Bien que le premier Lords of Shadow ait été un succès critique et commercial, tout le monde s'accordera à dire que les deux DLC qui étaient sortis dans la foulée avaient grandement émaillé sa surface polie. Quatre ans plus tard, Lords of Shadow 2 s'offre à nous et avec lui les inévitables contenus supplémentaires dont Revelations, qui a la lourde tâche d'ouvrir le bal. Pourtant, il semble bel et bien que MercurySteam ait mis à profit les années séparant les deux jeux pour peaufiner à l'extrême ces extensions souvent décriées.
Si vous pensez qu'un DLC se doit d'apporter une valeur ajoutée d'un point de vue scénaristique, vous serez sans doute déçu par ce Revelations qui, à l'instar d'un certain Assassin's Creed, assume bien mal son sous-titre. En effet, bien que ce dernier se déroule avant Lords of Shadow 2, tout en mettant en scène Alucard, le fils maudit de Gabriel / Dracula, il n'apporte absolument rien à la mythologie de la série. Si on aura bel et bien un petit éclaircissement sur l'une des principales révélations de Lords of Shadow 2, l'ensemble préfère se focaliser sur le gameplay et la construction. Est-ce un mal ? Absolument pas, bien au contraire.
Alucard prend son envol
<!-- [[ex:119651|titre=Les pouvoirs ne font pas que de la figuration]] -->
Alors qu'il était permis d'incarner Trevor (le pendant humain d'Alucard) dans Mirror of Fate, retrouver le « jeune » vampire se révèle ici autrement plus jouissif tant le personnage se veut plaisant à diriger. Ce constat s'explique en premier lieu par le charisme du personnage (ok, il faut aimer le look emo) et au fait qu'il allie puissance et grâce lorsqu'il lacère ses adversaires en maniant comme personne Crissaegrim, sa fidèle épée. Dans l'absolu, on se retrouve donc avec un personnage rapide et létal évoquant le Vergil de DmC Devil May Cry. De plus, si la façon d'appréhender les combats ou le système d'évolution restent identiques à ceux de Lords of Shadow 2, on appréciera de profiter des mouvements spécifiques à Alucard. Mais le plus intéressant vient sans doute des trois pouvoirs inédits mis à disposition. Si Alucard a, comme son papounet, une relation privilégiée avec les chauves-souris, il pourra user de ce pouvoir pour se téléporter. En parallèle, il aura la capacité de se transformer en loup spectral ou bien encore de reconstruire certains éléments durant une durée limitée grâce à une manipulation du temps. Si en soi ces capacités se veulent fort sympathiques, le petit plus est qu'elles sont ici extrêmement bien mises à profit, que ce soit à travers les affrontements ou plusieurs énigmes demandant un peu de jugeote, quelques réflexes et pas mal de vitesse d'exécution.
Une construction parfaitement équilibrée
Néanmoins, tout ceci ne serait rien sans une progression savamment pensée. N'ayez crainte puisque dans le cas de Revelations, l'ensemble de l'aventure repose sur une parfaite succession de séquences mélangeant plates-formes, rixes et casse-tête usant astucieusement des pouvoirs mentionnés plus avant. On sent donc que les développeurs ont mûrement planché sur le fond et la forme qui fusionnent ici à merveille. Certes, le tout ne demande que 2 à 3 heures pour être bouclé, mais aucun temps mort n'est à signaler. De plus, on découvre avec plaisir 95% d'environnements inédits, quelques variantes d'ennemis existants sans oublier un boss final mémorable synonyme de face-à-face un peu longuet mais basé sur une approche réussie nécessitant une bonne maîtrise du gameplay. D'ailleurs, on en vient rapidement à se dire qu'on aurait aimé que Lords of Shadow 2 ressemble à ce Revelations même s'il est évident que proposer un rythme soutenu est chose plus aisée durant trois heures que lors d'une aventure s'étalant sur cinq fois plus de temps.
Quand un DLC supplante le jeu de base
Finalement, si Revelations pèche par son scénario fantôme, il se montre supérieur au jeu auquel il est directement affilié. Ceci n'est pas vraiment surprenant puisque tout ce qui pouvait décevoir dans Lords of Shadow 2 est ici absent. Exit les phases d'infiltration, bye bye les environnements urbains qui sont ici remplacés par 100% de décors somptueusement gothiques, adios le désagréable sentiment de tourner en rond au bout d'un moment. Mieux, certaines séquences, de grimpette notamment, sont plus stimulantes que celles du jeu original et s’intègrent mieux à la progression. Enfin, on sera ravi de constater que le prix demandé n'a rien de choquant compte tenu de la qualité intrinsèque du produit. Bref, pour moins de 6 euros, vous aurez un mets de choix se permettant même, non pas de repenser la saga, mais de lui apporter vigueur et panache tout en mettant tout le monde d'accord, ce qui était loin d'être le cas avec Lords of Shadow 2.
Points forts
- Direction artistique 100% gothique absolument parfaite.
- Excellent équilibre entre action, plates-formes et énigmes.
- Les pouvoirs d'Alucard.
- 95% des environnements sont inédits.
- Boss de fin.
- Petit prix.
Points faibles
- Vu que c'est tellement bon, ça semble forcément un peu court (entre 2 et 3 heures).
- N'apporte rien à Lords of Shadow 2 d'un point de vue scénaristique.
Au-delà de l'éternel débat concernant le fait qu'un DLC pensé en amont pourrait être intégré au jeu de base, impossible de pointer un doigt accusateur vers ce Revelations tant il témoigne d'une qualité de chaque instant. On pourra tempérer nos ardeurs vu que le scénario pointe aux abonnés absents mais hormis ce détail, tout le reste fait plaisir à voir : nouveau personnage jouable, pouvoirs inédits, équilibre savamment dosé entre action et réflexion ou bien encore le retour d'une ambiance 100% gothique via de superbes décors originaux. Compte tenu des quelques déceptions engendrées par Lords of Shadow 2, nous ne nous attendions pas à un contenu aussi maîtrisé et c'est bien là que réside le secret de ce DLC...