Après un premier essai peu concluant avec MUD l'an passé, le studio italien Milestone s'essaye à nouveau à la simulation de motocross avec MXGP. Les défauts ont-ils été corrigés ? Les licences officielles du championnat du monde sont-elles bien exploitées ? Voilà les questions auxquelles nous allons essayer de répondre.
Comme évoqué en introduction, et comme le laisse penser le nom même du jeu, MXGP : The Official Motocross Videogame comprend toutes les licences du championnat du monde. Mais attention, comme c'était déjà le cas dans MUD, il ne s'agit pas des licences de la saison en cours, mais de la précédente. Si vous souhaitez piloter une Husqvarna ou trouver Frossard sur Kawasaki, vous pouvez donc passer votre chemin. Cela est d'ailleurs aussi vrai pour les circuits puisque par exemple le Grand Prix de France se déroule à Ernée et non à Saint-Jean-d'Angely. Ceci étant, Milestone a cette fois-ci choisi de modéliser les vraies pistes en étant aussi fidèle que possible au tracé comme au décor réel. Quelques erreurs minimes sont à noter, mais le résultat est globalement très satisfaisant, aussi bien en termes d’immersion que de sensations, puisqu'on ne trouve que des circuits au rythme et au profil réalistes. Amateurs de gros sauts et de figures, vous risquez d'être déçus, le propos n'est pas là dans MXGP.
Simulation mais pas trop
Au niveau du gameplay, Milestone a donc abandonné l'arcade à outrance aperçue l'an passé pour se tourner plutôt vers la simulation. Pour cela, l'aide de pilotes réputés comme Antonio Cairoli par exemple a été sollicitée, et ça se voit ! Jamais dans un jeu de motocross grand public on n'aura autant senti le poids de la moto, jamais la gestion des trajectoires n'aura été si importante pour réaliser un bon chrono ou même dépasser un adversaire sans terminer dans le décor. En bref, si vous êtes un fan de MX vs ATV, vous pourriez être surpris : il faut freiner très tôt, la moto vire lentement, elle ne s'envole pas à plusieurs mètres de haut à la moindre bosse, etc. A vous donc de voir ce que vous attendez d'un jeu de motocross, mais si vous êtes plus fan des courses que du free-style, vous trouverez ici ce qui se fait de plus réaliste en matière de pilotage pur (à moins bien sûr que vous ne soyez un inconditionnel du très peu accessible MX Simulator). Mais attention, cela ne veut pas pour autant dire que MXGP est une vraie simulation. En effet, on note quelques hérésies, et notamment la possibilité de tourner carrément dans les airs. De même, la gestion des collisions est parfois très étrange, que ce soit avec les éléments de décor, les concurrents ou carrément la piste lorsque par exemple on retombe sur une pente ascendante après un saut mal dosé sans que le pilote ne bronche. Bref, tout n'est pas parfait, mais les sensations sont globalement bonnes, surtout quand on choisit une vue guidon très réussie offrant le meilleur combo immersion / précision.
Des courses endiablées
On trouve toutefois des points communs avec la série de THQ, le principal étant un gameplay à 2 sticks permettant de gérer respectivement la moto et le poids du pilote. A partir de là, 2 choix s'offrent au joueur : un mode Basique dans lequel le poids est géré de façon semi-automatique afin de compenser les petites erreurs, ou un mode Pro dans lequel il faut sans arrêt être prêt à se pencher d'un côté ou de l'autre afin d'éviter la chute. En outre, il faut aussi y gérer les freins avant et arrière séparément, ce qui devrait à coup sûr enchanter les amateurs. Finalement, seule une gestion de l'embrayage manque par rapport à Alive. Mais c'est bien peu de choses pour votre serviteur tant les courses me paraissent plus intéressantes et plus intenses. Cela tient principalement à une IA qui, à défaut d'être très intelligente, est assez rapide dans les niveaux de difficulté les plus élevés. Les adversaires accélèrent fort, freinent au dernier moment et n'hésitent pas à faire des gros block pass et à fermer la porte. Il arrive donc qu'on passe 1 voire 2 tours à fond à chercher l'ouverture sur un concurrent pourtant plus lent. En cela, MXGP est un cas unique et devrait donc séduire les amateurs de ce sport dont l'intérêt vient normalement des bagarres dans ce genre.
