La Xbox One trouve ce mois-ci son tout premier jeu familial de type party game utilisant Kinect 2.0. C'est l’occasion, pour nous, de tester la bête en détail afin de voir si le studio Rare sait toujours y faire en la matière, à défaut d’avoir retrouvé sa gloire d’antan. Et si l’activité Jet-Ski, plutôt réussie au demeurant, avait été montrée à chaque fois que le jeu pointait le bout de son nez, c’était pour une bonne raison…
Kinect Sports Rivals sonne déjà comme une énigme de par son titre. Il mentionne "sports", soit, jetons donc un œil à la liste des activités proposées : tir, Jet-Ski, tennis, bowling, escalade et football. Les efforts physiques semblent bien au rendez-vous, mais que ceux souhaitant faire travailler leurs muscles se calment tout de suite : Kinect Sports Rivals est un jeu plutôt statique dans lequel vous n’aurez du sport que les courbatures ou les crampes aux bras. Penchons-nous donc ensuite sur le terme "Rivals" : on peut évidemment s’attendre à de la coop entre amis ou à du multijoueur local comme le proposaient ses aînés. Pas de grosses surprises à ce niveau-là, le titre est intégralement jouable à deux en splitté, quant au online, il permet d'affronter des bots affublés de gamertags, ou vos amis du Live, faute de mieux pour l'instant. Enfin, le terme "Kinect" attire logiquement notre attention et c’est à ce moment-là que nous étudions les capacités de la caméra 2.0 à l’efficacité longuement vantée. Mais ne brûlons pas les étapes et commençons par le pitch de départ, puisqu’il est si savoureux.
Bruce Willis, aide-moi !
Ce 3ème épisode signé Rare commence plutôt bien puisque la voix du doubleur de Bruce Willis (Patrick Poivey) vous accompagne pour la création faciale automatisée de votre avatar sportif. La technologie peut paraître impressionnante de prime abord mais elle ne prend pas très bien en compte certains détails comme la pilosité par exemple… Dommage. On ressort donc avec un avatar ressemblant assez à un standard des studios Dreamworks et votre humble serviteur s’est vu transposé virtuellement sous la forme d’un semblant de Moïse du Prince d’Egypte. La balade continue avec la présentation du background de cet épisode, assez simpliste : jugez plutôt. Vous êtes un « sportif », fraîchement débarqué sur une île paradisiaque au sein de laquelle se prépare un championnat dantesque sur les 6 activités du jeu.
On doit donc fricoter avec trois équipes diamétralement opposées et clichées au possible. Il y a la légion Aigles, tout de blanc vêtue, qui peine à recruter des talents et souhaite retrouver son ancienne aura. Elle excelle dans les sports nobles tels que le tennis, le football ou encore le Jet-Ski. A ses côtés, on retrouve le clan des loups, sortes d’Indiens 2.0 adeptes d’escalade et de bowling. Ces deux équipes sont menacées en douce par le réseau Vipère et ses deux représentants, le geek de service et sa camarade d’infortune. La première phase de jeu (comprenez ici la découverte des sports, des équipes, et des divers challenges) vous place tour à tour face à ces trois équipes, permettant d’apprécier la trame, chapeauté par l’entraîneur de l’île qui, non content d’être lui aussi dénué de charisme, se paye un doublage chaotique, à l’image du reste de la VF et de la mise en scène du titre, un accessoire qui aurait dû rester secondaire.
Une esthétique colorée au service d’une technique souvent à la ramasse.
Si le titre est plutôt agréable à l’œil et faisait jusqu’ici honneur aux présentations et aux trailers, la réalité fait tout de suite déchanter. Aux problèmes de synchronisation labiale frisant parfois le ridicule s’ajoutent de gros soucis de chargements et de cut-scenes inutiles qui ne tarderont pas de vous gonfler. Comptez en moyenne une minute de loading avant chaque activité, que vous veniez de la faire ou que vous changiez totalement de style. A ce laps de temps s’ajoutent donc les éventuelles scènes de dialogue, qui font bonne impression les deux ou trois premières fois avant de devenir totalement fades, en plus d’être imposées. L’enrobage du titre est pourtant assez travaillé, avec son île paradisiaque (que l’on aperçoit dans les cinématiques et dans certaines activités), ou grâce à sa playlist musicale de « djeun’s » à base de tubes et d’électro bon marché, mais les lacunes au niveau de l'optimisation des différents sports rattrapent très vite le tout…
Le Jet-Ski et l'escalade sont réussis, le reste... est un mystère...
Si Microsoft a mis le paquet sur l’activité Jet-Ski c’est pour une bonne raison, précisée en introduction de ce test. En effet, la course d’engins nautiques semble avoir bénéficié d’un travail colossal par rapport aux autres activités. L’écart se ressent même dans l’optimisation des contrôles, qui, il faut l’avouer, répondent plutôt bien sur le sport susmentionné (malgré quelques pertes de reconnaissance qui vous rendront, les fois où des places sont en jeu, plutôt agressif). La prise en main s’avère par contre assez laborieuse sur des activités comme le tir ou le tennis. Au sujet de ces derniers, rien de bien trépidant, le tir se résume à pointer du doigt des ronds qu’il faudra cibler dans un ordre particulier pour amasser un paquet de points et battre votre adversaire.
