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Test King's Quest II : Romancing the Stones
Profil de Lisore,  Jeuxvideo.com
Lisore - Journaliste jeuxvideo.com

Après avoir brillamment réalisé un remake de King’s Quest : Quest for the Crown, premier volet de LA saga phare de Sierra On-Line, AGD Interactive s’est attaqué à la suite directe de l’épisode fondateur, Romancing the Throne. Renommé pour l’occasion Romancing the Stones, référence au film du même nom avec Michael Douglas (« À la poursuite du diamant vert » chez nous), le jeu paraît en 2002 et connaît plusieurs améliorations jusqu’à sa version finale 3.1 en 2010, objet du présent test. Verdict ?

King's Quest II : Romancing the Stones

L’héritage spirituel de Sierra

Délaissée pour diverses raisons par ses créateurs à la fin des années 1990, la saga King’s Quest compte néanmoins une solide base de fans qui attend avec impatience la renaissance de la série. Certains ne se sont pas contentés de patienter, à l’instar des membres d’AGD Interactive, anciennement Tierra Entertainment. Leur remake non officiel de la toute première aventure de Graham de Daventry, pensé pour s’inscrire dans la continuité visuelle des épisodes V et VI, a séduit non seulement les amateurs de la série, mais également les critiques, qui lui ont décerné plusieurs récompenses. Mieux encore, Vivendi Universal, alors propriétaire de la licence, leur a très officiellement donné sa bénédiction pour continuer le projet, après avoir salué leur travail. Peu de fan projects peuvent se targuer d’une telle reconnaissance. Forts de ce succès et afin de faire connaître dans de bonnes conditions leur saga fétiche au plus grand nombre, les développeurs se sont attaqués au second volet. Cependant, ils sont cette fois allés plus loin que le simple remake, en adaptant le déroulement du jeu afin de renforcer la cohérence narrative de celui-ci avec les suites, tout en restant fidèles à l’esprit de Sierra.

Un jour, mon prince viendra… et s’il pouvait se dépêcher, ça m’arrangerait

King's Quest II : Romancing the Stones
A priori, Kolyma semble être une île paisible…
Après avoir durement gagné son trône dans le volet précédent, Graham assume avec sérieux son nouveau rôle de roi de Daventry, mais se sent seul et triste. Voyant la mélancolie du monarque, Gervain, son premier ministre, lui conseille de se trouver une épouse pour l’aider à porter le fardeau de la royauté. Pour rencontrer la fiancée idéale, rien de mieux qu’une petite consultation du miroir magique, qui lui montre la belle Valanice, princesse captive du pays de Kolyma. Le sang de chevalier de Graham ne fait qu’un tour et, ni une ni deux, il embarque pour cette nation forestière pas si lointaine, afin de mettre fin à l’injuste emprisonnement de la jeune femme et éventuellement l’épouser. Une fois sur place cependant, notre brave roi se retrouve confronté à la Black Cloak Society, une organisation occulte oppressant Kolyma, ainsi qu’à un complot monté contre lui par la sorcière Hagatha et le mystérieux Father. Si l’histoire débute comme un banal sauvetage de demoiselle en détresse, le scénario prend rapidement une tournure plus globale, puisque la quête de notre héros plonge au cœur de problèmes touchant à l’avenir même de Kolyma et de Daventry. La trame du jeu se révèle progressivement bien plus complexe, et même parfois sombre, qu’on ne pourrait le deviner au début de l’aventure. Ce qui change agréablement de Quest for the Crown, dont le scénario tenait sur un ticket de métro.