Un titre pas exempt de défauts
On peut toutefois lui trouver d'autres défauts plus ou moins gênants. Déjà, la déformation de la piste en temps réel est nettement moins réussie que dans MX vs ATV, aussi bien esthétiquement parlant qu'au niveau de l'impact sur le pilotage. Après 15 ou 20 tours (le maximum possible sur une course), la piste entière est ainsi recouverte de mottes de terre polygonales sans que des ornières ne se créent vraiment. Pire, ces déformations clippent pas mal et n'apparaissent souvent qu'au dernier moment. D'ailleurs, en règle générale, MXGP n'est pas ce qu'on pourrait appeler un beau jeu. En effet, si les motos sont plutôt bien modélisées, on ne peut pas dire que les décors soient impressionnants. Les abords des pistes paraissent plutôt vides si on y regarde de près, mais il faut avouer qu'on est la plupart du temps plus concentré sur le pilotage, donc ce défaut n'est en réalité pas réellement gênant. Il est par contre plus problématique qu'il n'y ait pas de gestion de la météo. Et quitte à citer tous les défauts, même les plus infimes, sachez que les sons ne sont que d'une qualité moyenne et que les garde-boue vibrent d'une manière assez particulière à l'arrêt, ce qui donne des scènes surréalistes lors des départs, que les chutes ne sont pas assez pénalisantes et enfin que l'IA a tendance à rouler un poil trop groupée.
Un mode Carrière complètement revu
Au niveau du contenu, on trouve tout d'abord un mode Carrière assez immersif. On y commence en tant que jeune pilote qui doit faire ses preuves à travers 2 courses en wild card. En fonction des résultats, on attire alors l'attention de teams MX2 qui chercheront à nous faire signer pour la saison. A partir de là, on doit simplement enchaîner les courses afin de soigner notre niveau et ainsi débloquer des écuries toujours plus performantes voire même un guidon en MX1. S'il est dommage de ne pas participer à l'amélioration de la machine et de ne pas pouvoir s’entraîner en dehors des grands prix, on éprouve toutefois du plaisir lorsqu'on remplit les objectifs fixés par l'équipe ou lorsqu'on décroche une place dans notre écurie de cœur. Il est toutefois dommage qu'il n'existe pas plus d'éléments de personnalisation de notre pilote puisqu'on peut simplement choisir un casque parmi 12 propositions et la couleur des gants et bottes. Les week-ends de course quant à eux se déroulent en plusieurs temps : les essais libres dans lesquels il s'agit principalement de découvrir la piste, les qualifications durant lesquelles il faut réaliser le meilleur temps possible afin de choisir en premier la position sur la grille lors des 2 courses au programme. Dommage à ce niveau qu'il n'y ait pas de courses de qualification comme c'est le cas en réalité, mais bon, on a connu défaut plus gênant. Ajoutez alors à cela des courses et des championnats en ligne ou non et vous tenez un titre globalement très satisfaisant !
Points forts
- Vue guidon très réussie
- Gameplay globalement plaisant
- IA compétitive
- Enfin un jeu de motocross dans lequel il ne faut pas être à fond tout le temps
- Circuits tous plaisants à parcourir et assez techniques
- Mode Carrière plus immersif que l'an passé
- Présence des licences officielles...
Points faibles
- ... du championnat 2013
- On peut tourner dans les airs
- Pas très beau
- Collisions pas très réalistes
- Pas de météo
- Absence des courses de qualification (on affronte simplement le chronomètre)
- Manque d'éléments de personnalisation (tenues, casques, gants, etc.)
S'il n'est pas parfait, MXGP n'en reste pas moins un bond en avant énorme par rapport à MUD. En l'espace d'un an seulement, Milestone a ainsi accouché ni plus ni moins d'un des meilleurs jeux de motocross. Fort d'un gameplay globalement plaisant et bien plus réaliste que tous les jeux grand public sortis jusqu'à présent, de circuits pour le moins intéressants et des licences officielles du championnat du monde, il devrait sans peine séduire les fans de ce sport malheureusement trop rarement mis en valeur dans les jeux vidéo. Quelques défauts de jeunesse l'empêchent d'obtenir une meilleure note, à commencer par des graphismes perfectibles, une gestion des collisions particulière ou encore l'absence de météo, mais on ne va pas cacher notre joie pour autant.