Alors le voici, le fameux « Wii Fit next-gen », autant le dire tout de suite, vous aurez à vous servir de pas mal d'outils pour faire votre sport du matin. Voyez plutôt : la Balance Board (le pèse-personne 2.0 permettant de mesurer la pression au sol de chaque pied), deux Wiimote avec Motion Plus idéalement, le podomètre Fit Meter pour mesurer vos efforts à l'extérieur, sans oublier évidemment le GamePad de la Wii U. Ajoutez à ça un tapis de yoga, une bonne réserve d'eau, pas mal de temps devant vous, de l'espace, et vous obtiendrez l'environnement idéal pour faire vos séances. La question est : Nintendo, épaulé par cette armada d'outils, a-t-il renouvelé son concept depuis le précédent opus ? Non parce que bon... Ça fait quand même 4 ans ! On est donc en droit d'espérer une refonte graphique à la hauteur de la console ainsi qu’un tout nouveau set d'exercices et des jeux mettant en avant les atouts du GamePad. Verdict ?

Un vaste panel d'outils au service d'un concept pas forcément optimal

Comme la plupart des titres Nintendo, Wii Fit U est plutôt tourné vers la famille au sens large, comprenez que l'on nous prend constamment par la main : on nous répète très souvent que le mode Miroir (qui utilise la caméra du GamePad) est activable de telle manière, qu’il ne faut pas trop forcer, qu'il faut bien mettre la dragonne lorsque l'on prend une Wiimote, bref, la lourdeur des interfaces à la « Big N family game » est toujours présente pour mettre à l'aise la cible à demi-avouée de cet opus : les femmes pas forcément joueuses. C’est d’ailleurs un peu dommage de voir que l’on perd un temps non-négligeable en palabres ou en menus, et cela devient vite frustrant si on est un peu pressé et que l’on souhaite juste faire un exercice ou deux, mais passons, imaginons que nous avons tout notre temps. Encore une fois, le rôle d'assistant coach est campé par l'avatar de la Balance Board qui sera votre mentor santé tout au long du jeu tout en étant friand de commentaires plus ou moins utiles. Passées les présentations et la création de profil prenant en compte l’âge, le poids, la taille, on nous attribue un IMC (pour Indice de Masse Corporelle) qui définit si l'on est obèse, en surpoids (comme votre humble serviteur qui abuse visiblement de junk-food), en poids idéal ou en sous-poids. Rappelons au passage que, depuis deux ans, l'IMC est de moins en moins utilisé car l'indice est jugé peu représentatif de la bonne santé physique d'un individu. En effet, il ne prend pas en compte des statistiques cruciales comme le rapport entre les masses musculaires et graisseuses du corps humain : il est donc dommage de mettre une étiquette sur la corpulence des gens en se basant sur une donnée désormais laissée de côté.

Du « déjà-vu » qui permet d’apprendre à faire du sport

Passons donc sur les détails conceptuels et rentrons dans le vif du sujet : que nous propose cette compilation d’entraînement physique ? A vrai dire, il y a un large panel d'exercices qui vont du yoga à la danse en passant par la gym, l'aérobic ou encore les exercices d'équilibre (vous comprenez désormais pourquoi on parle de public-cible féminin). Au total, 77 activités sont disponibles avec plusieurs modes de difficulté débloqués au fur et à mesure de votre progression. Ça peut paraître bigrement fourni, mais il est bon de garder à l'esprit que sur ces 77 activités, seulement 19 sont inédites. L'attente a donc été un peu longue pour un tel contenu, et cela signifie par extension que moins d'un quart des exercices utilisent le GamePad. Ce dernier est malheureusement trop souvent relégué au rang de second écran, que l'on doit poser quelque part comme nous l’indique le jeu, avant de le reprendre parce qu'il faut appuyer sur A pour valider un menu, avant de le reprendre une nouvelle fois afin de passer les explications longuettes de début d'exercice. Soyez donc assuré qu'une activité durant 2 minutes prendra en réalité 3 ou 4 minutes au total si l'on compte le temps nécessaire au calibrage poids et équilibre de la Balance Board ou le temps passé à zapper les fioritures. On vous l’avait dit plus haut : il ne faudra pas être pressé pour faire votre sport du matin.

Que valent les exercices ?

Du côté des exercices en eux-mêmes, la formule reste inchangée par rapport aux opus précédents : on reproduit les positions ou les enchaînements à l’écran, avec ou sans la Balance Board et les éventuels GamePad et Wiimote. La détection est parfois hasardeuse (surtout celle des Wiimote, qui comme bien souvent ne retranscrivent que l’impulsion et non le mouvement en lui-même), mais le résultat reste satisfaisant. La planche permet donc une gestion du poids appliqué sur les récepteurs gauche et droit ainsi qu’une prise en compte du centre de gravité durant l’activité. Un rapport assez sommaire est d’ailleurs fourni après chaque exercice afin que vous puissiez savoir ce qui n’a pas marché dans votre performance du jour. Pour revenir au GamePad, si celui-ci est inutile dans la majorité des d'exercices, ceux le faisant intervenir lui font plutôt honneur.

