Vous est-il déjà arrivé d’ouvrir les yeux et de vous retrouver couvert de poils, de plumes ou d’écailles, hurlant à la lune votre haine du genre humain ? Non, j’espère que non… Pourtant, si cela vous a effleuré l’esprit, c’est une expérience que pourrait bien vous procurer Altered Beast : Guardian of the Realms. Issu de la portée bien connue Altered Beast, ce titre vous replongera dans une Antiquité déjà en ruine, pour tailler du monstre tout au long d’un périple pour ainsi dire olympique. Prêt ? Feu ! Mutez !
Plutôt Dicé qu’île Yade…
Si ce sous-titre des plus inspirés ne vous dit rien, alors c’est que la mythologie grecque ne vous évoque pas grand-chose. C’est pourtant aux confins de la Crête que commence votre périple, dans une petite bourgade aux prises avec de sombres puissances. En effet, les dieux de l’Olympe sont mis à mal par une force inconnue (non, ne pensez pas à un certain barbichu au teint blafard et tatoué d’un oméga…) et il est de votre devoir d’élu des dieux (champion des jeux) que de leur apporter votre aide. Mais que peut la frêle chair d’un simple mortel face à des hordes de monstres tout droit sortis des Enfers ? A cette question, les dieux ont trouvé une réponse… adaptée. Car si l’on combat le feu par le feu, c’est en vous transformant en monstre que vous serez à même de terrasser les puissances maléfiques et de rendre le monde aux Olympiens. Autant vous dire que ça promet…
La progression s’effectuant dans des environnements en 2D, vous serez invité à traverser toute la Grèce en passant par bien d’autres contrées (à influence égyptienne, germanique…) pour les libérer du joug des adversaires des dieux. Si certains lieux s’inspirent de la mythologie (les sables des Sahars, les marais de Lerne…), d’autres vous enverront découvrir des endroits pas forcément fréquentables (volcans en fusion, cavernes infernales, citadelles embrumées…) tout au long de vos quinze travaux d’Hercule, comprenez donc quinze longs niveaux avec une esthétique et un bestiaire uniques. Chacun sera l’occasion de voir du pays et de ravir vos mirettes, les graphismes s’avérant des plus corrects pour la console. Bref, de quoi créer votre propre mythe dans une époque de légendes.
Et c’est ainsi que les athéniens s’atteignirent et que les perses se percèrent
Ne cassant pas trois pattes à un centaure, le gameplay repose sur les bases efficaces du punch-coup de pied-saut. Ces trois actions pouvant être déclinées en combo (coup bas, uppercut, coup sauté…), elles composeront la base du combat de votre avatar crétois, bien décidé à cogner du monstre. Vos adversaires s’avérant extrêmement variés allant du cyclope au zombie, en passant par le spectre, la momie, l’hydre, le dragon, la gorgone et d’autres adversaires empruntés à divers mythes et civilisations antiques, ou encore tout droit sortis de l’imaginaire délirant des développeurs (moustiques géants, chaudrons arachnoïdes…). Et pour rabattre son caquet à cette ménagerie mythique, vous serez amené à passer par diverses formes. En effet, les spectres à l’origine du mal qui ronge l’Olympe sont porteurs de pouvoirs (appelons ça des âmes), au nombre de trois par niveau, qui vous transforment petit à petit. Optionnelles, ces âmes vous seront pourtant d’un grand secours. Si l’absorption des deux premières ne fait que développer votre masse musculaire, rendant vos coups plus puissants, la troisième vous transformera en une créature monstrueuse capable de semer la destruction plus facilement qu’elle ne respire.
