Etes-vous friands de combats à l'épée ? Dans votre jeunesse (ou peut-être même encore actuellement), vos idoles s’appelaient D'Artagnan, Zorro, Capitaine Fracasse... vous vous êtes émus devant Tigre et Dragon, Gladiator, et les aventures de Zatoichi ? Le duel à l'épée n'est pas quelque chose qu'il est aisé de transposer dans l'univers du jeu vidéo. Alors certes oui, certains jeux s'y sont essayés, notamment dans le VS Fighting, mais les sensations sont assez différentes. Alors, aujourd'hui, mes bons, je vous propose de découvrir Blade Symphony, un jeu qui s'est donné pour mission de vous faire vivre des combats à l'épée d'anthologie. Bon gré, mal gré.
Autant vous le dire dès le départ, Blade Symphony n'a rien d'une grosse production. Loin de là. Aux commandes, on retrouve Puny Human Games, un tout petit studio indépendant composé d'à peine quelques personnes, qui était jusque-là connu pour avoir créé Dystopia, un mod de Half-Life 2. Dystopia leur avait apporté une certaine notoriété, puisqu'en 2007, ceux qui étaient encore connus sous le nom de « Dystopia Team » avaient reçu le prix du « Meilleur mod d'Half-Life 2 », catégorie « Mod competition », au Festival du Jeu Indépendant. Rien que ça ! Financé personnellement mais également via Kickstarter, Blade Symphony utilise lui le moteur de Portal 2. Le concept est simple : proposer des combats à l'épée techniques en empruntant des idées à des jeux type sword fighting comme War of the Roses, et la technicité des jeux de baston plus classiques. Et tout ça en online.
Un gameplay étonnamment riche
Je le disais, Blade Symphony vu de l'extérieur ressemble énormément à War of the Roses, le titre de Fatshark, principalement parce que les combats sont entièrement à la troisième personne. Votre personnage se déplace gracieusement dans toutes les directions possibles, peut faire des petits « dash » de côté, des roulades, et même sauter. La palette de mouvements est donc large et il faudra savoir l'utiliser. Vous allez vite le comprendre, malgré cette vue à la troisième personne, Blade Symphony s'appréhende comme un jeu de baston classique (je pense ici à des titres comme SoulCalibur, Samurai Shodown, ou Street Fighter III). Avant de vous lancer dans l'aventure, vous devrez comprendre différents concepts, notamment celui de zoning, qui vous permettra de punir votre ennemi ou de répondre de la meilleure des façons à ses actions. Et pour cela, mes braves, savoir de déplacer dans l'espace sera primordial. Mais ça ne devrait pas vous poser trop de problèmes.
Là où les choses se compliquent sensiblement, c'est lorsqu'il s'agira d'apprendre les actions d'attaque et de défense, et comment les utiliser à bon escient. Par chance, un mode Entraînement plutôt bien foutu est disponible, et il sera indispensable de terminer toutes les leçons proposées si vous souhaitez survivre une fois sur les serveurs où s'affrontent de nombreux joueurs. Système de parry, block, chope et déchope, tout le répertoire basique du bon jeu de combat y passe. En intégrant tout cela, vous apprendrez donc à vous défendre, et vous verrez, ce n'est pas toujours évident. Blade Symphony est un jeu exigeant ! Les timing sont assez serrés, il faudra souvent pouvoir réagir à la frame près pour éviter un coup qui pourrait vous être fatal.
La meilleure défense, c'est l'attaque...
