"Welcome to the jungle…"

Si Michael Crichton est un parfait inconnu pour vous, alors vous n’avez pas dû ouvrir un livre ou aller au cinéma depuis un bon quart de siècle. Connu surtout pour des œuvres de science-fiction célébrissimes comme Jurassic Park ou Etat d’urgence, on doit aussi à cet auteur un livre bien particulier : Congo. Comme plusieurs de ses romans, Congo fut adapté au cinéma en 1995 et Congo : Descent to Zinj s’en inspire directement. Le joueur se retrouve donc plongé dans la forêt primaire congolaise dans la peau d’un mercenaire engagé pour chercher la mystérieuse cité de Zinj, censée dissimuler des diamants d’une pureté unique mis à jour par une autre équipe de recherche. Hélas pour vous, cette équipe s’est faite tailler en pièces par des forces inconnues et TraviCom, société spécialisée dans les liaisons satellites, vous a envoyé sur place en apprendre plus. Cela dit, n’espérez pas la moindre aide de la part de vos employeurs. Aucune aide humaine du moins, car vous avez bel et bien un allié dans cette jungle hostile : Amy, gorille comprenant le langage des signes et pivot du film / livre. Reste à savoir si cela suffira à vous garder en vie, étant donné que vous n’êtes pas les seuls dans le coin.

Congo : Descent into Zinj se présente comme un point and click en vue subjective relativement classique, vous proposant d’évoluer selon les quatre axes cardinaux dans de vastes environnements qu’il vous faudra fouiller de fond en comble à la recherche d’objets utiles à votre progression. Forêts, rivières, temples et cavernes seront autant de lieux à visiter au cours de l’aventure, tout en découvrant la vérité sur Zinj et les légendes qui l’entourent. Pour les joueurs ayant vu le film, les références sont nombreuses étant donné que vous foulez le même sol que les héros de l’histoire, tout en participant à une toute nouvelle aventure. Pour les autres, il s’agira de mettre à jour la vérité sur « Là où se trouvent les os » et de récupérer les précieux diamants… sans pour autant y laisser la vie.

"Ils… ils vous observent"

Niveau gameplay, ne vous attendez pas à des bouleversements globaux dans le petit monde des point and click. Vos meilleurs amis restent vos yeux et comme le genre l’impose, comptez bien retourner chaque rocher pour dégoter une précieuse corde ou un artefact vous permettant d’ouvrir une quelconque porte ou de débloquer un mécanisme. A noter que si vous pouvez ramasser bon nombre d’objets sur votre chemin, il faudra vous creuser la cervelle pour découvrir à chacun une utilité pas forcément évidente mais parfois plutôt maligne. En effet, les énigmes proposées sont souvent bien pensées et un peu de matière grise ne sera pas de trop pour affronter les passages vous demandant plus que d’être simplement réactif à votre environnement. Ouverture de coffres, déchiffrage de hiéroglyphes, passages en bateau et autres entrées secrètes sont bien entendu de la partie, ainsi qu’une séquence "serpent" directement inspirée du film qui ravira les amateurs.

Si l’inventaire accumulé lors de votre progression est des plus utiles à votre survie, vous disposez également d’un précieux engin pouvant s’apparenter à un ordinateur portable, capable d’analyser les environs en vous matérialisant une carte ou en traduisant pour vous les symboles anciens que vous aurez pris le temps de photographier. Le bidule est aussi la clé pour suivre le scénario puisque c’est via cette interface que vous pouvez visionner les enregistrements ramassés ou recevoir vos directives, grâce à de véritables séquences filmées avec acteurs. Enfin, il est capable de reproduire certains sons préalablement enregistrés, qui pourraient bien vous tirer d’affaire pour peu que la situation vous échappe. Dans la mesure où il s’agit de votre unique moyen d’interagir avec la civilisation, son utilisation est incontournable et renforce cette impression d’isolation totale, par moments des plus oppressantes. D’autant que Zinj recèle bien des secrets, dont certains s’avèrent friands de chair humaine...

"Le mythe du fauve tueur n’existe pas…"

Si dans le film cette affirmation est vite revue et corrigée par son auteur, elle a bien du mal à être démentie dans Congo : Descent into Zinj. En effet, les créatures au centre du film sont ici bien moins mises en avant, n’apparaissant qu’à de trop rares moments. De plus, étant donné que leur vision signifie votre mort dans les secondes qui suivent et qu’elles ne vous attendent qu’à quelques endroits du jeu, vous pourriez bien finir le jeu en en croisant qu’une seule (partie d’une énigme) pour peu que vous soyez chanceux. Premier défaut donc, mais loin d’être le dernier. En effet, ne comptez pas patauger dans la jungle plus de 3 ou 4 heures selon votre sagacité à résoudre les énigmes et votre sens de l’orientation pour retrouver votre chemin dans les tunnels de la cité. A la liste des points négatifs viendra aussi s’ajouter le côté frustrant de certains passages die and retry que seul le hasard vous permettra d’éviter, et qui peuvent faire office de mur infranchissable pour peu que vous n’ayez pas l’objet clé en votre possession à cet instant précis.

Pour autant, aurait-il fallu avorter cette expédition ? Non, et pas seulement parce que rien n’aurait pu empêcher la fin atroce de vos collègues : le scénario et les énigmes s’avèrent plutôt inventifs, là où les décors sont le plus souvent très agréables à l’œil. L’ambiance sonore, quant à elle, prend facilement aux tripes et prouve son efficacité dans les passages à tendance claustrophobe, où la mort n’est jamais bien loin. Les clins d’œil au film constants raviront les amateurs et ne manqueront pas d’aiguiser la curiosité du joueur lambda, le respect de l’univers s’avérant pour ainsi dire total.

Certes, Congo : Descent into Zinj est loin d’être un jeu parfait. Mais il parvient à maintenir le navire à flot bien qu’étant une adaptation quasi directe d’un film, élément d’autant plus rare étant donné la nature même du jeu, qui aurait pu facilement tomber dans le piège du jeu d’action sans âme et réalisé à la va-vite. Un titre à conseiller à ceux auxquels le film a plu et aux amateurs de point and click en général, pressés de se promener dans un des cauchemars de Diane Fossey…