Super Robot Taisen, une série de plus de 50 opus s'étalant sur 16 consoles et qui pourtant reste totalement inconnue des pauvres Occidentaux que nous sommes. En effet, aucun jeu ne fut traduit dans la langue de Molière, et encore moins localisé. La raison ? Le concept même de la série, à savoir celui de rassembler des personnages d'anime japonais, dont la plupart ne titilleront même pas la mémoire du simple amateur d'animation nippone. Pourtant, au-delà de son casting, la licence a des qualités à faire valoir, et ce qui semblait être juste un simple cross-over bâclé comme beaucoup d'autres aurait pu finalement concurrencer des ténors comme Fire Emblem ou Final Fantasy Tactics. Zoom sur l'opus Judgement sur Gameboy Advance.
Propulsé dans un melting-pot d'univers de mechas, votre héros se retrouvera dans l'embarras, coincé dans les affrontements et les quêtes de chacun. Car Super Robot Taisen J brasse un peu tous les scénarios de ces séries japonaises, en les respectant dans les grandes lignes mais avec l'ambition de créer un tout cohérent, qui se suit, et qui donne l'illusion de participer à une véritable aventure tout au long du jeu. Alors bien sûr, l'intérêt que le joueur portera au fil scénaristique sera proportionnel à sa connaissance des personnages. Si la plupart des amateurs de mangas ont déjà dû entendre parler des Mobile Suit Gundam, ou de Fullmetal Panic, rares sont ceux qui connaissent l'existence d'Hades Project Zeorymer, dont un unique volume fut publié au Japon. C'est dire si les séries les plus populaires sont couplées avec de parfaits inconnus au bataillon. Du coup, ce sera difficile pour le néophyte de s'immerger pleinement dans le bain, même si, paradoxalement, la totale découverte pourrait stimuler sa curiosité.
A toi de jouer !
Si le jeu paraît au début peu accessible, son gameplay n'est en rien rebutant. Comme tout RPG tactique qui se respecte, vous contrôlez ainsi une armée de robots géants au tour par tour, et le but sera bien souvent de battre le boss ou d'annihiler l'ennemi. Et comme foncer la tête baissée dans la mêlée n'est jamais une bonne idée dans ce genre de jeux, il vous faudra composer avec une stratégie en prenant en compte plusieurs paramètres. Tout d'abord les techniques, propres à chaque robot, vous seront extrêmement utiles puisqu'elles permettent un grand nombre d'actions. Renforcer la puissance d'attaque, la portée, le taux d'esquive, et même soigner, ces skills, bien que limitées en utilisations, vous rendront très polyvalent dans vos combats. S'ajoutent bien sûr à cela des paramètres plus « classiques », à savoir les bonus de terrain, la portée des armes et des différentes attaques, et de la proximité des unités de la même saga. De nombreux éléments sont donc à prendre en compte, mais nullement compliqués à maîtriser, ce qui en fait un gameplay assez varié pour ne pas sombrer dans l'ennui, même si la répétitivité des objectifs à tendance à plomber un peu la progression.
« Super Duper Mega Over Lightning Arrow ! »
Mais si Super Robot Taisen Judgement peut se vanter d'être dynamique, c'est surtout grâce aux animations de combats. Les équipes de Banpresto ont mis un point d'honneur à donner un coup de fouet aux affrontements, avec des animations extrêmement détaillées, rapides, étonnantes et toujours dans la surenchère, pour un résultat tout simplement bluffant pour de la Gameboy Advance. Sachant que les robots évoluent tout au long du jeu, et qu'ils gagnent des attaques toujours plus impressionnantes, je vous laisse deviner à quoi cela peut ressembler une fois arrivé dans les derniers chapitres. Malheureusement, on ne peut pas en dire autant pour le reste de la réalisation, les graphismes des cartes venant d'un autre âge. Cette qualité un peu cheap s'en ressentira également dans les musiques, dont les sonorités un peu vieillottes ne rendent pas forcément justice aux morceaux piochés dans les différentes sagas. Ce n'est pas insupportable, sachant qu'il y a moyen de contourner ce problème.
Réunions stratégiques
Car la vie d'un pilote de robot ne se résume pas qu'à mettre une tannée aux méchants, il faut aussi anticiper les escarmouches à venir via l'écran de préparation. Complet, cet écran vous servira non seulement à upgrader vos mechas et vos armes, à équiper modules et consommables, mais aussi à personnaliser les musiques, en les attribuant à chaque combattant. Concrètement, cela veut dire que vous pouvez sélectionner vos thèmes préférés, et bannir ceux qui vous énervent. Une option bien rare dans les jeux et qui a le mérite d'exister dans ce Super Robot Taisen J. Et comme tout héros a le droit de posséder ses propres techniques ultimes, il est possible de changer le nom de vos attaques. Cela n'a l'air de rien, mais c'est assez amusant et cela renforce l'immersion. Et si vous vous ennuyez ferme, l'écran de préparation propose également des puzzles à résoudre, avec de l'équipement et de l'argent à gagner. Ah, on me signale qu'il fait aussi le café.
Un travail de longue haleine...
Si cette partie « annexe » est déjà éclectique, le contenu global, lui, est très généreux. Constitué de plus de 50 chapitres, avec des embranchements scénaristiques, il faut au moins autant d'heures pour voir le bout de ce Super Robot Taisen J. Ajoutez à cela un New Game + pour rendre vos unités encore plus invincibles, en débloquer d'autres encore plus puissantes que lors de votre première partie, et vous avez là une durée de vie bien plus qu'honorable pour le genre. Surtout que les chapitres s'enchaînent plutôt bien, la difficulté étant bien dosée sans jamais être insurmontable. Super Robot Taisen J est en tout cas loin d'être frustrant, mais axé sur le spectacle et le plaisir de jeu.
Points forts
- Les combats dynamiques et superbement mis en scène
- Le gameplay agréable sans être compliqué
- Des options sympathiques
- Durée de vie exemplaire
- Un casting qui envoie du pâté...
Points faibles
- ...mais encore faut-il connaître les séries obscures japonaises
- Cartes et sonorités des musiques datées
- Un peu redondant
- Des unités complètement pétées
On ne peut que regretter que la série Super Robot Taisen ne nous soit jamais parvenue. Brandissant une animation à couper le souffle et un gameplay complet comme fer de lance, ce cross-over peut séduire même les non-initiés aux univers représentés. Si certains défauts peuvent gêner (réalisation globale, équilibre des unités discutable, répétitivité), ce T-RPG fait honneur au genre tout en se démarquant. Nul doute que quiconque s'y essayant devrait y éprouver du plaisir. Voir un Gundam se transformer en Super Saiyen est déjà un argument bien suffisant !