Savoir zoner et se défendre, c'est important, n'en doutez pas. Vous comprendrez vite l'importance du « mind game », mais pour pouvoir sanctionner votre adversaire, il faudra évidemment savoir frapper, et comment le faire. Dans Blade Symphony, il existe trois gardes : rapide, équilibrée, ou lourde. La première fait peu de dégâts mais permet de donner rapidement plusieurs coups, alors que la dernière offre une gamme de coups terriblement lents mais vraiment puissants. La garde équilibrée est un compromis entre les deux, comme son nom l'indique. Vous avez la possibilité de changer facilement de garde, d'autant plus qu'il est possible de switcher en plein milieu d'une séquence d'attaque et donc de créer de nouveaux combos. Le système devrait d'ailleurs rappeler de bons souvenirs aux joueurs de Star Wars Jedi : Knight 2 : Jedi Outcast (et sa suite directe Star Wars : Jedi Knight : Jedi Academy), qui proposait le même système de stances. En combat, les sensations sont assez similaires, mais là où les combats au sabre laser pouvaient parfois paraître hasardeux, dans Blade Symphony, ce n'est clairement pas le cas. Quand vous gagnez un duel, vous savez pourquoi, et en général ce sera à cause du nombre trop élevé de fautes commises par votre adversaire. Savoir profiter de ses erreurs demandera donc de la pratique et du skill. Il est donc assez paradoxal de voir que les développeurs ont choisi de faciliter les choses en laissant apparaître à l'écran la trace du prochain coup que vous allez pouvoir porter. Je dis que c'est paradoxal parce que la base du VS Fighting, c'est justement de connaître par cœur son personnage et le champ d'action de ses coups (portée, direction...). Là, le travail est un peu mâché. Cela se révèle finalement assez pratique, mais le côté « hyper skillé » du jeu en prend un coup.
… ou alors peut-être que c'est l'inverse ?
Je le disais plus haut, la défense n'est pas non plus à négliger. Le zoning vous viendra assez naturellement après vous être fait meuler la face une dizaine de fois, donc c'est surtout sur le système de parry que je souhaiterais revenir. L'idée est simple : lorsqu'un adversaire vous attaque, vous pouvez parer son coup en frappant vous aussi. Les épées s'entrechoquent, la passe d'arme se termine donc sur un match nul. Mais vous pouvez prendre l'avantage sur le parry et contre-attaquer : le système de stance est ici pris en compte, et si vous attaquez votre adversaire avec la garde rapide, il aura le dessus lors du parry s'il est en garde équilibrée, ou lourde. Et ainsi de suite. Un parry réussi vous ouvre plusieurs portes : d'abord, si vous avez contré l'attaque avec une attaque plus puissante, votre adversaire encaissera des dégâts, mais en plus il sera légèrement stunné, ce qui vous permettra de contre-attaquer. Ce qui peut se montrer fatal, puisque certains coups infligent de très lourds dégâts. A titre personnel, je jouais principalement avec la garde lourde, je zonais et répliquais lorsque je détectais une ouverture. Il m'est arrivé de gagner des manches en ayant porté seulement 3 coups, tant les coups que je portais sur parry ou sur contre-attaque étaient puissants. Ce n'est pas forcément ce qu'il y a de plus spectaculaire, mais c'est efficace... si c'est bien fait. A chacun son style !
De la customisation à gogo
Le menu principal de Blade Symphony est assez basique ; ainsi, le bouton « Customize » (oui, tous les textes sont en anglais) attire particulièrement l'oeil. Via ce menu, vous aurez notamment la possibilité de changer de personnages, et l'impact n'est pas que cosmétique. Le choix du personnage définira en fait votre style de combat. Ils ne sont que 4 et on retrouve les archétypes du jeu de baston (le personnage équilibré ; le rapide ; celui qui fait visiblement n'importe quoi mais qui finit toujours vous toucher sans que vous compreniez comment ; le technique) mais cela a bien évidemment le mérite d'apporter un peu plus de profondeur au gameplay. Ces personnages sont en outre personnalisables, différents équipements se débloquant au fil de vos victoires, même s'ils ne sont pas nombreux.
Heureusement, Puny Human a eu la bonne idée de rendre leur soft compatible avec le Steam Workshop. De fait, il est possible pour tout un chacun de proposer ses créations personnelles, et certaines sont très réussies, surtout pour ce qui est des armes. Ce qui me permet d'aborder le sujet, puisqu'il est important ! Il existe 5 types d'épées : les smicitars, les katanas, les jian, les rapières, et les épées longues. Chaque type d'épée a ses caractéristiques, notamment en défense. Par exemple, il est impossible de bloquer des coups avec les katanas, mais ils sont redoutables sur les parry. Les jian et les rapières ne peuvent pas non plus bloquer mais proposent à la place un système de contres très efficaces lorsque vous le maîtriserez. En conséquence, pour débuter, je vous conseillerais plutôt de jouer avec les épées longues ou les smicitars, puisqu'ils permettent de bloquer des coups, simplement en maintenant enfoncer le bouton affilié à la commande. On apprend vite à observer son adversaire, afin de se renseigner sur son (potentiel) style de jeu mais également sur son champ d'action.