Les activités ont toutes leurs petites subtilités, comme par exemple la possibilité de voler des points à l’adversaire en dézinguant les quelques cibles à votre portée sur l'activité tir, ou en activant une tourelle qui fera perdre des points à l’opposant. On travaille donc son esquive gauche droite les rares fois où l’on en aura besoin et on passe au final plus de temps à avoir mal au bras et à tiquer sur quelques aléas de reconnaissance. Le problème se répète sur le tennis qui ne fait intervenir ici que les coups, à gauche, à droite ou en smash, avec une prise en compte de la puissance : du Wii Sports amélioré en somme… On remarquera également les power-up, utilisables par le geste ou par la voix. A ce sujet, Kinect fait un travail plutôt satisfaisant et permet d’éviter de se prendre la tête dans les menus en contrôlant l’interface à la voix, si vous avez du temps à perdre en lisant la liste de commandes.
Egalement au rang des activités déjà vues, on retrouve le football, dans une version plutôt risible. Vous contrôlerez ici un simple joueur, devant passer la balle à ses coéquipiers statiques sans se la faire chiper par des mannequins. Si vous arrivez à faire passer la balle jusqu’au buteur, vous devrez marquer du pied ou de la tête dans les cages adverses, un exercice aussi précis qu’épique. En revanche, lors de la phase de défense, vous n’aurez qu’à attendre que le CPU fasse de même jusqu’à frapper, et vous aurez alors un laps de temps diablement long pour vous placer et mettre la main à l’endroit indiqué. Autant dire que prendre un but sur les premières heures de jeu relève de la narcolepsie.
L’escalade par contre se révèle intéressante sur son principe comme sur sa pratique. Elle exige une certaine précision et vous demandera globalement de lever les bras en direction d'une prise praticable, de serrer les poings et de rabaisser le tout au niveau de votre bassin. Si le tracé tourne à gauche, saisissez des prises dans cette direction et continuez votre grimpette. Des petits pièges sont disséminés sur les parcours et vous devrez parfois temporiser, gérer votre endurance (faire une pause pendant 5 secondes), et repartir. Vos adversaires pourront vous prendre le pied afin de tenter de vous faire tomber, et vice versa. Si vous êtes en danger ou si vous sentez qu’une prise est trop en hauteur, vous pouvez sauter sur place pour faire un boost et ainsi pouvoir atteindre le sommet plus facilement.
C’est au final le jet-ski (quelle surprise) qui s’avère être le plus fun et le plus abouti. Cette épreuve est non seulement fournie en contenu (5 courses différentes), mais c’est aussi la plus plaisante à l’œil, avec une vraie exploitation du moteur graphique, une impression de vitesse correcte et une gestion des vagues assez élaborée. Le gameplay y est simple puisque l’on tient un guidon virtuel : la poignée droite sert à accélérer, la gauche à freiner, et il suffit d’avancer ou de reculer vos poings pour tourner, avec une précision souvent impressionnante. La victoire se jouera ici sur votre capacité à négocier les virages correctement (en vous penchant si vous souhaitez accentuer votre courbe), mais aussi sur votre goût du risque puisque les power-up se rechargent en faisant des figures et autres cabrioles. En parlant de ces améliorations souvent salvatrices, sachez qu’il est possible de choisir entre trois pouvoirs par activité. Pour ce faire, vous devrez passer par le marché pour dépenser vos pesos durement gagnés et acheter de l'équipement préalablement déverrouillé par votre niveau de compétence. Car oui, Kinect Sports Rivals propose une véritable évolution de votre profil, avec son lot d’XP, de fans à conquérir, de tenues et d’accessoires dédiés aux diverses activités.
Une vraie progression au service de la durée de vie
Là où Kinect Sports Rivals arrive à surprendre, c'est surtout sur sa durée de vie puisque contrairement aux titres analogues, dont on fait souvent vite le tour et qui puisent réellement leur aura des expériences multijoueurs, celui-ci vous proposera une vraie progression avec un certain aspect gestion. Que faire de tout l'argent et de toute l'XP gagnée ? Acheter de nouveaux accessoires pour vos activités favorites, en échangeant par exemple votre matériel de bowling de base pour une boule plus agressive et disposant d'un autre power-up (3 au total par activité) et de statistiques différentes. Vous avez évidemment le choix puisque les 6 activités proposent 20 accessoires différents, ainsi qu'une quinzaine de tenues dédiées si c'est la customisation esthétique qui vous intéresse. Ce système de niveaux vous permettra d'avoir accès à toujours plus de tracés au sein des activités et vous servira à frimer face à vos amis sur le Kinect Rivals Hub, le QG des classements et des défis (application Xbox One gratuite).
Les images illustrant ce test ont été capturées à partir de vidéos.
Points forts
- Deux nouvelles activités réussies : l'escalade et le jet-ski
- Le système de progression qui rallonge la durée de vie
- Une bonne gestion du Kinect 2.0, sur certaines activités...
- Les activités sont jouables à deux joueurs en local
Points faibles
- 4 activités décevantes (le bowling, assez réussi, est au final du déjà-vu, le tir, le football et le tennis sont imprécis et peu intéressants)
- VF dramatique et synchronisation labiale génératrice de fous rires
- mise en scène inintéressante, accessoire, mais imposée !
- Chargements diablement longs
- Un online un peu décevant pour l'instant
- Nécessite de la place pour être pratiqué correctement
- Plusieurs activités vous donneront mal aux bras à la longue
Kinect Sports Rivals s'impose comme le premier et seul party game actuel sur One, ce qui lui donne un petit avantage, bien que l'éventail d'activités soit limité et plutôt décevant en moyenne. Il reste un bon titre à destination de la famille avec un contenu correct et une durée de vie honnête, rallongée par le challenge online ou local, potentiellement intéressant. On recommandera surtout les activités jet-ski et escalade, le reste étant du déjà-vu ou trop imprécis pour être vraiment agréable. Ah, j'oubliais, attention aux crampes aux bras !