Loup-garou, nâga (genre de gorgone d’influence indienne), mi-tigre, triton, rhinotaure, chimère, scorpius, et bien d’autres constitueront vos alter ego bestiaux, parmi les dix transformations possibles. Disposant tantôt d’une force ou d’une agilité sans pareil, tantôt d’attaques de zones puissantes ou de capacités uniques (vol, nage…) vos mutations vous seront bien utiles pour faire taire les autres créatures vous barrant le chemin, plus particulièrement les boss de fin de niveaux, souvent plus que coriaces. Le jeu se voulant relativement difficile, il serait bien malheureux de rater l’orbe de transformation à quelques mètres du boss, vous retrouvant donc à devoir affronter le vilain dieu-sait-quoi avec vos seuls poings et pieds. A noter que chaque transformation possède quatre variantes (de nos jours, on appellerait cela des skins), à puissance variable et qui seront déblocables en rejouant les niveaux. Et si bien entendu le chemin est long jusqu’à la métamorphose, les dieux ne vous ont pas pour autant oublié en chemin. Pas de lames du chaos ici, mais des petits pouvoirs et objets bien utiles pour rester en vie : séisme de poche, boules de feu portatives, bouclier énergétique, boost d’adrénaline ou encore régénération accrue sont quelques-unes des capacités que vous pourrez vous voir accorder en chemin, en plus de la délicieuse ambroisie qui vous maintiendra sur vos jambes tout au long du périple. Autant dire qu’il est clair que les dieux sont avec vous, et ce n’est pas un soutien à négliger. D’autant qu’ils ne comptent pas vous trahir ensuite pour de sombres raisons : pas de quoi faire un complexe d’Œdipe !
Des kilomètres à pied, ça use, ça use le talon d’Achille…
Vous vous en seriez douté, Altered Beast n’est pas exempt de défauts. Au-delà d’un scénario des plus basiques qui vous est présenté brièvement pour n’être évoqué de nouveau qu’à la toute fin du jeu, c’est surtout le gameplay qui pose problème, et la lenteur du personnage sous sa forme humaine. Peu agile, ses coups sont très limités sous sa première forme, vous renvoyant plus que souvent rejoindre Léonidas et ses 299 guerriers ad patres tant la difficulté peut s’avérer retorse. Le jeu se basant sur un système de continues ramassés dans les niveaux, si vous mourez et ne disposez pas du précieux artefact, vous n’aurez même pas la possibilité d’un « insert coin » : ce sera retour au début systématique. Concernant l’aspect technique du jeu, même s’il fait en général plaisir à voir, l’inclusion des personnages et ennemis en 2.5 D dans des décors strictement 2D peut parfois donner une impression étrange, comme si vous avanciez sur une feuille de papier aux jolis décors, certes, mais la plupart du temps mortellement inerte.
Pour autant, comme l’aurait sûrement dit Platon s’il avait pu y jouer, Altered Beast : Guardian of Realms est loin de la platitude que suggère sa réalisation en deux dimensions. Dynamique, efficace et parfois jouissif lorsque vous passez aux commandes d’un monstre au goût prononcé pour le carnage, il a tout du beat them all 2D efficace et s’avère même assez addictif. De par sa variété tant dans les niveaux, les ennemis ou pour les transformations, il offre un contenu dont la durée de vie n’a pas à rougir face à la concurrence de l’époque et il serait bien dommage de l’envoyer prendre la poussière derrière une quelconque vitre de musée. Une bonne pioche dans un univers intéressant : antique, mais pas en toc…
Points forts
- Les transformations, nombreuses et uniques
- La variété dans les niveaux
- Le bestiaire conséquent
- Assez long et bénéficiant d’une bonne rejouabilité
- Les pouvoirs divins
Points faibles
- Le système de continues
- La difficulté parfois très élevée
- Le scénario excuse pour massacre
Altered Beast : Guardian of the Realms est un titre non dépourvu de qualités : dynamique, efficace, varié et coloré, il saura sans mal convaincre les amateurs de massacres mythologiques tant les aventures grecques proposées s’avèrent explosives. Les bonnes idées sont nombreuses et si une difficulté parfois assez élevée viendra sans doute désarçonner le joueur le moins patient et habile, il ne s’agit pas pour autant de baisser les bras quand Zeus a besoin d’un coup de main : bref, pas de quoi amphore tout un plat. Pas forcément beau comme un Apollon, le jeu a largement de quoi ravir son public, sans pour autant déclencher une guerre de Troie.