Il y a en tout et pour tout 26 épées disponibles, chacune ayant ses forces et ses faiblesses. Pour les débloquer, il vous faudra participer à des duels et les remporter, afin de débloquer des « notes », la monnaie du jeu. Pour les débloquer toutes, il faudra pas mal jouer... ce qui permettra donc de gonfler la durée de vie du soft, qui en a bien besoin, comme nous allons le voir.
Un gameplay efficace au service d'un jeu trop vide
Ce titre à lui seul pourrait résumer Blade Symphony. Oui, le gameplay de ce dernier est franchement bien pensé, le skill qu'il requiert attirera probablement pas mal de joueurs, d'autant plus que les duels peuvent se montrer addictifs. Mais mon Dieu, que c'est vide ! 4 personnages, 5 cartes... c'est bien peu. Et c'est la même histoire pour ce qui est des modes de jeu. Blade Symphony ne propose pas d'aventure solo, à la manière d'un War of the Roses, et repose uniquement sur ses deux modes online. Je vais être honnête, j'ai rapidement mis de côté le mode Duel pour me concentrer sur le mode Chacun pour Soi, simplement parce que je passais plus de temps à attendre mon tour qu'à jouer. Et honnêtement, attendre 10 minutes pour jouer 2 ou 3 minutes, ça agace, surtout si c'est pour prendre une raclée. J'ai donc passé mon temps en Chacun Pour Soi, où l'on peut profiter pleinement de la taille des cartes (contrairement au mode Duel) pour combattre. Vous avez la possibilité d'explorer la map, dans lesquelles vous rencontrerez d'autres bretteurs prêts à en découdre, contre vous ou à vos côtés, d'ailleurs. De fait on assiste souvent à de gigantesques pugilats ! Et comme vous pouvez également provoquer en duel un joueur en particulier, le mode dédié ne sert à rien, concrètement... Il faudra simplement que vos propositions soient acceptés, ce qui arrivera souvent. Lorsque le duel commence, les autres joueurs ne peuvent plus intervenir, et ils apparaissent à votre écran en transparence, afin de ne pas vous gêner. Le système est bien pensé, courir partout sur la carte à la poursuite de votre adversaire, et zoner en jouant avec les décors est même très plaisant. Et surtout, vous n'attendez pas bêtement sans rien faire...
Mais voilà, c'est tout ce qu'il y a à faire dans ce Blade Symphony. On aurait aimé des parties à objectifs, ou simplement plus de contenus, plus de cartes, plus de personnages... n'importe quoi, en fait, pour varier un peu les parties, qui se montrent rapidement très répétitives. Je comparais plus haut le jeu aux jeux Jedi Knight, qui utilisent justement un système de combat assez similaire... mais ils ne se limitent pas qu'à cela, puisqu'ils proposent des phases de FPS et un mode Solo captivant. Le concept de duel à l'épée ne peut pas constituer un jeu à lui seul, en tout cas pas avec un contenu aussi faible. Dommage, puisque les bases sont plutôt bonnes.
Points forts
- Un gameplay riche et technique.
- Une marge de progression très importante.
- Le Steam Workshop, qui enrichit la customisation.
- La bande-son sait se montrer surprenante.
Points faibles
- Trop peu de contenu : on s'ennuie vite.
- Le mode Duel, complètement inutile.
- Un concept qui mériterait plus, beaucoup plus.
- Visuellement, on va pas se mentir, c'est assez pauvre. Indé ou pas.
Blade Symphony pourrait être un très bon jeu. Les affrontement sont techniques et reposent sur un gameplay bien pensé, qui ne laisse aucune place à l'erreur. La marge de progression, pour un épéiste débutant, est donc énorme, et il est franchement gratifiant de triompher de ses adversaires. Seulement, le soft est trop pauvre en termes de contenus pour garantir l'intérêt du joueur, ne serait-ce qu'à moyen terme. Il a en revanche plusieurs mérites, notamment celui de proposer quelque chose d'assez unique, et d'être disponible à petit prix (il est actuellement disponible à l'achat sur Steam pour 9,47 €), le tout avec une conception technique et des finitions correctes, pour un titre développé par si peu de personnes. Blade Symphony pose néanmoins une question qui n'a pas fini de faire débat : le jeu doit-il être entièrement au service du gameplay, ou est-ce l'inverse ?