Il y a 17 ans sortait un petit bijou de la stratégie / gestion qui aujourd'hui encore a une place toute particulière dans le cœur des chanceux qui l'on essayé. Ce classique nommé Dungeon Keeper se basait sur un concept aussi drôle qu'original : développer un donjon du mal afin de contenir les assauts répétés de héros présomptueux. C'est donc avec une immense joie mais aussi un soupçon de crainte qu'on accueille en ce début d'année un reboot free-to-play sur smartphones.
Dès les premières minutes de jeu, on retrouve avec plaisir l'ambiance si particulière de la série initiée par Bullfrog, notamment grâce à la présence d'Horny aux commandes du didacticiel. Néanmoins, les mécanismes qu'il nous présente devraient surprendre voire décevoir plus d'un fan. Pour son passage sur smartphones, Dungeon Keeper reprend en effet bon nombre des codes et coutumes qui régissent la plupart des titres du genre sur le support. Cela passe par exemple par des constructions durant plusieurs heures, peut-être même plusieurs jours, et une récolte des ressources manuelle consistant à tapoter du bout du doigt les mines en activité. Creuser prend également un temps variant entre 5 secondes et 1 jour en fonction du type de terre, si bien qu'on passe finalement énormément de temps à attendre. Il existe évidemment un moment pour accélérer les choses, mais ne vous inquiétez pas, on y reviendra bien assez tôt.
Un jeu de gestion / stratégie comme il y en a des dizaines
Dans le fond, Dungeon Keeper n'est donc pas spécialement original. On doit tout d'abord y creuser des galeries et autres espaces vides en faisant déblayer la terre par les diablotins afin d'y construire des salles aux fonctions diverses et variées. Les entrepôts permettent d'augmenter la limite de stockage en or et en pierre, l'atelier permet la construction de pièges défensifs, la bibliothèque génère du mana utile pour lancer des sorts, le couvoir augmente le nombre limite de serviteurs dans l'armée, la salle d’entraînement permet d'augmenter le niveau de chaque unité en échange d'une bonne quantité d'argent, le cimetière donne accès aux vampires, le temple aux fantômes, etc. Il reste alors à placer quelques pièges, portes, canons, tours ralentissant l'ennemi ou autres bombes poulet afin de sécuriser le tout. Il faut savoir que chaque pièce s'améliore indépendamment afin d'augmenter la vitesse de génération des ressources, la quantité maximale qu'il est possible de stocker, le nombre de pièges dans le donjon, de nouveaux pouvoirs, unités, etc. En somme, l'humour traditionnel de la série est bien présent, mais il s'agit là du seul élément qui renvoie au premier opus puisque ce principe est celui de la plupart des jeux de gestion / stratégie sur le support.
Du tower defense, original, non ?
Il convient maintenant de se lancer dans la bataille. La campagne en comprend environ 45, centrées alternativement sur l'attaque ou la défense. Dans les premières, il faut simplement prendre d'assaut des donjons de mieux en mieux gardés en utilisant à bon escient des sorts (flammes, transformation des ennemis en poulets...) et des unités au comportement variable. Les trolls par exemple attaquent en priorité les salles défensives tandis que les démons attaquent les salles de stockage. Chacun bénéficie en outre de bonus et malus particuliers : le squelette encaisse mieux les dégâts, les magiciens peuvent attaquer à distance, les démons empoisonnent l'ennemi tout en étant exposés face aux squelettes, les anges noirs peuvent ressusciter les morts, etc. Il faut donc jongler avec les spécificités de ses troupes, et surtout ne pas les envoyer n'importe comment dans la mêlée. En effet, chaque pièce capturée devient un nouveau point de spawn à partir duquel on peut invoquer une unité susceptible d'être efficace contre les défis à venir. Tout ceci s'avère par conséquent plutôt stratégique et pas inintéressant. Les phases de défense sont toutefois nettement moins sympathiques. En effet, le comportement des unités est problématique dans la mesure où elles n'ont que rarement la présence d'esprit d'aller affronter l'ennemi, même lorsqu'il est dans la même pièce. Il ne faut donc pas les placer toutes d'entrée de jeu et attendre les vagues les plus importantes pour les déployer. Au final, on se retrouve avec un système de tower defense pas spécialement original.
Un système économique scandaleux !
Attention, il faut également savoir qu'une unité invoquée est perdue, même si elle survit au combat. Il faut donc recruter après chaque bataille, ce qui peut s'avérer plus onéreux que le loot obtenu dans la victoire. Les ressources deviennent rapidement limitantes puisque les sommes demandées pour la construction et l'amélioration des salles sont tout simplement hallucinantes. Il est alors possible de dépenser de l'argent réel pour obtenir des gemmes. Et il s'agit là de la réelle monnaie du jeu puisqu'elle est nécessaire pour obtenir instantanément n'importe quelle ressource, accélérer n'importe quelle construction, mais aussi obtenir des boosts d'attaque, de défense ou de loot via le statut VIP (ce qui est très pratique en PvP), et même recruter des diablotins. Finalement, il est probable que le joueur gratuit soit obligé de faire avec 2 diablotins et ne puisse ainsi pas effectuer plus de 2 actions simultanément. Quand une construction dure 3 jours, il devient tout simplement impossible de jouer. On peut gagner quelques gemmes via des réalisation diverses et variées, sauf que la plupart ne rapportent que 5 gemmes quand le 3ème diablotin en coûte 800. Et comble du scandale, il existe une réalisation pour l'obtention du sixième qui rapporte... 50 gemmes. Franchement, de qui se moque-t-on ? Et si vous choisissez de passer à la caisse, vous pourrez obtenir 14.000 gemmes pour 90 € quand un statut VIP de 100 jours en coûte 10.000... Mais ne comptez pas pour autant vous rendre le jeu plus sympathique, parce que son manque de profondeur devient criant dans ce cas. Reste que vous gagnerez toutes vos parties en multi, mais quel est l'intérêt quand on ne peut même pas choisir d'affronter un ami ? Bref, fuyez comme la peste ce Dungeon Keeper qui a tout de l'hérésie.
Points forts
- L'humour de la série présent par moments
- Les attaques de donjons plutôt stratégiques
Points faibles
- Pas original
- Manque de profondeur
- Temps de construction trop longs
- Les gobelins qui s'achètent avec de l'argent réel
- Les armées à usage unique
- Achats intégrés trop chers
- Récolte de ressources trop lente
- Pay-to-win
- Impossible d'affronter un ami en PvP
- Pas stable
Que vous soyez un fan de Dungeon Keeper ou non, nous ne pouvons que vous conseiller de fuir ce reboot qui est tout simplement scandaleux, aussi bien à cause de ses mécaniques de gameplay simplistes et extrêmement lents qu'à cause de son système économique on ne peut plus pénible. Pour tout vous dire, il est quasiment impossible de jouer sans payer. Ajoutez à cela un côté pay-to-win très marqué, des soucis de stabilité, et vous tenez un titre à éviter coûte que coûte. Dommage, la série mérite mieux !