Au panthéon des jeux de combat, Aquapazza n'occupe même pas une position de challenger. Derrière des combattants aguerris comme les séries Street Fighter, SoulCalibur ou Blazblue, difficile pour ce jeu de niche de ne serait-ce qu'exister aux yeux du public même passionné. Et pourtant, Aquapazza mérite amplement que l'on s'y intéresse.
La première chose qui vient en tête lorsqu'on observe un match d'Aquapazza, c'est que le jeu ressemble à s'y méprendre au modèle sur lequel Arc System Works a construit son pré carré. Combats en 2D dynamiques, sprites colorées haute définition et techniques dévastatrices, le prototype même de ce qui constitue un Guilty Gear ou même le petit dernier d'Atlus, Persona 4 Arena. Atlus, que l'on retrouve ici dans le rôle de l'éditeur de cette version occidentale. Pourtant, ce n'est pas ce développeur qui est aux commandes d'Aquapazza, mais plus étrangement Examu, surtout connu pour la série Arcana Heart. La licence ne sort pourtant pas de nulle part, car comme le signale le sous-titre du jeu - Aquaplus Dream Match - on a ici affaire à un cross-over des licences d'Aquaplus. Un éditeur généralement plus connu au Japon – et cela a son importance – pour ses visual novels ou carrément pour ses eroge. Mais il serait malvenu ici de réduire Aquapazza à une caution pour faire se battre des jeunes filles en petite tenue.
Aquapallooza
Qui dit Versus-Fighting dit scénario inexistant et celui d'Aquapazza tient en trois lignes. En gros, une expérience censée créer un philtre d'amour tourne mal et crée l'Aquapazza (duh), une eau magique qui a pour effet de réunir des personnages issus d'univers différents et de les faire s'affronter. Oui, même les simples lycéennes savent se battre, pas besoin pour un cross-over de s'embarrasser de vraisemblance. Bien sûr, étant donné sa provenance, le casting est majoritairement constitué de personnages féminins bien achalandés et aux jupes courtes, tirés des plus grands succès d'Aquaplus. On retrouve pêle-mêle du To Heart, Tears to Tiara et Utawarerumono mais aussi des titres moins connus comme Kizuato, Routes, Comic Party ou encore White Album. Sur les 13 personnages contrôlables, seuls trois mâles sont de la partie. Et c’est bien là l’un des défauts du titre, puisqu’à moins d’être vraiment connaisseur des obscurs jeux et animes cités ci-dessus, il est probable que les personnages vous laissent de marbre, tout du moins dans un premier temps – ce temps qu’il vous faudra justement pour vous adapter au gameplay et choisir votre champion favori.
Outre le mode Histoire s'étendant sur une huitaine de combats d'une difficulté croissante et parfois corsée (le boss final est l'un des plus énervants jamais créés), on peut compter sur les inusables duels contre un ami ou contre la machine, une sorte de mode Scoring et surtout le multijoueur en ligne via le PlayStation Network. Et... c'est tout. On touche là encore à un défaut du titre, qui souffre d'un contenu trop limité sur la durée. On débloque bien un mode Histoire alternatif en finissant le premier, mais cela ne va pas révolutionner le genre. Plus gênant, alors que le multi online est sans aucun doute le point crucial pour les joueurs d'aujourd'hui, le relatif anonymat d'Aquapazza ne peut que le desservir. Du fait du faible nombre de joueurs, il n'est pas toujours simple de parvenir à organiser une rencontre sur le réseau, et lorsque vous y arrivez enfin, vous n'êtes pas à l'abri d'un lag assez lourd même avec une bonne connexion réseau. Vraiment dommage, car du côté du gameplay, le jeu se révèle diablement efficace.
Simple mais efficace
Ne cherchez pas de l'originalité dans le système de combat d'Aquapazza, celui-ci est des plus classiques. Mais si le jeu a eu un bon succès japonais dans sa version Arcade et est toujours joué en compétitions depuis 2011, c'est pour une bonne raison : ce qu'il fait, il le fait bien et parvient à lui apporter une petite touche supplémentaire, juste ce qui manquait pour lui donner du caractère. Chaque personnage possède un style de combat et des coups uniques tirant partie de leurs spécificités et de leur personnalité. On trouve ainsi une chasseresse capable de se déplacer d'un bond d'un bout à l'autre du ring et de cribler son adversaire de flèches à distance, une Valkyrie tirant partie de ses pouvoirs pour carrément se soigner en plein combat ou augmenter ses attaques et défenses, ou encore une jeune androïde qui pose sans le vouloir des pièges en plein champ de bataille. Les coups sortent assez facilement quand ils ne sont pas trop alambiqués, et l'ensemble n'en devient que plus dynamique. Enfin, à l'instar d'un Guilty Gear, une technique ultime extrêmement destructrice (Splash Art) est disponible une fois un combattant plongé dans un état critique. Les personnages ont accès à un panel de coups assez réduit, mais leur enchaînement est fluide et les combos impressionnants, rendus possibles par l'intermédiaire des Assists.
