Une mouche vient vous bourdonner à l’oreille tandis que vous essuyez ce froid filet de sueur qui vous glisse le long du cou. Vos yeux sont rivés sur ce bosquet de fougères que vous venez de voir remuer. Il est là. Il est à vous. Les derniers rayons solaires luisent contre l’acier chromé du canon de votre arme alors que vous visez : il s’agit de ne pas le rater… Lentement, il se redresse. Son énorme gueule s’entrouvre alors qu’il capte les fins volutes de votre sudation, réveillant son appétit. Et ce n’est que quand vous voyez le cératosaure fondre sur vous que vous vous rendez compte que le chasseur est devenu la proie. Bienvenue dans Carnivores HD : Dinosaur Hunter.
« L’homme crée les dinosaures, les dinosaures mangent l’homme… »
Dès les premières secondes, le dernier-né de la portée enfantée par Tatem Games vous en fait voir de toutes les couleurs. Propulsé dans une jungle aussi luxuriante qu’hostile, un bref aperçu vous explique que vous venez d’atterrir non pas dans un certain parc à thème mais sur une planète dédiée à la chasse au gros gibier. Simple mais diablement efficace. Les commandes sommairement détaillées, vous vous lancez dans une exploration excitante des lieux, fusil en mains. Ce n’est qu’une question de temps avant que vous ne rencontriez votre première cible. Aussi titanesque qu’élégante, la créature se déplace de manière fluide tandis que vous cherchez à l’abattre. Car c’est probablement le premier élément frappant chez ce jeu indé : la qualité graphique. Les décors sont jolis, les animaux tout autant, et l’ambiance sonore vous replonge dans un monde que l’humain n’a jamais connu avec un plaisir non dissimulé pour le joueur. Le premier animal mis à terre, le chasseur virtuel se voit alors offrir quelques crédits pour avoir réussi à vaincre la plus vieille frustration humaine : celle d’en découdre avec plus gros et plus féroce que lui.
La première chasse terminée, le jeu vous présente son système de licences, de dinosaures et de maps. En fonction de vos scores lors des chasses, vous débloquez petit à petit de nouveaux environnements et de nouveaux dinosaures. Vous passez donc du tranquille herbivore au dangereux prédateur, alors que vous gagnez en puissance. Car si les placides mangeurs de feuilles se contenteront de fuir à votre approche, d’autres plus irritables vous chargeront sans sommation, parfois pour vous dévorer. Passant de la jungle au désert, tout en traversant vallées et pinèdes, vous croiserez tour à tour stégosaures, ankylosaures, tricératops, cératosaures, ptéranodons… Jusqu’à la proie ultime, le fameux T-rex !
« J’ai dépensé sans compter… »
On ne chasse pas un parasaurolophus au lance-pierres, tout bon baroudeur vous le dira. Très vite, vous encaisserez un petit paquet de crédits que le jeu vous invitera à dépenser de manières diverses. Les armes, bien sûr, sous la forme du fusil, pistolet, arbalète et sniper. Chacun a ses avantages et ses inconvénients, la puissance de feu ne l’emportant pas forcément sur la distance de tir ou le fait que l’engin soit silencieux. Les accessoires ensuite : appeau, protection odorante, anesthésiants… Autant de joujoux idéals pour rendre vos chasses plus sûres ou plus faciles. Car les bêtes à écailles ont bonne ouïe et bonne vue, et un gadget bien utilisé vous sauvera parfois la vie. Enfin, les licences, essentielles pour vous permettre de chasser tel ou tel saurien sur chaque map, et donc démontrer vos talents quand il s’agit de truffer de plomb ces "grosses dindes". Evidemment, plus l’engin est utile, plus il est cher, et il vous faudra abattre plusieurs tonnes de dinosaures pour les débloquer tous et maximiser vos chances de ne pas rentrer bredouille… ou de rentrer tout court.
Fidèle à l’esprit des anciens opus de la série, le système de trophées est toujours présent et votre salle personnelle se verra agrémentée de nouveaux bestiaux à chacun de vos meurtres préhistoriques. Les perfectionnistes pourront ainsi se vanter d’avoir abattu un T-rex d’un seul coup, là où d’autres préféreront simplement contempler une belle collection de géants squameux empaillés. Chaque animal a sa propre taille et son propre poids, encourageant le joueur à traquer les créatures les plus titanesques et donc dangereuses. Mais au final, c’est avec plaisir que l’on se relancera sur la piste du gibier ultime, grâce à un système d’étoiles pas si loin d’un (prehistoric) Angry Birds.
« Vous avez créé des raptors ? »
Eh bien n’en déplaise à Alan Grant, mais la réponse est tristement "non". Et c’est peut-être le premier élément à reprocher à ce titre : le bestiaire. Là où les anciens opus affichaient parfois jusqu’à vingt dinosaures à chasser, ce dernier n’en propose que dix, dont trois faisant plus office d’ambiance que de véritables cibles (ptéranodon, gallimimus, pelecamimus pour les connaisseurs). De plus, malgré son nom, Carnivores HD ne possède à sa liste de victimes sauriennes que deux prédateurs mangeurs de chair, un brin décevant quand on voit le potentiel initial d’un tel jeu. La simulation de chasse pèche (sans mauvais jeu de mots) donc de voir le joueur traquer trop souvent les mêmes animaux sur un nombre de cartes pourtant satisfaisant (9 maps grandes et variées), accentuant un aspect répétitif qui aurait presque pu passer inaperçu… Tout du moins avant les cinq ou six heures de jeu.
En effet, si les premières cartes et cibles se débloquent vite, il vous faudra partir sur les traces des deux ou trois mêmes dinosaures plusieurs fois pour en débloquer un nouveau, puis recommencer pour débloquer le suivant. Un système de grind parfois déroutant et qui décevra les joueurs venus chercher action et adrénaline. Cela dit, Carnivores HD n’est pas à reléguer au rang de fossile pour autant. Avec son approche originale et superbement réalisée d’un univers trop peu utilisé dans le milieu vidéoludique, le titre a de quoi convaincre avec son casting unique et son côté simulation réaliste (de chasse au dino, d’accord…). Nul doute qu'il trouvera un public désireux de faire s’éteindre de ses mains les derniers rescapés du monde perdu.
Points forts
- Un jeu de chasse aux dinosaures
- Des environnements variés et bien retranscrits
- Graphiquement très joli
- Pas mal de contenu à débloquer
- Le système de trophées à collectionner
- Le prix (dix euros)
Points faibles
- Bestiaire peu conséquent
- Répétitif à la longue
- L’IA variable des proies
- Uniquement en anglais
Carnivores HD : Dinosaur Hunter, c’est un peu Cabela’s à la sauce Jurassic Park : un jeu de chasse mâtiné de préhistoire et de gros lézards vicieux. Si l’émerveillement initial face à la réalisation et aux possibilités de gameplay est déçu par un bestiaire en demi-teinte et un aspect répétitif notable, on peut tout de même dire que le jeu remplit sa part du contrat. Disposant d’un contenu (objets à débloquer, cartes, dinosaures) conséquent et d’un système de trophées hérité de la série avec laquelle il partage son nom, Carnivores HD propose une vraie simulation de chasse innovante, qui en surprendra plus d’un. Le jeu est fluide, joli, pas cher, jouable au Move et en plus on tire sur des dinosaures : que demander de plus, à part une bonne assurance vie ?