Depuis des années, la série des Deception nous livre ses épisodes à un rythme particulièrement lent. Ce n'est pas nécessairement un mal tant le concept reste le même depuis bientôt 20 ans : Utiliser des pièges pour se défaire d'ennemis de la façon la plus violente, sadique et humiliante possible. Fort joli programme dites donc !
Ne vous cachez pas, je sais ce qui vous a attiré sur cette page. Cette fibre diabolique qui se terre derrière vos bonnes manières. Ce petit plaisir sadique que vous masquez au mieux, mais qui ne manque pas de ressortir de temps à autre. Il ne servirait à rien de le nier, vous ne faites rien de mal. L'être humain est ainsi fait : il a parfois un besoin irrépressible de destruction, une affinité pour la souffrance, si possible des autres. En cela, Deception IV : Blood Ties est un titre qui parle à vos profondes pulsions. Mélange entre torture physique et psychologique, il offre au joueur un exutoire, jumelé à un gameplay très nippon qui oscille entre le jeu de réflexion et le RPG tactique. Son concept est fichtrement simple : faire tomber les ennemis dans des enchaînements de pièges. Si les objets utilisés semblent plutôt sortis d'un dessin animé ou du Benny Hill Show, les gerbes de sang qui résultent de votre perfidie justifient le PEGI 16. Mais pourquoi tant de haine direz-vous ? Mais parce que vous êtes la fille du Diable pardi !
It's a trap !
En effet, vous jouez le rôle de Laegrinna, prête à tout pour ouvrir le sceau qui empêche son père d'écraser le monde de sa malveillance. Pour vous épauler dans la quête des 12 versets qui sauveront papounet, vous êtes aidé de trois entités : Caelea, qui représente l'élégance, Veruza, qui représente le sadisme et enfin Lilia, personnification de l'humiliation. Ces trois entités sont en fait l'image des trois types de pièges que vous pouvez utiliser sur les ennemis, ce qui a une incidence directe sur le gameplay dont nous reparlerons plus tard. Ce qu'il convient de comprendre, c'est que Blood Ties est divisé par chapitres dans lesquels le principe est toujours le même. Poursuivi par des sbires dans des pièces et couloirs, vous devez utiliser votre fourberie pour vous défaire de vos ennemis. Pour cela, pas d'armes ni pouvoirs magiques, mais la possibilité de poser différentes embûches sur les murs, plafonds et sols. Le principe, c'est qu'il est possible d'enchaîner les pièges avec un minimum de malice : on peut imaginer un tremplin qui envoie un ennemi dans un piège à ours avant qu'un pendule l'envoie valdinguer sur des pics cachés dans un mur. Plus le combo est long et plus vous gagnez de points.
Chasse aux pigeons
Là où les choses sont censées se compliquer, c'est que vos ennemis ne sont pas toujours sensibles à tous vos pièges. Certains peuvent par exemple éviter les pièges qui viennent du sol alors que d'autres seront immunisés contre les dégâts de feu. Etant donné que vous avez accès à leurs caractéristiques à tout moment, vous savez cela dit à quoi vous en tenir. Notez aussi que certains d'entre eux sont plus vigilants que d'autres. Si vous activez un piège juste devant leurs naseaux, ils auront conscience que la case en question est dangereuse et passeront alors à côté. Mes aïeux, seraient-ils malins ? Pas tant que cela... Il vous suffit alors de retirer le piège et de le mettre ailleurs pour les berner avec une facilité déconcertante. Un problème d'intelligence artificielle qui est au final loin d'être un cas isolé. Dans leurs déplacements, il n'est vraiment pas compliqué de berner vos adversaires, qui ont tout de même la fâcheuse habitude de vous foncer dessus les yeux fermés quoi qu'il advienne. Etant donné que les pièces sont séparées par des couloirs (et des portes), le plus simple reste souvent de placer un piège juste devant la porte d'entrée vers votre salle afin de les enchaîner dans un combo infernal à peine arrivés. Quand on sait que vos pièges se sauvegardent d'une pièce à l'autre, c'est finger in the nose.