Car les deux adversaires ne sont pas seuls sur le champ de bataille. Lors du choix du personnage, vous devrez en désigner un deuxième qui vous secondera tout au long du combat par une simple pression sur le bouton X. Ces personnages non-jouables sont là encore pourvus d'un large choix d'attaques à effets divers: attaques directes pour étoffer un combo, interruptions des combos adverses, l'un d'entre eux peut même rendre temporairement inutilisable l'Assist de l'autre. Cette mécanique bien huilée n'a qu'un seul défaut : avec quatre personnages et un tel déluge d'effets visuels à l'écran, il est parfois compliqué de bien savoir où l'on tape. Et comme si cela ne suffisait pas, un système d'Emotions Actives vient compléter le tableau. Pour l'expliquer de façon simple, plus vous combattez de façon offensive, plus votre personnage gagne des bonus de dégâts et de jauge spéciale. Si à l'inverse vous jouez trop la défensive, c'est votre défense qui en pâtira. Ne croyez toutefois pas que cela joue un grand rôle dans les combats, car dans la pratique le changement d'émotions est trop discret pour qu'on le remarque dans une joute survoltée. Le jeu tente des choses pour se démarquer, mais c'est visuellement qu'il le réussit le mieux.
Une jeune fille approche, milord, combats-la !
Sans atteindre les standards de cette génération de consoles, les graphismes très colorés et joliment détaillés ont un vrai cachet. Les effets visuels des coups spéciaux sont tantôt impressionnants, tantôt drôles – comment ne pas sourire à la vue de Manaka renversant par inadvertance une lourde bibliothèque sur son adversaire, juste en trébuchant. En plus de l'excentricité de la vue d'un combat entre une déléguée de classe et un Shinobi, tout est fait pour renforcer le caractère ludique des visuels. Une attention particulière a donc été apportée à l'esthétique du titre, et les aires de combat ne sont d'ailleurs pas en reste. Ainsi, en plus des traditionnels rings en plein air, vous aurez l'occasion de vous savater en plein milieu du Comiket ou encore sur la scène de concert d'une Idol. Si, entre deux coups spéciaux, vous trouvez le temps de vous arrêter sur les arrière-plans, vous constaterez qu'ils sont en général pleins de vie.
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Force est de constater que, malgré son petit budget, le jeu donne une attention constante aux détails, comme la possibilité d'enregistrer ses trente derniers combats en ligne. Au final, sous des dehors simplistes, Aquapazza est un jeu des plus techniques et demande une longue pratique pour maîtriser pleinement ne serait-ce qu'un personnage. A tel point que l'investissement dans un stick arcade est recommandé si vous comptez vous y mettre sérieusement, la croix directionnelle de la Dualshock 3 n'étant pas des plus agréables pour ce type de jeu. Même si vous parvenez, au terme d'un combat dantesque, à compléter les modes Histoire, c'est véritablement aux prises avec un joueur chevronné que vous pourrez contempler le chemin qu'il vous reste à parcourir.
Points forts
- Combats dynamiques.
- Potentiel énorme de maîtrise des personnages.
- Le système d'Assists est un ajout bienvenu.
- Voix japonaises directement tirées des jeux d'origine.
- Les coups spéciaux et les graphismes sont soignés et laissent la part belle aux tropes.
- Le fan service n'est finalement pas trop lourd, ouf.
Points faibles
- Contenu trop léger en solo.
- Roster peu connu du grand public.
- Le peu d'exposition du jeu laisse augurer un multi laborieux.
Malgré un contenu un peu faiblard et une exposition limitée qui ne lui rend pas service, Aquapazza possède plus que les arguments de ses héroïnes pour exister. Sous des dehors très orthodoxes, il sait tirer son épingle du jeu pour proposer des combat variés, vifs, attachants et solides, le tout à un prix défiant tout concurrence. Probablement la raison pour laquelle Aquapazza jouit d'une très bonne réputation en tournois au Pays du Soleil Levant.