Des mini-jeux qui font passer la pilule des entraînements longuets

On remarquera donc pas mal de petits jeux qui deviennent totalement addictifs de par la combinaison de données prises en compte. Mention spéciale à celui proposant de livrer des gâteaux aux invités lors d'une réception : vous devez y gérer votre marche en faisant du surplace sur la Balance Board, mais devez également veiller à ce que les desserts ne se renversent pas sur votre plateau de serveur virtuel, incarné par le GamePad qui affiche au passage, sur son écran, les desserts en équilibre. On est donc constamment en train de cavaler d'invité en invité, en faisant attention à l'équilibre du plateau sur la télé et sur le GamePad. Ce simulateur de serveur n’est pas la seule bonne création de Nintendo pour cet opus et on peut au final se faire des programmes mêlant échauffements d’aérobic, positions de yoga, mini-jeux, sessions physiques, et un peu de gym pour conclure en douceur. Ce sont d’ailleurs ces fameux mini-jeux bien conçus qui permettent au titre d’être savoureux, puisque l'on a à peine l'impression de faire des efforts, alors que l'on cavale depuis une demi-heure. Dès lors, le titre prend un goût nouveau en proposant une nouvelle approche du jeu via la mablette… Tout ce que l’on attend de la Wii U depuis sa sortie, en somme…

Un training sportif à emmener partout avec vous

Néanmoins, ne nous méprenons pas, Wii Fit U ressemble davantage à un bon guide du sportif qu’à un réel entraîneur efficace sur le rapport temps / résultat. Si vous cherchez à perdre du poids ou à vous créer un programme d’assouplissement musculaire, il peut très bien vous éclairer, mais il ne suffira pas si vous souhaitez faire votre sport uniquement par son intermédiaire. D’ailleurs le jeu nous le rappelle en calculant régulièrement les kilocalories brûlées et en vous proposant de comparer la donnée par rapport à des aliments, ce qui peut s’avérer franchement déstabilisant vu qu'il vous faudra environ une heure d'exercices (niveau débutant ou avancé) pour brûler l'équivalent d'un paquet de chips. Passons sur les épreuves de danse qui manquent assez souvent de précision et d’attrait pour remplacer efficacement le travail effectué au step et intéressons-nous au Wii Fit Meter, nouveauté de cet opus. Il est petit, rond, ressemble à un Tamagotchi, s’éteint constamment lorsque vous êtes inactif (notez qu'il s'est éteint une fois en pleine marche), et calcule vos pas et votre altitude. Son utilité dépend donc grandement de votre propension à avoir le réflexe de l’embarquer en partant courir ou en partant au travail mais son port permet d’évaluer votre distance parcourue chaque jour. Wii Fit U vous permet même de vous fixer des objectifs de distance ou d’altitude, vous pourrez donc vous estimer heureux d’avoir grimpé l’équivalent de la tour Eiffel en ayant monté les escaliers de votre entreprise pendant la semaine.

Une flopée d'exercices et un test physique au quotidien

Au niveau de la structure type d’une partie journalière, le titre ressemble assez à un Kawashima, étant donné que l’on peut une fois par jour effectuer un « test physique » afin de jauger notre état et de voir la progression au fil des semaines. On est donc invité à faire « le point » quotidiennement afin de définir notre « âge Wii Fit », un âge fictif défini en fonction de nos scores sur deux exercices d'adresse qui n'ont franchement rien à voir avec le fitness ou la santé physique, ce qui est dommage. Il est tout aussi dommage de devoir faire très très très souvent les mêmes tests lors de ces sessions, pourtant, ce ne sont pas les exercices qui manquent. Votre IMC est également mis à jour, enregistrant votre poids à chaque nouvelle connexion et vous proposant un système de graphique pas franchement lisible afin de mettre en corrélation votre courbe de poids, vos kilocalories brûlées en exercice ou encore vos données de marche issues du Wii Fit Meter. Wii Fit U introduit également la possibilité de rejoindre un groupe de joueurs (au hasard ou en rentrant un code), ce qui permet d'avoir accès aux progressions de vos amis si vous souhaitez vous entraîner « ensemble », à ceci près qu'aucune activité multijoueur n'est disponible, il ne s'agit là que de partager ses records et ses accomplissements personnels. On trouve également un vaste choix de programmes, personnalisés, déjà conçus ou composés en fonction des parties du corps que vous faites le plus travailler.

Vous l’aurez sûrement compris, Wii Fit U est complet si vous n’avez aucun Wii Fit de la collection. Si par contre vous avez déjà donné, il se peut que vous restiez sur votre faim par rapport aux nouveautés, ou par rapport à la prise en compte bien trop rare du GamePad. Néanmoins, certains mini-jeux valent clairement le coup et permettent de faire passer la pilule par rapport aux nombreuses tares et lourdeurs de cet opus. Nous parlons entre autres de l’absence d’un réel mode multijoueur qui permettrait de faire des exercices à plusieurs et d’avoir ne serait-ce qu’un support vocal ou vidéo (rêvons un peu) pour pouvoir discuter en temps réel avec ses compagnons d’infortune. Une refonte graphique digne de ce siècle aurait également été la bienvenue… Il faut bien avouer que la réalisation, tant audio que graphique, reste globalement inchangée depuis 2008.