L’Histoire avec un grand H consiste en bien des époques, toutes aussi marquantes. Depuis les pyramides jusqu’au train à vapeur, les siècles ont passé tout en nous faisant rêver à ces lointains ancêtres que l’on en vient parfois à envier. Mais si la Renaissance et l’Antiquité ont leurs supporters, une époque en particulier fait secrètement rêver tout bon amateur d’heroïc fantasy : le Moyen Age. Brisures de plastron, tirs d’arbalètes et assauts de châteaux forts ne manquent pas d’enthousiasmer tous les publics, pour peu qu’on y ajoute quelques dragons. Alors quand un titre vient frapper au pont-levis pour proposer une expérience médiévale mâtinée d’humour et de destruction, qui serait assez fou pour refuser ? Préparez donc votre épée et votre traitement contre la peste, CastleStorm vous attend, vaillant chevalier !
Ils vécurent heureux, eurent beaucoup d’enfants et moururent du choléra…
Après pareil commencement, impossible de se tromper : dans CastleStorm, il est bien question de forteresse, de chevaliers en armure et de gueux n’ayant pas encore découvert les bienfaits du savon. Vous voilà catapulté (littéralement, rassurez-vous) dans une région sauvage où une guerre millénaire entre chevaliers et Vikings fait rage. Attristée par ce massacre permanent, la déesse locale se décide à accorder aux deux peuples une gemme unique qui donnera la vie éternelle à leur leader. Entre deux chasses au troll, le calme revient donc sur la contrée et du côté des chevaliers. Ser Garett, duelliste émérite à l’ego surdimensionné, savoure d’être payé à protéger le royaume sans rien faire. Mais voilà : bandits, Vikings et créatures fantastiques se mettent subitement à attaquer de toutes parts. Pourquoi, c’est ce que notre chevalier se doit de découvrir, à grand renfort d’épées et de balistes. Autant vous dire que cela va chauffer, et on ne parle pas seulement de l’huile bouillante pour protéger les remparts !
CastleStorm se présente sous la forme d’un tower defense en 2D assez unique en son genre, mettant la plupart du temps en scène un duel entre deux châteaux opposés. Dans ce duel de périophtalmes en cuirasse, le joueur se devra d’anéantir le château / la base ennemie tout en préservant le sien. Projectiles divers, pouvoirs magiques mais aussi unités contrôlées par l’IA ou encore champions jouables seront autant d’outils à la disposition du stratège médiéval qui sommeille en chacun, avec un seul but en tête : être le dernier encore debout une fois que les munitions de catapulte seront épuisées.
Game of Throw
L’humour étant très présent lors de la campagne scénarisée, il faut bien sûr s’attendre à de nombreuses références aux univers les plus célèbres du fantastique ainsi qu’aux séries bien connues de tous. Ainsi l’évocation d’un « grand Mur au Nord censé repousser les loups » se mêlera à la perfection avec des « lancers de moutons » pas piqués des vers. Humour loufoque mis à part, comptez bien serrer les dents lors des batailles souvent dantesques, alors que les projectiles fusent et que les ennemis vous surprennent par leur nombre. Trolls, dragons, griffons, loups, guerriers vikings, bersekers et bien d’autres voudront votre peau et c’est à vous de prouver qu’ils ont Thor (et tort). Pour ce faire, votre baliste sera votre meilleure amie, projetant divers objets à la manière d’une célèbre série faisant s’affronter volatiles et suidés. Javelots, pommes explosives, blocs de roches, boules piquantes… Tout ce qui vous tombe sous la main est à utiliser.
Pour protéger son fort, le joueur en manque d’autorité pourra aussi invoquer des soldats pour défendre ses murs et ses bannières : archers, guerriers, cavaliers ou chevaliers, rien n’est trop beau pour garder votre tas de pierres intact. Si ces braves qui se revendiquent officiellement comme de la « chair à canon » ne vous suffisent pas, vous pourrez aussi faire appel à des héros tel que Ser Garreth lui-même, contrôlé directement pendant un court temps, juste assez pour éclaircir les paysages souvent obstrués par les barbes rousses des Vikings. Chaque projectile, unité ou pouvoir peut être améliorer pour maximiser son efficacité avec l’or ramassé lors des missions : un bon moyen de dépenser le magot royal que le joueur moyen ne manquera pas d’accumuler au cours de sa croisade !