Le changement dans la continuité

King's Quest II : Romancing the Stones
Le royaume abrite pourtant des personnages inquiétants.
Cette évolution n’est pas seulement due à celle du jeu d’origine créé par Sierra. Elle résulte également du travail d’AGD Interactive. En effet, le studio ne s'est pas contenté d’adapter à la lettre Romancing the Throne : il a modifié l’histoire de base pour l’inscrire dans la trame générale de la série. Ainsi, alors qu’à l’origine seule Hagatha s’en prenait à Valanice pour des raisons assez futiles, la sorcière fait ici équipe avec le mystérieux Father, dans le but avoué de mettre les mains, l’une sur Kolyma, l’autre sur Daventry. Ce complot et ce personnage permettent d’introduire à la fois l’intrigue de l’épisode III, mais aussi un antagoniste central de celui-ci, dont les actions auront des répercussions sur les épisodes suivants. Accessoirement, AGD a également rajouté d’autres références à la saga, voire a introduit des personnages d’autres épisodes, comme Connor, le protagoniste du Masque d’Eternité, ou le très irritant hibou Cédric en easter egg – réalisant au passage le fantasme de nombreux joueurs de l’épisode V, qui ont rêvé pendant des heures de pouvoir claquer le bec de ce sale piaf. Outre ces ajouts, les développeurs ont également réécrit certains personnages et points cruciaux de l’histoire originelle, pour la rendre plus cohérente. Et ça marche, les trous du scénario d’origine ont été comblés. Notamment the Brotherhood of the Pack, antagonistes un peu fumeux dans le jeu de 1985 et dont le rôle se révèle bien plus fouillé ici. Passé les premiers temps de collecte d’informations en aveugle, on est rapidement pris par ce nouveau conte, à la fois drôle et tragique. Plus qu’un simple remake, AGD Interactive réécrit et dépoussière complètement cet épisode, de manière fort réussie. Entre les personnages tous un peu barrés et les dialogues ciselés et pleins d’humour, l’amateur d’aventure romanesque y trouvera son compte.

Remaking the Stones

King's Quest II : Romancing the Stones
La ville semble tout droit sortie d’un livre de contes.
Bien entendu, le scénario n’est pas le seul à avoir subi un petit lifting. Le système de jeu a également été entièrement revu. Comme pour Quest for the Crown, AGD Interactive a définitivement abandonné le gameplay original, nécessitant d’ouvrir en permanence des fenêtres de dialogue pour entrer les actions, un gameplay obsolète, irritant et frustrant, en plus d’être peu maniable. Là encore, le remake fait place au point’n click adopté par Sierra à partir de l’épisode V. Au grand soulagement des joueurs, Romancing the Stones fait donc également le choix du système le plus simple, clair et efficace inventé pour un jeu d’aventure, le point’n click. Avec ses menus complets et faciles d’utilisation, ce système est des plus aisés à utiliser et la prise en main, immédiate, ne pose aucun problème. Les mêmes options que dans le premier remake ont été ajoutées, comme le réglage de la vitesse du jeu ou la capture d’images. La précision, cependant, reste visiblement la bête noire des développeurs : il faut cliquer exactement au bon endroit, à quelques pixels près, sous peine de rater votre cible. Vu le peu d’actions urgentes du soft, ce n’est pas vraiment embêtant, juste irritant. On notera également une petite phase « arcade » de course-poursuite sous-marine, avec obstacles à éviter et poursuivants à distancer, qui change un peu de la routine habituelle. Sympathique, mais pas non plus mémorable. Dans l’ensemble, le jeu est donc très accessible, l’adoption du point’n click y étant pour beaucoup.

De l’art de résoudre des énigmes

King's Quest II : Romancing the Stones
Vous passerez un certain temps dans cette librairie tout au long de l’aventure.
Mais que serait un King’s Quest sans ses énigmes ? Pas grand-chose. Heureusement, Romancing the Stones ne faillit pas à la réputation de la série. Préparez-vous à passez de longues heures à collecter différents objets et à interagir avec eux au bon moment et au bon endroit pour résoudre divers problèmes et avancer, comme dans tout jeu du genre qui se respecte. Le début est assez difficile, dans la mesure où vous ne disposez strictement d’aucune information, d’aucun indice sur votre destination ou comment rejoindre Valanice. Au fur et à mesure, et une fois que vous aurez trouvé la Porte de la Destinée, la logique des recherches deviendra plus évidente (encore que), mais au tout début, vous êtes lâché dans le grand bain sans bouée. Il est d’ailleurs recommandé de faire régulièrement un tour à la bibliothèque des lieux pour en apprendre plus sur le pays et votre quête, et récolter des indices. Ensuite, la logique des interactions fait parfois appel à vos connaissances en matière de contes et légendes : que donner à une sirène pour l’amadouer, par exemple ? D’autres sont au contraire absurdes ou capillotractées et risquent de vous bloquer un moment. Il n’y a pas de schéma ou de routine dans la résolution des énigmes, impossible de s’ennuyer. Attention aux erreurs également : un faux pas, le mauvais objet utilisé, le mauvais PNJ croisé et c’est la mort. De manière souvent tout aussi ridicule que dans les autres épisodes. Préparez-vous à tourner entre 7 et 10 heures aux quatre coins du pays, et bien au-delà, avant d’arriver à la toute fin. Et attention à ne pas rater un objet au passage, sous peine de vous retrouver définitivement coincé à un endroit et contraint de recommencer. Il est indispensable de sauvegarder souvent et de conserver plusieurs sauvegardes pour éviter de devoir reprendre depuis le début. Le jeu reste donc assez dur et à déconseiller aux joueurs manquant de patience et n’ayant pas l’esprit un minimum tordu. Enfin, comme pour le précédent épisode, afin de rajouter un peu de challenge, les objets ramassés et les actions effectuées vous rapportent des points. Pour réussir le jeu à 100 %, vous devez obtenir un score de 185 points, ce qui est tout sauf évident. De ce fait, la durée de vie du soft s’avère tout à fait respectable.

