'un jeu sur les contrastes simple mais diablement efficace. Votre scène de crime est d'un blanc immaculé et seuls les éléments interactifs sont obscurcis. Ainsi, vous ne pourrez pas manquer de savoir en un coup d’œil quels objets du décor serviront votre funeste tâche. Fort heureusement, la clarté de l'interface ne dessert en aucun cas le challenge offert par Kill the Bad Guy, qui a l'intelligence d'aller crescendo à mesure que vous rayez les noms sur votre liste.

Une difficulté croissante

Si, au départ, les premiers assassinats se dérouleront comme une lettre à la poste, les choses finiront par se corser. Effectivement, au cours de vos premières missions, vous n'aurez que peu de choix pour terrasser le malfaiteur dans votre ligne de mire : saboter une voiture pour la lancer à tombeau ouvert sur le trajet fixe de votre victime, lui faire tomber un arbre dessus au bon moment... rien de bien complexe, à l'image des combinaisons d'éléments possibles en début de partie. Coincer une corde entre deux poteaux pour en faire un lance-pierre de fortune qui viendra à bout de votre cible en quelques clics, tout semble évident a priori. Mais fort heureusement, à mesure que vous remplirez vos contrats, vous aurez vite fait de vous rendre compte que les choses ne sont pas aussi simples qu'elles n'y paraissent et qu'il vous faudra bien prendre le temps d'observer le trajet de votre bad guy et d’analyser de quelle manière il se comporte. Vous pourrez ainsi le pousser à changer de trajectoire afin de déclencher au bon moment l'interaction qui l'expédiera ad patres dans la plus totale indifférence. Car n'oublions pas que si votre bad guy aperçoit vos manigances, il s’enfuira bien rapidement ce qui implique un game over. A l'inverse, s'il ne détecte rien mais qu'il parvient à venir au terme de son chemin, vous passerez au jour suivant. Et si une certaine répétitivité peut se faire ressentir en dépit des nombreux puzzles que le jeu offre, les équipes d'Exkee ont eu la bonne idée d'inclure des objectifs secondaires et quelques petits challenges afin que vous puissiez réaliser la partie parfaite.

Des objectifs secondaires à deviner

Il existe plusieurs objectifs communs à chaque mission : tuer le méchant, évidemment, mais surtout le tuer dès le premier jour, retrouver son passeport dans le décor, parfois bien planqué et réussir à récupérer sa dent qui se déchausse au moment de sa mort comme preuve de la réussite de votre assassinat. Gentiment morbides, ces objectifs sont cependant moins intéressants que les secondaires, détaillés d'une manière très nébuleuse sur la fiche de votre mission. L'intérêt sera alors de découvrir en quoi consiste cet objectif et parvenir à le réaliser. Avec ce système plutôt malin, Kill the Bad Guy dispose d'une durée de vie plutôt correcte. Par ailleurs, si vous débloquez suffisamment d'objectifs, vous aurez accès à des mini-jeux articulés autour du thème du jeu, pas indispensables mais suffisamment fun pour être remarqués.

Et là, la lassitude pointe

Mais tout n'est pas parfait sur Kill the Bad Guy, malheureusement. Si l'on ne peut clairement pas reprocher l'originalité du concept et l'impertinence jubilatoire du propos, le titre d'Exkee pâtit déjà de son registre même. Il est très difficile pour un puzzle-game de maintenir son intérêt et de se renouveler sur la durée et le jeu ne déroge pas à la règle. Les environnements ne changent pas assez, à l'image des objets avec lesquels interagir tant et si bien que l'on peut rapidement se lasser si l'on se lance dans une partie longue. Aussi est-il recommandé de laisser libre cours à votre génie criminel avec parcimonie. Par ailleurs, certains puzzles demandent rapidité et précision et malheureusement la maniabilité ne le permet pas toujours. En effet, les associations d'objets comme les contrôles des projectiles ne sont pas particulièrement intuitifs et il vous arrivera souvent de rater plusieurs fois une mission en raison de l'imprécision des commandes. Rageant. Enfin, le champ de vision des caméras laisse bien des fois dubitatif en ce qu'il ne correspond pas toujours à ce qui est affiché à l'écran. Ainsi, certaines énigmes fonctionneront sous le regard d'une caméra, d'une manière inexpliquée, tandis que d'autres échoueront alors que vous pensiez être hors de portée de leur champ de vision. De quoi rajouter encore à l'agacement du joueur.