Le seigneur des créneaux
Non content de proposer un mode solo plutôt complet bien que relativement court, CastleStorm propose également une rejouabilité certaine : en plus de garantir bonus et trophées aux joueurs qui tenteront les modes de difficulté les plus élevés, chaque niveau dispose de son propre objectif bonus (faire une série de 10 ennemis tués, ne pas perdre de pièces de votre château…) qui garantira une notation optimale aux plus courageux. Les acharnés pourront également tenter les modes Survie et Défis, faisant la différence entre l’écuyer et le paladin. Pour les plus créatifs, un éditeur de château certes simpliste mais sympathique permettra à chacun de se mettre dans la peau d’un architecte moyenâgeux et de disposer son garde-manger, sa salle des gardes, sa chambre d’entraînement et autres installations selon son bon vouloir. Enfin, la possibilité de s’affronter en multijoueur dans des batailles forcément épiques ne manquera pas de ravir les inconditionnels du jeu en ligne.
L’aventure ne s’arrêtera pour autant pas là pour les possesseurs de la "complete edition" puisque cette version comprend les deux campagnes additionnelles "De paria à sauveur" et "La reine guerrière" qui, sans révolutionner le contenu originel, sauront proposer une expérience de jeu savoureuse à travers de nouveaux héros, de nouveaux environnements (mention spéciale à l’aéroport royal, oui vous avez bien lu) et de nouveaux pouvoirs / armes. Une occasion à ne pas manquer, surtout si elle est offerte à petit prix !
Un voyage inattendu pour la désolation
Smaug n’intervient en rien ici et pourtant une fois la poussière des gravats retombée, il est grand temps de constater l’étendue du carnage et de tirer un petit bilan de cette expérience pas comme les autres. Les défauts d’abord, et l’un des premiers à noter est peut-être la répétitivité du titre qui peine à se renouveler entre deux combats, pour peu que ces derniers se déroulent dans les mêmes décors. Le déblocage d’une nouvelle unité / arme a beau être sympathique, il ne révolutionne en rien un nouvel affrontement à venir. La durée de vie de la campagne principale, correcte sans plus, pourra aussi être pointée du doigt par les admirateurs de Ser Garreth, qui auraient aimé tailler du Viking en sa compagnie quelques heures de plus.
Pour autant, il n’est pas question de laisser trépasser ainsi ce tower défense atypique : fort d’un contexte original et prêtant souvent à sourire, CastleStorm saura attirer l’attention du joueur en manque de stratégie et de personnages hauts en couleur, grâce à un contenu conséquent et à un gameplay simple mais diablement efficace. Au final, CastleStorm est donc un titre des plus agréables pour de courtes sessions, fun et accessible à tous. L’exemple même du jeu moyen… âgeux bien sûr !
Points forts
- Univers médiévalo-fantastique des plus caustiques
- Gameplay simple et accessible
- Contenu conséquent, surtout pour les possesseurs de l’édition complète
- Nombreux modes de jeu, y compris en multijoueur (coop, 1 vs 1)
- Certains défis à la hauteur des attentes en termes de difficulté
- Rendu cartoon plutôt réussi et se prêtant bien à l’humour omniprésent
Points faibles
- Campagne solo un peu courte
- Répétitif à la longue
- Trop de niveaux sur les mêmes environnements
- Quelques soucis de stabilité en ligne
Passé plus ou moins inaperçu dans la jungle des productions indépendantes, CastleStorm tire son épingle du jeu en remettant le Moyen Age au goût du jour à travers un type de jeu qui ne saurait mieux convenir à ce contexte : le tower defense. Simple, drôle et coloré, ce titre ne manquera pas de séduire son public grâce à un contenu plutôt conséquent et à son univers bien particulier. Sur ce, ribauds, que diriez vous d’aller faire sauter un château ou deux ?