Il est toujours compliqué de comprendre la chronologie de la série Ys, tant celle-ci est friande de remakes et portages en tous genres. Pour faire simple, disons que Oath in Felghana est un remake du Ys III : Wanderers from Ys de 1989, à l'aide du moteur de l'épisode VI Ark of Napishtim sorti deux ans plus tôt. Vous suivez toujours ? La version PC originale n'ayant jamais franchie les frontière de l'archipel nippon, Xseed décidait en 2011 de localiser un remake PSP en se servant d'une version traduite par des fans, avant d'appliquer l'année suivante le même traitement à la version PC, celle qui nous intéresse ici.

Une formule qui marche

On retrouve Adol et Dogi qui, après tant d'aventures, décident de faire une petite pause bien méritée en se rendant à Redmont, la ville d'origine de ce dernier. Et vu que la poisse leur colle comme d'habitude à la peau, leur arrivée coïncide bien entendu avec divers événements étranges à commencer par la résurgence de nombreux monstres sur le continent de Felghana. Pratique pour faire du leveling. Mais ce n'est là que le cadet de leurs soucis, contrairement à un noble de la région qui terrorise la population et qui pourrait bien ne pas être étranger aux mystérieux phénomènes. Pour ne rien arranger, c'est avec la rancune tenace de l'ancien ami d'enfance de Dogi qu'il faudra composer. Autant dire qu'avec tout ça, notre jeune héros ne se trouve pas en terrain amical, mais il en a l'habitude et ses talents à l'épée lui permettent toujours de se sortir de tous les mauvais pas. C’est désormais inévitable dans cette série, le scénario ne brille pas par son originalité et les dialogues trop plats ne sont là que pour vous aiguiller au fil de l’aventure.

Comme tous les Ys modernes, Oath in Felghana marie action-RPG et plate-forme dans une formule éprouvée. Directement repris de l’épisode VI, le gameplay vif et sans gros temps mort demande d’utiliser les trois techniques spéciales à bon escient pour franchir les obstacles. L’une d’entre elles permet par exemple de tirer parti des pouvoirs du vent pour voleter quelques instants entre deux plates-formes trop éloignées. Une autre sera parfaite pour détruire les rochers qui vous barreront la route. Ces techniques trouvent également leur utilité dans le combat courant, offrant respectivement une possibilité de crowd-control et une attaque à distance. Une simple pression sur un bouton permet d’alterner entre les trois pouvoirs, ce qui n’est pas forcément des plus pratiques dans le feu de l’action, quand certains ennemis deviennent insensibles à l’un ou l’autre des éléments mais que le changement refuse de se faire comme vous l’auriez voulu. La série ayant gardé une patte résolument old-school, le moindre coup mal placé peut vous mettre en fâcheuse posture ; heureusement vos ennemis ont la gentillesse de laisser quelques objets de support au sol avant de rejoindre leurs ancêtres, ce qui vous permet de récupérer santé et magie en plus de divers bonus d’attaque ou de défense. Notez que ces objets sont ici à consommation immédiate, et non plus à utiliser dans le menu – un choix judicieux permettant de mettre l’emphase sur l’action plutôt que sur une préparation à outrance. Vous pouvez bien sûr améliorer vos armes et armures dans une certaine mesure, mais vous ne pouvez plus stocker des quantités d’objets de soin en cas de coup dur.

Ysy mode ?

Par la magie de la localisation des jeux japonais, cette dernière version qui nous arrive n'est pas la dernière version en date, ce qui signifie que les quelques ajouts consentis par la version PSP ne sont ici pas présents. Si les rapides combos à l'épée et les techniques spéciales sont plus que jamais à l'ordre du jour, ce n'est plus le cas du double-boost, ici limité à sa version simple. Pour mémoire, ledit boost est une fonction d'Adol lui permettant de bénéficier d'une amélioration d'attaque et défense. Le double boost de la version PSP permettait également de soigner Adol et de blesser les ennemis, ce qui n'est pas possible dans cette version. Non pas que cela fasse une différence énorme en termes de gameplay, car dans le jeu courant les ennemis ne sont presque jamais une menace, contrairement aux nombreux boss du jeu. La plupart des combats contre ces mastodontes ne demandent que de comprendre la technique à utiliser ou l'action à accomplir pour toucher l'adversaire, et de la répéter ad nauseam jusqu'à ce que mort s'ensuive. Le vrai problème étant justement d'y parvenir, tant les temps morts dans leurs attaques sont compliqués à appréhender, d'autant que quelques coups de leur part suffisent en général à réduire vos efforts à néant. Une simple erreur et c'est la mort.

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C'est d'ailleurs l'occasion d'aborder l'une des petites anicroches du jeu : la trop forte influence du niveau d'Adol et de son équipement sur les capacités offensives et défensives de notre héros. Pour être clair, une différence d'à peine quelques points de statistiques peut faire varier les dégâts causés ou subis du simple au double. En d'autres termes, votre capacité à vaincre les boss est plus influencée par le niveau que par le skill du joueur, avec comme conséquence directe de devoir parfois passer quelques minutes à emmagasiner de l'expérience avant de retenter certains ennemis trop costaux. Au risque, parfois, de tomber dans l'excès inverse. On obtient donc un jeu d'une difficulté assez inégale, tantôt trop simple, tantôt frustrante à en crever. Ce n'est donc pas vraiment étonnant que l'un des trophées du jeu demande de mourir dix fois de suite face à un même boss. Mais vous pouvez choisir au début de la partie l'un des six modes de difficulté à utiliser. A moins d'être un vétéran de la série, ne voyez pas trop gros pour vous, c'est un conseil.

Une réalisation au top… pour 2005

Bien évidemment, après sept ans à dormir dans les cartons de Falcom, le jeu nous arrive un peu défraîchi. Les graphismes ont du coup pris un méchant coup de vieux, comme le reste de la réalisation. Il serait pourtant injuste de le reprocher à l’éditeur plein de bonne volonté, l’important étant ici ailleurs. Heureusement, ce manque de polish ne touche pas la partie sonore. La musique a souvent été l'une des forces de la série, et cette OST n'y fait pas exception. Déjà excellents dans l'original, les morceaux de Mieko Ishikawa trouvent une seconde jeunesse dans ces superbes arrangements, et le plaisir de jeu n'en est que plus grand. Autant vous dire qu'entre ces morceaux d'inspiration rock bien rythmés et les combats et déplacements nerveux et bourrin à souhait, le cocktail vitaminé ainsi composé va vous mettre en forme pour quelques belles heures.