Ces dernières années, l'image d'Electronic Arts a été quelque peu écornée par diverses bévues : le lancement de SimCity, les fonctionnalités « oubliées » des Sims 4, l'infâme Dungeon Keeper paru sur mobiles (liste non exhaustive). L'éditeur doit désormais retrouver la confiance des gamers. Et pour cela, quoi de mieux que de leur offrir un bon gros RPG made in BioWare ? Ça tombe bien, Dragon Age Inquisition sort dans trois semaines et pourrait bien faire taire les détracteurs d'EA.
Eh oui, plus que trois semaines avant la sortie de Dragon Age Inquisition ! Nous avons pu tester une version quasi finale pendant 4 heures environ, soit le temps de faire le prologue et d'explorer une partie de la première zone de jeu. En revanche, EA a posé des restrictions sur ce que nous avons le droit de montrer – et de raconter dans ces lignes – dans le but bien compréhensible de ne pas spoiler l'histoire. Plutôt que de tourner autour de ces interdits, nous allons carrément passer sous silence tout ce qui a trait au scénario, afin de vous laisser intact le plaisir de la découverte. Bornons-nous à dire que vous retrouverez quelques têtes connues comme Varric, et que vous ne pourrez pas importer vos sauvegardes de Dragon Age II. En revanche, EA a mis en place un site Web pour indiquer à Inquisition quels étaient vos choix. Ils auront donc bien un impact sur le déroulement de cette nouvelle aventure.
La tactique des gens d'armes
Ces considérations étant évacuées, intéressons-nous au gameplay, et avant tout aux combats. Dragon Age II fut conspué pour son orientation action trop prononcée. Les développeurs d'Inquisition ont pris en compte cette critique. Certes, il est toujours possible de jouer en temps réel en vue à la troisième personne, mais la pause et la caméra tactique de DA Origins sont de retour ! L'action peut être stoppée à tout moment pour donner des ordres à ses équipiers, qui se chargeront de les exécuter dès la reprise. Si la fonctionnalité m'a parue totalement facultative en mode Normal (il fallait avancer vite pour en voir le plus possible dans le temps imparti), elle sera sans doute indispensable aux puristes qui opteront pour les modes Difficile ou Hardcore. Surtout si le friendly fire est activé : plus question de balancer des AoE n'importe comment alors que vos personnages de corps-à-corps sont dans la mêlée ! La vue tactique devrait alors prendre tout son sens. Notez qu'il est évidemment possible de basculer d'un équipier à l'autre à tout moment. Un menu permet de définir leur comportement lorsqu'ils sont dirigés par l'IA : à quel seuil de mana arrêter d'utiliser des sorts, à quel pourcentage de vie prendre une potion, etc. Début du jeu oblige, nos héros ne disposaient pas de beaucoup de compétences, mais un petit tour dans la feuille de personnage nous a permis de constater que les différents arbres de talents laissent une grande latitude dans leur progression. Les attributs (force, dextérité, etc.) ne peuvent en revanche pas être modifiés à la main. Leur valeur, automatique, dépend des talents choisis, mais aussi du matériel équipé.
Ce qui nous amène à l'équipement, fer de lance de tout RPG qui se respecte. Dragon Age Inquisition semble assez généreux en la matière, avec un loot relativement riche dès les premiers niveaux. Le jeu propose surtout un système de craft qui nous a paru particulièrement complet. Au cours de vos explorations, vous collecterez plantes, tissus, métaux, ainsi que les plans idoines. Il m'a d'ailleurs fallu lutter contre une collectionnite compulsive pour ne pas perdre trop de temps à ramasser tout ce qui traînait... Il est parfois possible de choisir quel matériau mettre dans un emplacement : un vêtement pourra accueillir de la laine comme du coton et les propriétés de l'objet en seront affectées. Outre la confection des classiques armes et armures, le craft permet de s'adonner aux joies de l'alchimie en créant des potions, mais aussi des « toniques » et une variété de grenades. Enfin, il semblerait qu'il y ait également un système d'upgrades (pour améliorer la poignée d'une arbalète, par exemple), mais je n'ai pas eu le loisir de découvrir cela en détail. Nous y reviendrons au moment du test.
Dernier inventaire avant l'Inquisition
Cette session de jeu nous a permis de découvrir d'autres aspects de ce Dragon Age 3, au premier rang desquels un éditeur de personnages impressionnant. C'est bien simple, tous les traits du visage peuvent être paramétrés finement, depuis le type de cils jusqu'à la taille des narines ! Dommage qu'il n'en soit pas de même pour les corps, mais la performance est déjà remarquable. Au passage, signalons que la race des Qunari vient s'ajouter aux traditionnels Humains, Elfes et Nains. Autre point intéressant : le level design ouvert promis par BioWare. La promesse est tenue à Hinterlands, la région que nous avons pu visiter, qui s'avère effectivement aussi vaste que dense. Exit le côté couloir de Dragon Age II. L'apparition d'un cheval (pour quatre...) n'est donc pas du luxe ! Toutes les régions ne sont cependant pas accessibles dès le départ. Il faudra les débloquer sur la carte de la salle de guerre en dépensant des points de Power pour envoyer un émissaire de l'Inquisition en mission d'exploration. On peut choisir quel type de personnage envoyer (espion, militaire, diplomate), mais j'ignore encore quelles sont les conséquences de ce choix. Idem pour tout ce que EA appelle le metagame, comme la gestion de son propre donjon, que nous n'avons pas pu voir. Sur le papier, l'idée fait un peu penser à la tour de guerre de Divinity II, mais attendons la version finale pour juger l'intérêt de ces fonctionnalités.
A l'issue de cette session d'essai, j'ai pu échanger quelques mots avec Cameron Lee, le producer de Dragon Age Inquisition, à propos du mode coopératif. Développé par la même équipe que le coop de Mass Effect 3, il ressemblera fortement... au coop de Mass Effect 3. A savoir une série de niveaux semi-aléatoires à parcourir à quatre en dézinguant ennemis et boss. Il faudra créer des personnages dédiés au multi, qui progresseront en expérience au fil des sessions. M. Lee a qualifié l'expérience de « dungeon crawling ». Même si ce n'est pas dans ce secteur que l'on attend le plus le bébé de BioWare, cet ajout peut s'avérer sympathique. Un mot sur la réalisation pour finir : DAI nous a paru techniquement abouti, avec des animations convaincantes et de jolis effets de lumière. Les décors sont soignés, comme ce paysage apocalyptique façon Pompéi aperçu dans le prologue. Le seul bémol concerne les chargements longuets lorsqu'on voyage d'une région à l'autre, mais Electronic Arts nous a assuré que cet aspect serait optimisé à la sortie. Verdict le 20 novembre.
Soyons clairs : ce « bon » peut facilement se transformer en « très bon » au moment du test, en fonction de deux facteurs que nous n'avons pas pu juger au cours de cet essai : la qualité de l'intrigue et la profondeur du metagame. Pour le reste, ce troisième Dragon Age nous a paru convaincant : le jeu est beau, repose sur des mécanismes solides (craft, combats...), et semble bénéficier d'une grande ouverture, tant dans sa structure que dans son système de progression. Bref, EA et BioWare pourrait bien tenir là le RPG rédempteur, celui qui fera oublier Dragon Age II... et le reste.