Bien décidé à imposer son gameplay sonore introduit dans le premier Papa Sangre – également repris dans The Nightjar, le studio Somethin' Else présente Papa Sangre 2. Nous voilà donc replongés dans le noir complet, notre destin intimement lié à notre sens auditif.
Dans les jeux Papa Sangre, nous nous retrouvons privés de la vue. Sans aucune possibilité de voir ce qu'il se passe, c'est uniquement grâce aux sons qui nous entourent qu'il faut avancer. L'aspect sonore est par conséquent ultra léché pour nous immerger complètement dans un monde que l'on ne peut qu'imaginer. Conformément aux règles de la série, nous ne sommes jamais seul dans le noir. Au contraire, un mystérieux personnage nous prend toujours sous son aile pour nous guider dans l'aventure. Dans cette suite, c'est l'acteur Sean Bean (Boromir dans le Seigneur des Anneaux, Eddard Stark dans Game of Thrones) qui nous parle directement au creux de l'oreille – évidemment en anglais, et sans aucun sous-titres, vous voilà prévenu.
Circulez, y'a rien à voir
Le personnage qu'il incarne pose le scénario et nous explique la triste réalité qui sert de point de départ. Nous sommes mort et il va falloir explorer le musée des souvenirs pour récupérer quelques fragments de mémoire dans l'espoir de revenir à la vie. Comme par hasard, le musée grouille de vilaines limaces prêtes à nous dévorer si elles nous trouvent. Durant plus d'une vingtaine de niveaux, on joue ainsi au chat et à la souris avec diverses créatures de plus en plus malignes, dans des environnements de plus en plus complexes, et au milieu de sons de plus en plus nombreux. Le scénario évoluera pour nous faire quitter le musée et nous permettre d'explorer d'autres lieux grouillant de divers sons plus ou moins inquiétants.
A l'instar du premier volet, la grande réussite de Papa Sangre 2 est d'arriver à créer un monde crédible grâce à une gestion parfaite des sons. La qualité sonore est impeccable au point de pouvoir situer où se trouve chaque objet ou chaque danger. On sait du coup si un monstre marche sur notre gauche, ou si l'alarme qui vient de se déclencher se trouve loin devant ou juste dans notre dos. La gestion spatiale est irréprochable dans Papa Sangre 2, et c'est tant mieux car ce sera l'unique point de repère que nous aurons pour progresser. L'intégralité de l'aventure se déroule ainsi en fixant une simple boussole à l'écran qui affiche la direction à laquelle on fait face. Quatre icônes sont aussi présentes : deux pour les pieds, et, nouveauté, deux pour les mains. En alternant pied gauche et pied droit, il est ainsi possible d'avancer, tandis que les deux autres icônes permettent d'agir sur un objet ou de frapper des mains pour faire du bruit et attirer l'attention d'un monstre. Pour tourner, Papa Sangre 2 propose de faire glisser la boussole avec le doigt, ou tout simplement de pivoter sur soi-même. Inutile de préciser que l'immersion est totale pour qui prend la peine de se lever, d'enfiler un casque sur ses oreilles, de fermer les yeux et de se tourner réellement pour se diriger.
Dur d'oreille
En dépit de toutes ses qualités et de son pouvoir immersif, le jeu souffre encore et toujours du même défaut majeur. L'expérience est si marginale qu'elle reste encore bien compliquée à maîtriser. Comme Papa Sangre et comme The Nightjar, Papa Sangre 2 reste donc un jeu très difficile qui bascule régulièrement dans le frustrant. Les niveaux ne sont pas forcément très longs, mais la moindre erreur entraîne irrémédiablement un game over obligeant à reprendre la section depuis le début. Dans sa grande générosité, le jeu accorde deux tickets permettant chacun de passer un niveau. C'est déjà ça, même si ces deux tickets ne vous mèneront pas très loin. Sachez donc qu'à un moment ou à un autre, il faudra obligatoirement triompher de quelques niveaux pour espérer voir… pardon entendre la suite de l'aventure. Dur, dur…
Points forts
- La localisation des sons est parfaite
- Le design sonore donne vie à ce monde invisible
- Sean Bean en guide personnel, ça ne se refuse pas
- Bien immersif
Points faibles
- Difficulté punitive
- Gameplay toujours limité
- Bonne compréhension de l'anglais nécessaire
Dans les faits, Papa Sangre 2 est plus réussi que son aîné. La gestion du son gagne encore en précision et nous immerge sans aucun mal dans un monde que l'on ne peut voir. Le jeu d'acteur de Sean Bean est lui aussi dénué de tout reproche. Ceci dit, après déjà deux productions similaires, le concept semble montrer ses limites. L'aventure réserve ainsi quelques moments à la difficulté redoutable qui ne manqueront pas de frustrer même les joueurs les plus zen.