Il y a parfois des jeux qui vous marquent toute une génération... Ce fut le cas de Time Crisis sur bornes d'arcade, et ce ne sera certainement pas le cas de Rambo sur PC et consoles. Pour sa refonte 2014 / rail-shooter / QTE, le béret vert nous offre là un jeu qui s'est tout simplement planté de support, et d'époque.
Oscillant techniquement entre le "franchement dégueulasse" et le "ça aurait pu être joli il y a 10 ans", Rambo nous propulse dans une bouillie de textures passables, d'animations crades et de cutscenes drôlissimes de médiocrité. Les erreurs techniques sont légion sur le titre qui pourtant a choisi un genre où il est relativement aisé de parquer le joueur sur un circuit fraîchement polishé. Pourtant, le soft s'avère fade techniquement et souffre d'une caméra franchement gerbante par moments, d'autant plus qu'à chaque balle reçue, votre plan est secoué, ce qui rend la visée encore moins agréable. Allez, trêve de méchanceté, parlons du pitch...
Escale à NanarGame
L'histoire tient sur un Post-it : Rambo est mort et enterré. Lors d'une cérémonie au pied de la tombe, un ponte de l'armée raconte ses faits d'armes les plus marquants. On explore donc une refonte économe du scénario des 3 premiers films et... c'est tout. Les séquences s'enchaînent alors sans vraiment qu'on puisse faire un quelconque lien et ni les amateurs du film, ni les profanes ne s'y retrouveront. Les premiers y verront un hommage massacré, et les seconds n'y trouveront aucun charme tant la narration est prétexte à la bagarre stupidement expédiée. Les cinématiques sont archi-datées et encodées avec les pieds, mais permettent tout de même d'apprécier des doublages américains enregistrés façon "microphone dans les toilettes". Il arrive même parfois que l'on ne puisse pas entendre les dialogues à cause de bruitages ou de musiques.
Vous l'aurez compris, la réalisation ne vaut pas tripette tant sur la forme que sur le fond. Si la version PC est relativement fluide (encore heureux), on déplore un framerate pas franchement idéal sur Xbox 360 et PS3. De même, des soucis de clipping sont au rendez-vous, sans parler des nombreux éléments qui dépoppent violemment sous vos yeux, ou des killcam buggées. Les environnements, qui se cantonnent globalement à la forêt, à la jungle et au désert, manquent cruellement de variété et de travail artistique. Reste alors l’emblématique thème musical signé Jerry Goldsmith qui se contente ici d'un sample d'une quarantaine de secondes grossièrement bouclé. Si vous espérez que le tout soit sauvé par le gameplay, figurez-vous que là encore, c'est raté...
Un rail shooter arcade et ultra-répétitif
Côté gameplay, nous sommes ici en terrain connu. Aux séquences de rail shooting très répétitives s'ajoutent des scènes d'infiltration assez punitives à base de QTE. Une erreur y est souvent synonyme de mort pour John Rambo et la formule fait plus rager qu'autre chose. On peut évidemment compter sur des points de contrôle feignants et mal positionnés qui rendent certains passages vraiment difficiles, comme par exemple la fin du jeu qui est à s'arracher les cheveux. Shooter à la souris, c'est plutôt simple, par contre au pad, la tâche s'avère plus ardue, surtout qu'une assistance à la visée vient mettre son grain de sel et rend le tout très aléatoire. Opérant toujours dans le classique, le jeu propose un système de couverture multi-directionnel qui fonctionne relativement bien, tout comme la recharge d'arme qui vous demandera quelques réflexes pour doubler vos munitions. Après tout, le héros peut bien avoir 60 balles dans son chargeur d'AK, c'est Rambo...
La jauge de vie est évidemment capitale dans l'aventure, d'autant plus qu'un mode "Rage" est disponible, vous permettant de regagner votre santé en dézinguant vos ennemis. Le titre propose également une évolution suivant vos scores, qui vous alloue des niveaux et des points à dépenser dans des atouts et compétences assez accessoires. Côté contenu également, on remarque un système de défis pas très inspirés, et une possibilité de jouer à deux, le second joueur gérant un viseur supplémentaire. Trois modes de difficulté sont au rendez-vous et ces derniers sont plutôt mal calibrés. Le mode médian ne vous posera par exemple que très peu de soucis, sauf à la fin où le titre devient quasi infaisable à cause d'un nombre d'ennemis trop élevé et de ces foutus grenadiers, habitués à vous ruiner vos parties avec les dégâts colossaux qu'infligent leurs explosifs.
Points forts
- Une belle blague à 36 €.
- Fun pendant les 10 premières minutes.
- La tronche de Stallone.
Points faibles
- Réalisation très décevante.
- Ultra-répétitif.
- La caméra gênant souvent la visée.
- Le doublage très mal intégré.
- Un calvaire qui dure 5 heures.
- Prix prohibitif.
- Massacre économe de l'histoire des films et de la morale du premier épisode.
- Aurait pu être une bonne borne d'arcade début 2000, est au final un mauvais jeu console et PC.
- Soucis de framerate.
- Visée au pad loin d'être optimale même avec une visée automatique.
John Rambo méritait mieux qu'un rail shooter de cette trempe. Sur un genre aussi cloisonné au niveau du game design, Teyon a réussi l'exploit de fournir une copie techniquement à la ramasse, servie par un gameplay fade et une difficulté mal calibrée. Et si critiquer le jeu se résume à tirer sur l'ambulance, il ne faut pas oublier que l'ambulance en question vous a volé 36 €.