Second couteau Nintendo préféré de nombreux joueurs, Yoshi vole parfois la vedette au bedonnant qui le chevauche quand il en a l'occasion. Yoshi's New Island vogue directement sur les eaux de Yoshi's Island avec un jeu de plates-formes à l'ambiance bon enfant. Mais 20 ans après, la magie opère-t-elle toujours ?
Le retour du dinosaure à la langue bien pendue était un événement attendu de nombreux joueurs sur Nintendo 3DS. Entre les nostalgiques et ceux qui cherchent un titre qui plaira à tous les membres de la famille, l'univers de Yoshi a ses atouts. Toutefois, après un premier épisode reconnu comme un des meilleurs jeux de plates-formes, la « série » a parfois versé dans la facilité avec quelques écueils ici et là. Peu importe, on retrouve avec plaisir les onomatopées jurassiques et le scénario digne d'un conte pour enfants : la cigogne censée amener les bébés Mario et Luigi à leurs parents se fait attaquer par Kamek qui capture le plus vert des deux. Les Yoshi (qui, on le rappelle, sont plusieurs) vont tenter de le retrouver, tout en emmenant Bébé Mario sur leur dos. Comme c'est meugnôôôn.
Du neuf avec du vieux
La structure du jeu ressemble quasiment à l'identique à celle de Yoshi's Island : 6 mondes, 8 niveaux par monde, les étoiles, pièces et fleurs à récupérer, voici un épisode qui s'inscrit dans la continuité, et ce n'est pas peu dire. Yoshi possède toujours ses particularités qui ont su faire la finesse de son gameplay : sa langue sert à gober les ennemis et à les transformer en œufs, qu'il peut ensuite lancer et faire rebondir sur les murs pour tuer d'autres ennemis, ou atteindre des bonus inatteignables autrement. On retrouve aussi la fameuse attaque rodéo (ou charge) qui consiste à atterrir violemment sur le sol pour faire des dégâts ou enfoncer des poteaux dans le sol. Enfin, il reste la capacité de Yoshi à rester en suspension dans les airs un court instant (en pédalant comme un forcené), pratique pour rattraper une plate-forme in extremis. Bref, une maniabilité plutôt simple d'accès, grandement aidée par le rythme de jeu très lent comparé à Yoshi's Island. Si on y gagne en accessibilité, on y perd aussi en nervosité, une critique qui risque de revenir dans cet article (vous êtes prévenu).
Le concept, sans le génie
L'un des apanages des grands jeux de plates-formes, c'est de réussir à varier les plaisir afin de toujours offrir nouvelles sensations au joueur. Si le premier Yoshi's Island était un bon exemple, cet opus 3DS essaie tant bien que mal de surfer sur la même vague. Ainsi, on retrouve le principe des transformations, comme l'hélico ou le ski, avec une petite particularité : ces phases sont jouables via les fonctions gyroscopiques de la console. Manque de bol ici, on a un peu l'impression qu'il s'agissait juste d'une occasion de caser une fonctionnalité 3DS qu'une véritable idée de gameplay. Non seulement ça n'apporte rien aux séquences de transformations, mais de plus certaines phases s'en retrouvent injouables ou compliquées à manier, comme le sous-marin par exemple. Et on en arrive au point le plus dommageable de ce Yoshi's New Island : il manque totalement d'idées de gameplay. Tout en essayant de reprendre des phases, énigmes et séquences de Yoshi's Island, ce volet arrive à en retirer toute la moelle pour être un jeu de plates-formes plutôt quelconque. On traverse la plupart des niveaux sans grande conviction et il n'est pas facile d'en retenir des passages marquants. En gros, le concept, sans le génie. Un constat plutôt accablant qui n'enlève pas au titre sa bonhomie générale, mais qui marque le gouffre qui sépare les très bons jeux des titres plus effacés.
En profondeur
Pourtant, quelques nouveautés font leur apparition, comme les œufs géants (normaux et métalliques) qui détruisent tout sur leur passage, ou encore les étoiles qui permettent de courir sur les murs ou encore de voler. Malheureusement, ces phases sont à la fois courtes et rares, ne permettant pas à ce Yoshi's New Island de marquer son identité. A vrai dire, seuls quelques niveaux, voire quelques combats contre des boss, sortent assez du lot pour marquer les esprits. Cela a évidemment des répercussions. Vous risquez d'être moins enclin à fouiner chaque recoin pour découvrir ce que recèle le jeu, traçant jusqu'à la ligne d'arrivée pour finir le jeu le plus vite possible. Non seulement vous tronquerez énormément la durée de vie en faisant cela, mais vous manquerez l'aspect exploration du titre. Car oui, comme pour les précédents, la recherche des secrets, nécessaires pour débloquer une dizaine de niveaux supplémentaires, vous incite à fouiller le décor. Si cela augmente plutôt considérablement la durée de vie, on peut tout de même regretter que certaines cachettes ne comportent absolument aucune logique, laissant le joueur errer pendant des heures dans un niveau sans jamais trouver cette foutue fleur manquante. Quand l'apparition de certains secrets s'active en marchant sur un coin de plate-forme totalement anodin, sans interrupteur ou indication ne serait-ce que sournoise, c'est le hasard pur qui amène la découverte. On se retrouve donc à sauter dans tous les sens et courir un peu partout juste pour être sûr, ce qui ne représente pas vraiment l'élément de gameplay ultime.
Yoshi mis d'ssous
Si encore une fois le constat peut sembler cinglant, comprenez-bien que Yoshi's New Island n'est pas un mauvais jeu. Tous ces éléments l'éloignent juste des promesses de la série, et nous rappellent que cet épisode ne parvient pas à retrouver le brillant de l'opus original. Il en va d'ailleurs de même pour l'aspect visuel, qui bien que plus fin n'atteint pas la prouesse artistique de l'opus de 1995, dont il essaie pourtant vainement de se rapprocher sur tous les autres points. Concernant la bande-son, outre les sons caractéristiques émis par Yoshi, il n'y a pas d'éclats particuliers à signaler. Il faut quand même noter la présence de 6 mini-jeux jouables à deux joueurs (déblocables en finissant chacun des mondes), dans lesquels il faut éclater des ballons le plus vite possible ou encore attraper des pièces dans les airs en planant. On est très loin d'une expérience multijoueur complète et plus proche du petit ajout de complétion sur lequel vous ne passerez sans doute pas plus d'une heure.
Points forts
- Une grande accessibilité
- Classique, mais plutôt efficace
- L'univers Yoshi
- Quelques tentatives de variations de phases de gameplay
- Les passages cachés
Points faibles
- Un manque d'idées flagrant
- Déficit identitaire
- Des secrets cachés un peu au pif
- La gyroscopie (transformations) mal utilisée
- Artistiquement en deçà des espérances
L'univers sans le génie, voilà comment nous pourrions résumer ce Yoshi's New Island. Bien que ce soit toujours un plaisir de retrouver le dinosaure en maître d'orchestre, cet opus manque bien trop d'idées pour parvenir au rang du premier opus. Mais si cette marche était sans doute trop haute pour l'opus 3DS, il reste un titre agréable à traverser pour des joueurs pas trop exigeants, et pour les plus jeunes qui découvriront un gameplay accessible. Sans doute pas le Yoshi dont on avait rêvé, mais un épisode honnête.