Parmi la pléthore de supports dédiés à la sortie de The Amazing Spider-Man 2, la 3DS, comme toujours, se doit de faire exception à la règle en raison de son format particulier. Si de l'appropriation vidéoludique du film découle une expérience de jeu décente sur les autres consoles, il est difficile d'en dire autant de cette version portable.
A l'instar ou presque des autres versions, l'entame de jeu présente la mort de l'oncle Ben, ou plus précisément le désarroi de Peter, annonciateur bientôt du nôtre. Seulement, il s'agit en l’occurrence d'une courte séquence cinématique mettant en scène le malheureux jeune homme et Stan Lee, revêtant ici ses plus beaux habits de vendeur de comics. A cette cinématique d'une poignée de secondes succèdent quelques images du super-héros bien décidé à venger la mort de son oncle : la pauvreté de cette phase introductive attriste d'autant plus lorsque l'on sait qu'il s'agit là de la séquence animée la plus aboutie du jeu... Les bases de l'histoire sont lancées malgré tout, place au jeu pur et dur.
Un confort de jeu qui picote
L'approche de jeu que confère le tutoriel ne console pas davantage. Dévoilant un level design que l'on qualifiera cordialement de rugueux, inutile de se rassurer en mettant l'épuration à outrance des graphismes dont il est question sur le compte pratique : la suite du jeu ne fait pas autrement rêver. Hormis quelques bâtiments et autres grues lors des (différentes ?) missions et un canapé coincé entre deux vilains lors des séquences en intérieur présentées en plan découpe, ni la créativité ni le style ne sont au rendez-vous. On peut cependant revenir sur le début du jeu et en dégager un point que l'on pourrait trouver arrangeant, à savoir l'absence de VF intégrale. On s'accommode en effet volontiers de cette situation au vu des répliques parfois navrantes du super-héros accentuées par la traduction sur les autres plates-formes. D'un point de vue moins optimiste, on pourrait tout autant supposer qu'il s'agisse là d'un manque d'application à la tâche d'autant plus critiquable que le jeu, de par son gameplay très basique mais aussi en raison du support, s'adresse à un public jeune qui aurait peut-être pu se contenter d'une traduction française avec davantage de satisfaction et ainsi pallier au système de jeu parfois boiteux...
Victime de l'adaptation compulsive en série
Une fois n'est pas coutume, tout est une question de point de vue. Les bienheureux verront en The Amazing Spider-Man 2 un jeu volontairement adapté aux plus jeunes, quand les autres y verront le résultat d'un négoce commercial exploité jusqu'au dernier grain, et par la même un jeu avec de nombreuses lacunes, voire quelques contresens regrettables. Parmi ces faiblesses, la structure du jeu elle-même pose problème. L'ossature du soft se construit de telle manière qu'entre chaque mission principale s'insère une phase de voltige afin de se rendre sur les lieux du méfait. Ces interludes d'une durée limitée consistent à tapoter la touche désignée de manière plus ou moins prolongée afin de récolter quelques items de temps ou d'expérience, mais surtout d'éviter les différents éléments du décor. L'intérêt éventuel éprouvé par le joueur s'estompe largement lorsque l'on remarque qu'aucune pénalité de temps ni de vitesse ne s'applique lors des collisions avec l'environnement. Notez également que c'est lors de ces mêmes entractes que vous devrez vous frotter à chaque fois et obligatoirement aux missions annexes à l'aspect ultra-répétitif (qui n'ont donc plus rien d'annexe). Quant aux missions liées à la trame, la physionomie affichée n'est guère plus reluisante.
Des loops un peu loupés
Car il est temps d'évoquer à présent ce qui devrait être le cœur du jeu : la poursuite de l'intrigue. Indissociable du système de combat, le déroulement de l'intrigue est par cette occasion d'autant plus affublé d'un caractère répétitif indélébile. En suivant toujours le même schéma, le super-héros doit venir à bout d'ennemis à la composante peu variée (globalement, vous retrouverez à chaque fois un ennemi générique, un autre armé et un tank) en usant des différents combos mis à disposition, puis déverrouiller quelques portes avant de recommencer au niveau suivant, avec de temps à autre un combat de boss à l'intérêt très limité en guise de clôture. Le catalogue de mouvements de Spidey s'étoffe au fur et à mesure de l'expérience engrangée : ici, les développeurs ont opté pour un système d'items à récupérer au sein du décor ou droppés par les ennemis, et cela de la même manière pour la régénération des points de vie. Toujours concernant les items, il est possible de partir à la recherche d'éléments de costumes pour notre héros afin d'obtenir une nouvelle tenue aux propriétés particulières. Au nombre de trois par niveau, ces éléments correspondent à la seule et unique esquisse de quête annexe existante dans le jeu.
En faisant preuve de bonne volonté, on peut néanmoins voir en ces défauts certains avantages. A titre d'exemple, le jeu débarrassé d'éléments de décor en nombre réglementaire et d'ennemis en tout genre permet une évolution fluide (bien que monotone) au sein des niveaux avec un enchaînement d'actions rapide. En tenant compte de l'indulgence autrement plus grande d'un public jeune envers les détails de l'environnement ou le chara design, on pourrait faire l'impasse sur l'affinage malheureux de cet opus. La collecte d'items quant à elle peut aller de paire avec une démarche d'exploration au sein des niveaux et laisser entrapercevoir de ce fait un semblant de farming attaché au brave personnage. Pourtant, de telles subtilités s'avèrent trop frêles pour nous enthousiasmer davantage. N'ayant d'autre choix que de subir un système de jeu mal pensé ou trop peu travaillé, à l'image du déplacement en balancier quasi inutilisable, des énigmes aberrantes ou encore de l'IA peu glorieuse, l'expérience de jeu s'avère pénible et, bien plus encore, l'immersion n'est absolument pas au rendez-vous. Nous voilà face-à-face avec le vilain petit canard de la ribambelle de portages sur consoles.
Points forts
- Une fluidité de jeu appréciable
- Un gameplay adapté aux plus jeunes
- La VOSTFR bienvenue
Points faibles
- Les séquences cinématiques statiques et peu vivantes
- Un gameplay trop lisse
- L'élimination furtive non proposée, qui aurait pourtant pu se prêter au format
- La pauvreté des décors
- L'aspect très répétitif...
Dans la grande famille des adaptations liées à ce second volet de The Amazing Spider-Man, cette version 3DS est la tante qui pique que personne n'aime, les enfants innocents et un peu naïfs mis à part. Il semble approprié de vous mettre en garde une fois de plus contre la dimension trop enfantine de cette version 3DS étrangement estampillée PEGI 12 car, vous l'aurez compris, il vous faudra être très peu exigeant pour ressortir satisfait de l'expérience de jeu qui vous est proposée.