Si la plate-forme 3D n'est plus le genre dominant de ces dernières années, une petite équipe indépendante a tout de même décidé d'en faire son objet de travail. Largement inspiré par quelques ténors, The Last Tinker saura séduire le jeune public mais laissera sur leur faim ceux qui ont fait leurs armes avec Rayman.
Se lancer dans le développement d'un jeu d'action / plates-formes 3D n'est pas chose aisée tant il y a de facteurs pouvant complètement ruiner l'expérience de jeu, d'un gameplay mal calé à une errance dans le level design. Pour le coup, sans faire de miracles, Mimimi Productions s'en sort plutôt bien en évitant les écueils que d'autres se sont mangés en pleine face. Pourvu d'une version française textuelle (le jeu adoptant pour ses dialogues un babillage imaginaire), The Last Tinker vous invite à découvrir CouleurVille, un petit monde scindé en 3 quartiers dominés par autant de couleurs symbolisant chacune une valeur : rouge, bleu et vert. Si, aux origines, elles vantaient force, courage et curiosité, une étrange gangrène a peu à peu rendu les habitants de CouleurVille agressifs, peureux ou tristes. Et les choses ont empiré lorsqu'un esprit malintentionné se prenant pour un des sales gosses des pubs Kodak a décidé de voler les couleurs, laissant la grisaille envahir le monde.
Un peu de Rayman 3, de Banjo et même une cuillère de Zelda
C'est à Koru que revient la lourde tâche de mettre fin à ce cauchemar monochrome et de redonner des couleurs à un monde inspiré par les loisirs créatifs, fait de papier mâché, de collages et autres bricolages. On l'a dit, The Last Tinker suit un héritage assez direct, celui des références du genre. On y trouve des éléments issus aussi bien de Rayman 3 que de Banjo Kazooie, auxquels on aurait greffé le système de saut automatique d'un Zelda couplé à celui d'Assassin's Creed, les sauts et autres grimpettes se réalisant en maintenant une touche enfoncée. En pratique, Koru progresse donc facilement dans l'environnement, sans avoir à se soucier de calibrer ses sauts même si la chute est possible, se laissant parfois aller à quelques glissades sur des rails. Le combat est également au menu avec la possibilité de délivrer quelques coups à ses adversaires et même d'acheter une poignée de nouvelles attaques qui ne font en fait que booster la puissance des coups. Par ailleurs, chaque esprit des trois quartiers de CouleurVille offrira des pouvoirs spéciaux à Koru, permettant d'effrayer ses adversaires, de les paralyser, de les cogner plus fort ou même de figer le temps un bref instant. La maniabilité n'est jamais prise en défaut et on effectue la plupart des actions sans aucun problème.
Entre la plate-forme et le combat viennent évidemment s'insérer quelques puzzles classiques, déplacement de plates-formes, ajustement de mécaniques ou simplement trouver un moyen de se défaire d'un ennemi. Koru peut de plus compter sur un allié occasionnel, un grand benêt nommé Briggs qui peut également se changer en version miniature et explosive, Bomber. Sous une forme ou une autre et selon la couleur qu'on lui lancera à la figure, il pourra activer un interrupteur, chasser la grisaille environnante ou tout faire sauter autour de lui. Accessoirement, sa dégaine gentiment débile en fait un personnage plutôt fun qu'il est difficile de ne pas comparer à Globox, tant pour son allure que pour son intégration dans les mécaniques de jeu.
Pour les enfants et rien que pour les enfants
Les comparaisons avec les grandes références s'arrêtent là, d'une part parce que The Last Tinker a tout de même son identité propre, d'autre part parce que le titre de Mimimi montre assez vite ses limites. Extrêmement facile, voilà un soft qui s'adresse très clairement à un jeune public que l'on souhaiterait initier au genre en douceur et sans aller piocher dans nos "vieilleries". Un public qui pardonnera aussi peut-être plus facilement le côté méchamment répétitif de The Last Tinker, qui tourne en rond avec ses 5 ennemis et son boss qui revient en boucle toutes les heures, ainsi que pas mal de séquences un peu plan-plan durant lesquelles on avance sans vraiment croiser d'embûches ou d'actions à accomplir. Cette jeune cible transpire d'ailleurs dans les textes et le scénario particulièrement enfantins et naïfs. Dans son genre, The Last Tinker fait plutôt bien le boulot, il est accessible sans chercher à devenir stupidement simpliste et peut se vanter d'un design qui, s'il a des chances de ne pas séduire tout le monde (notamment côté personnages), est au moins atypique. Donc si vous avez un jeune joueur sous le coude et que vous ne le sentez pas prêt à plonger dans votre vieille copie de Rayman 3, vous avez là une bonne mise en jambes.
Points forts
- Accessible pour de jeunes joueurs
- Techniquement très propre
- Un design chaleureux et atypique
Points faibles
- Malgré tout répétitif
- Le character design un peu spécial
The Last Tinker : City of Colors est à réserver à un jeune public qui trouvera là un bon point d'entrée au genre action / plates-formes en 3D. Très accessible, techniquement et artistiquement soigné (en dehors de son character design plus sujet à discussion), c'est un bon choix pour une tête blonde débutante... Un peu plus de variété n'aurait toutefois pas été de trop pour égayer la huitaine d'heures de jeu.