Les pieds dans l’eau, vous savourez votre mojito bien tranquille, confortablement installé dans votre bouée qui flotte nonchalamment sur les eaux du lac. Le soleil brille, la vie est belle et l’alcool vous grise agréablement tandis que quelque chose vous frôle le gros orteil. Pas de panique : on est trop loin de l’Amazone pour les piranhas et il n’y a pas d’alligators dans le coin. Ce ne peut être qu’un poisson. Un bête poisson, oui… Puis vous remarquez l’aileron et le crâne aplati, et ouvrez la bouche pour hurler… Ce genre de sensations, Hungry Shark Night compte bien vous les faire vivre, mais dans la peau du squale ! Retenez bien votre respiration et plongez dans les eaux troubles de ce test…
Bloody Marie
Si vous n’êtes pas un grand fan de séries Z animalières, alors vous êtes sûrement passé à côté de Shark Night 3D, petit film d’horreur où il ne fait pas bon se baigner sans une cuirasse de métal. Pour résumer la chose aussi brièvement que possible, le lac privé où aiment se baigner les jeunes du coin, dans les profondeurs du bayou, sert aussi de bassin de culture à des dégénérés qui y relâchent diverses espèces de squales. Le cocktail "jeunes alcoolisés-poissons carnassiers" donnant toujours de bons résultats, les créateurs de la série Hungry Shark ont eu l’idée de transposer leur gameplay atypique dans l’univers du film via quelques éléments facilement reconnaissables, et d’offrir ainsi au joueur en mal d’hémoglobine sa propre simulation de mangeurs d’hommes…
Comptez bien vous retrouver rapidement dans la peau râpeuse de l’une des créatures à sang-froid les plus redoutables, fraîchement relâchée par un redneck la nuit même où les festivités ont lieu sur le lac. Que ce soit en surface ou dans les profondeurs vaseuses du marais, il vous faudra nager et traquer vos proies pour vous remplir l’estomac. Car apparemment, chez les requins, il n’y a rien d’autre qui compte.
Fish and tripes
Le principe du jeu est simpliste au possible : vous débutez en tant qu’alevin et c’est à vous de forcer votre évolution en engloutissant tout ce qui passe à portée pour gagner en taille et en force. Si votre résistance est minime au début de votre carnage, elle s’accroît à mesure que vous grandissez et vous donne accès à de nombreuses proies à même de satisfaire votre appétit. Poissons, oiseaux marins, autres squales mais aussi plongeurs et baigneurs s’ajoutent au menu petit à petit, jusqu'à ce que vous atteigniez votre taille maximale. Mais attention : même adulte, vous êtes loin d’être invincible. Fûts de pétrole qui fuient, explosifs, pêcheurs armés et congénères cannibales sont autant de menaces potentielles, sans compter la pire d’entre elles : votre propre système digestif. Pour une raison obscure, la bestiole se doit d’avaler continuellement quelque chose sans quoi elle peut mourir de faim. Tout vous encourage donc à errer dans les fonds sombres du lagon, maximisant votre score tout en cherchant à garder votre protégé à 300 dents en vie.
Quelques bonus sont déblocables au fur et à mesure de votre progression, vous permettant de localiser plus facilement certains objets ou bien d’avoir un peu de santé supplémentaire pour espérer rôder davantage entre deux eaux. Côtés avatars, il vous sera possible d’incarner tour à tour trois des six espèces de requins du film, les pires de leur catégorie puisqu'il s’agit du requin tigre, requin marteau et grand requin blanc. N’y voyez aucune différence de gameplay potentiel, le seul changement s’opérant au niveau de l’aspect visuel de votre créature sanguinaire. Si entre deux bouchées vous avez le temps de fouiner un peu, vous pourrez toujours partir à la recherche des dix trésors cachés dans la zone (pneus, planches de surf…) histoire de tuer le temps autrement.
Soupe aux ailerons
Si vous avez déjà touché à un Hungry Shark ou autre jeu du genre, alors un détail vous a sûrement choqué : Hungry Shark Night n’est rien de plus qu’un énième clone, maquillé d’un peu de fan service pour les amateurs du film. Les développeurs eux-mêmes sont des habitués de la pratique, ayant réutilisé l’idée pour Piranha 3D ou encore Jaws. Le principal défaut de ce Hungry Shark Night est donc qu’il ne dispose d’aucune identité propre, puisque ne bénéficiant d’aucune réelle innovation si ce n’est son aspect graphique. Là où la série originelle Hungry Shark propose des environnements variés, des boss et quelques nouveautés selon les épisodes, Hungry Shark Night ne fait qu’assurer le strict minimum, s’avérant lassant au possible une fois cinq minutes passées à jouer. C’est presque avec soulagement que l’on laissera le squale mourir bêtement de faim ou exploser intentionnellement sur une mine, juste pour avoir l’occasion de quitter ce fichu lagon une bonne fois pour toutes.
Si les graphismes et les quelques éléments tirés du film sont appréciables, on ne pourra que déplorer le manque d’effort fait sur le reste, si bien qu’entre cet opus de la franchise et un autre, difficile de trouver une différence si ce n’est le nom. Hungry Shark Night n’est donc pas un titre sur lequel il faudra compter passer beaucoup de temps, ou alors lors des sessions relativement espacées. Dommage pour les requins, dont les adaptations en jeux vidéo sont bien souvent comme au cinéma des ratages quasi totaux. Le fruit de navets, en somme : un comble pour des carnivores…
Points forts
- Le décor et les éléments liés au film.
- Possibilité de jouer plusieurs espèces de requins.
- Effets gore prononcés.
Points faibles
- Très vite lassant.
- Aucune originalité.
- Gameplay vu et revu.
Hungry Shark Night est un jeu se basant sur une recette usée jusqu'à l’arête tant par des jeux lambda que par des adaptations de films de genre traitant de poissons carnivores, et qui du coup n’a strictement aucune originalité. Répétitif au possible, gameplay limité, aucun but précis : il n’est à conseiller qu’aux fans du film et aux joueurs n’ayant jamais touché à ce type de jeux… Un constat triste mais pas surprenant, qui une fois de plus ne fait qu’écorner l’image de celui qui a les yeux du père et les dents de la mer...