Le beau livre d’images

King's Quest II : Romancing the Stones
Une lampe avec un génie… ça faisait longtemps.
En plus d’avoir réadapté le scénario et modifié le gameplay, AGD a également procédé à une refonte graphique totale du jeu. Dans la ligné du remake du premier épisode, l’objectif reste d’inscrire ce travail dans la continuité des numéros V et VI, sortis respectivement en 1990 et 1992. Le style, les dessins et la réalisation sont donc très proches de ceux de leurs aînés et leur rendent honneur. Les développeurs nous offrent des graphismes 2D assez fins et détaillés à la mode des années 90. S’ils peuvent sembler dépassés par rapport aux moyens des années 2000, ils remplissent parfaitement leur rôle d’adaptation aux standards des épisodes phares de la série d’origine. Et, là encore, le but est pleinement atteint. Les différents tableaux sont conservés et améliorés, fourmillant de détails et joliment colorés, inspirés des contes et légendes occidentaux. Lorsque Graham bascule dans la nuit de Kolyma, l’ambiance sombre et sinistre est également parfaitement rendue. A l’inverse, les paysages forestiers ou champêtres, ou encore l’île prison de Valanice sont tout simplement enchanteurs, dignes d’un beau livre de contes. Les animations, bien que parfois sommaires, sont tout à fait satisfaisantes. On notera cependant quelques défauts de proportions des personnages lors des tableaux fixes de plusieurs cut-scenes, ce qui gâche un peu le bel ouvrage. Autre faute de goût, difficilement pardonnable cette fois, l’emploi de la 3D dans l’introduction, lorsque Graham regarde dans le miroir. Non seulement cela fait tache dans un jeu entièrement en 2D, mais, de surcroît, c’est laid. Clairement dépassé, vide, rigide, ce passage s’intègre très mal avec le reste et gagnerait à être supprimé. Fort heureusement, il ne dure que quelques secondes. Mais tout de même… Concernant les personnages, qui possèdent leurs portraits animés affichés lors des dialogues, ils sont tous doublés, la plupart avec talent, notamment Gervain. Un ou deux sont cependant à la limite du catastrophique, c'est le cas de Possum par exemple. C’est dommage, mais heureusement, l’ensemble reste très agréable, et Josh Mandel, le doubleur originel de Graham, ainsi que John Bell, l’excellent narrateur, rempilent pour l’épisode II, pour la plus grande joie des fans. Enfin, les musiques, plus nombreuses que dans l’épisode I, marquent les divers événements ou ambiances et collent parfaitement à ceux-ci. Nombre d’entre elles sont très réussies et l’on a même droit à un court et très beau passage chanté par Valanice. Cette fois encore, AGD Interactive a fait du très bon travail.

Points forts

  • De très beaux graphismes, dans la lignée des épisodes V et VI
  • Le passage au point’n click
  • Des doublages de qualité, notamment grâce à Josh Mandel
  • Des musiques qui accompagnent parfaitement l’histoire
  • Une difficulté relevée
  • Un scénario étendu et considérablement amélioré
  • Des environnements variés et un univers féerique
  • Une durée de vie respectable
  • Toujours gratuit

Points faibles

  • Une ou deux voix ratées, comme celle de Possum
  • Un point de départ manquant un peu d’originalité
  • Quelques illustrations un peu grossières
  • Le passage en 3D dans l’introduction
  • Pas de patch de traduction

Aussi réussi visuellement que son prédécesseur, malgré quelques défauts, Romancing the Stones va cependant plus loin, en réécrivant l’histoire originelle, mieux ficelée, pour la faire coller à la trame générale de la série. Nettement plus intéressant en termes de narration que le premier épisode, bien que toujours un peu manichéen, ce second volet offre une aventure agréable, pleine d’humour, de drames, de rebondissements et de références aux contes et légendes populaires, remise au goût du jour pour permettre à un nouveau public de découvrir cette saga culte. Offrant un challenge relevé, King's Quest II séduira les amateurs de point’n click. Et en plus, c’est gratuit. Pourquoi se priver ?

Note de la rédaction

16
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