Diaboliquement barbant
Devant votre facilité à esquiver les ennemis, votre principale inquiétude sera surtout de faire les meilleurs combos pour engranger un maximum de points. Ici, l'important est d'enchaîner des pièges de même type (élégance, sadisme et humiliation, pour rappel) afin de bénéficier d'un coefficient multiplicateur et d'engranger les points dans ladite catégorie. Vous pouvez même bénéficier de bonus si vous remplissez régulièrement les conditions spéciales données par les entités représentatives. Si Veruza vous demande d'utiliser le pendule pour tuer un ennemi et que vous vous exécutez, vous raflerez encore plus de points dans la catégorie sadisme, vous permettant de débloquer d'autres pièges de cette catégorie. Il n'est pas rare qu'une des entités vous demande d'utiliser les pièges déjà présents dans les salles, dont vous pouvez user dans votre enchaînement. Cela dit, ces derniers sont aussi dangereux pour vous que pour vos ennemis, ce qui vous demandera une vigilance supplémentaire. Malheureusement, malgré un aspect scoring fortement prononcé, le système de Blood Ties reste, sur le long terme, affreusement répétitif. Bien que torturer son prochain soit forcément une option louable, on ne peut pas dire que l'excitation provoquée tienne la route et le concept perd rapidement de sa saveur, pas aidé par le manque de fun des courses-poursuites avec les ennemis. Dès qu'on a trouvé un enchaînement qui marche, on a tendance à l'utiliser plus que de raison, parce qu'au final, ça reste la solution la plus simple et rapide de battre les ennemis. Notez que dans certaines salles, il est possible d'envoyer les ennemis dans des cages afin de les emprisonner, même s'il faut avant cela s'assurer qu'ils aient perdu une bonne portion de leur barre de vie.
Ces petites choses qui vous gâchent la vie
Mais si le concept en lui-même finit par manquer de fun, la réalisation générale de Blood Ties y est aussi pour beaucoup. Il y a tellement de choses à dire que je ne sais même pas par quoi commencer. La caméra, pourtant contrôlable, ne se trouve que trop rarement dans la position adéquate. Malgré un système de lock, garder un œil sur nos pièges, les ennemis et ce qui vient devant nous est pratiquement impossible. On aurait presque préféré une bonne vieille caméra en hauteur, ce qui nous aurait peut-être épargné la vision d'animations dépassées et de textures vieillottes, les graphismes ayant quelques années de retard. Mais pour en revenir au gameplay, l'autre gros problème concerne le fonctionnement des pièges. Allez savoir comment sont gérées les hitbox, mais on a parfois l'impression qu'un ennemi passe carrément au travers d'un piège sans réaction, alors que d'autres fois, on arrive à toucher un ennemi pourtant clairement sur la case d'à côté. Il en va de même pour les pièges qui ne touchent qu'à une certaine hauteur. Etant donné que chaque piège a un temps de rechargement, cela s'avère rapidement pénible. Tout aussi pénible est la structure même des niveaux, des enchevêtrements de pièces qui manquent de surprise et d'intérêt.
Pas grand-chose à se mettre sous la dent
Autre échec, le contenu de Blood Ties n'est pas vraiment folichon. Si votre personnage peut évoluer (achat de nouveaux pièges et compétences), les choix restent maigres. La jaquette a beau essayer de nous impressionner en annonçant 120 pièges différents, ce nombre est finalement loin d'être suffisant pour entretenir la flamme, d'autant qu'il compte ceux déjà disponibles dans les arènes. Les modes supplémentaires qui viennent se greffer au mode Histoire ne cassent pas trois pattes à un canard non plus. L'un vous permet juste de choisir une salle et des ennemis pour faire ce que vous faites déjà dans le mode principal, un second est constitué de 100 missions qui vous demandent de remplir des objectifs très similaires à ceux des entités dans ce même mode principal alors que le dernier, peut-être un poil plus intéressant sur le papier, vous propose de créer des pièces avec des pièges pour les envoyer à vos potes en ligne. Fun dans l'idée, mais encore une fois, pas assez riche pour tenir sur le long terme. Au final, Blood Ties est loin d'avoir les qualités requises pour être considéré comme un bon jeu. Si quelques joueurs arriveront sans doute à accrocher à son concept, les autres passeront leur chemin.
Points forts
- Des pièges sadiques
- Un système de combos pas mauvais
- Voix en japonais, textes en français
Points faibles
- Une réalisation datée
- La caméra, très pénible
- La gestion des hitbox souvent aléatoire
- Un manque flagrant de contenu
- Un concept qui s'essouffle vite
- Un style général plutôt glauque qui pourra en repousser certains
Deception IV : Blood Ties est sans aucun doute possible un pur jeu de niche. Le titre de Tecmo ne compte que sur un seul élément pour plaire : le sadisme de ses pièges. Bien que le concept des combos peut sembler fun l'espace d'un instant, le soufflé retombe relativement vite et la plupart des joueurs n'y verront plus que la réalisation très faiblarde, la caméra inadéquate ou encore le gros manque de contenu. Si vous pouvez rester hilare pendant des heures devant les mêmes gags, vous pouvez tout de même tenter votre chance.