Assassin's Creed Unity fait incontestablement partie des sorties majeures de la fin d'année. Et pas uniquement parce que l'action de ce volet se déroule dans l’Hexagone, pendant la Révolution française. Depuis ses débuts en 2007, la saga d'Ubisoft s'est en effet trouvée une place de choix dans le paysage du jeu vidéo. Quant à ce nouvel épisode, il s'avère pour sa part être le premier réellement conçu pour la Xbox One et la PlayStation 4 (même s'il sera aussi disponible sur PC). Aussi, les enjeux entourant ce dernier sont importants, tout comme, par extension, les moyens mis à disposition des équipes de développement. Aperçu ici ou là, Unity n'avait pas encore été approché plus de quelques minutes. Cette fois, nous avons pu passer trois grosses heures en sa compagnie, manette en mains. Un laps de temps qui nous a permis d'essayer les différents aspects de cet Assassin's Creed orienté coopération.
Contrairement aux précédents opus qui disposaient d'un volet multijoueur séparé de la campagne solo, Assassin's Creed Unity propose une seule et même aventure. Celle-ci renferme cependant pour la première fois des missions jouables en coopération. Ces dernières peuvent impliquer jusqu'à quatre protagonistes. A travers cette nouvelle architecture, les développeurs souhaitent lier entre eux tous les aspects du jeu et conserver ainsi une meilleure cohésion d'ensemble tout en répondant à un désir fort du public. Celui de partager son aventure avec des amis. Afin de donner un aperçu complet de ce qu'offre Unity, Ubisoft avait opté pour une session de jeu divisée en trois actes, le premier nous amenant à goûter à la partie solo du titre en parcourant les séquences 3 et 4 de la trame principale.
A la découverte de Paris
Autant être clair de suite, on ne va pas s'amuser ici à détailler le scénario ou à passer en revue les personnages que l'on a pu croiser au cours des deux séquences. D'une part parce qu'en étant balancé au milieu de l'histoire, il nous manque forcément des éléments de compréhension, et d'autre part parce que la découverte fait partie intégrante du plaisir que l'on prend à la sortie de chaque volet. Ce point-là, Ubisoft l'a d'ailleurs très bien cerné. Dorénavant, lorsque vous atteignez l'un des points de vue de la ville, l'intégralité du quartier qui y est associé n'est plus dévoilé. Certains éléments sont certes portés à votre connaissance mais d'autres demeurent secrets. Pour les révéler, il vous faudra impérativement explorer les moindres recoins de Paris. Ce qui n'est pas une mince affaire étant donné la taille de la capitale. Une décision motivée par l'envie qu'avaient les développeurs de vous pousser à mettre un pied dans tous les lieux délaissés par ce fil rouge que constituent les missions principales.
Parcourir les rues de la ville, grimper sur chaque bâtiment, pénétrer dans le moindre intérieur, voilà ce à quoi il faut donc s'atteler si l'on veut dénicher tous les trésors que renferme Paris. Cela ne devrait pas être trop pénible au regard du plaisir que l'on a pris à découvrir les quartiers au sein desquels on a eu le temps d'évoluer. A savoir le Marais ainsi que les îles de la Cité et de Saint-Louis. Un énorme travail a été fourni pour favoriser l'immersion du joueur. On a ainsi plus que jamais l'impression d'évoluer dans un environnement vivant peuplé par de nombreux PNJ vaquant tous à leurs occupations. Même s'il reste encore çà et là deux ou trois comportements qui prêtent à sourire, l'ensemble est très crédible. Cette impression est notamment due au travail fourni sur le son et l'aspect visuel. Unity retranscrit bien cette colère qui anime le peuple ainsi que le côté particulièrement sale, lourd, chargé de la capitale pendant la Révolution. Quant aux monuments, modélisés avec un soin quasi maniaque, ils sont tout bonnement impressionnants. A commencer par Notre-Dame.
Des changements notables
La première mission de la séquence 3 consiste d'ailleurs à infiltrer la majestueuse cathédrale. L'occasion de faire connaissance dans un premier temps avec le nouveau système de navigation. Celui-ci est nettement plus tolérant que par le passé dans le sens où il est possible d'attaquer l'ascension des bâtiments par n'importe quel angle. Les mouvements se font de manière plus naturelle même s'il subsiste encore quelques ratés frustrants dont ne sait à ce stade s'ils sont imputables ou non à la version démo conçue pour l'occasion par Ubisoft. Toujours est-il qu'il faut dorénavant s'habituer à utiliser systématiquement les boutons pour monter et descendre. Cela nécessite un petit temps d'apprentissage mais le gain en termes de fluidité dans les déplacements est net. Pour en revenir à la mission à l'intérieur de Notre-Dame, il nous était demandé d'assassiner un personnage important puis de s'enfuir. De quoi, cette fois, tâter le nouveau système de combat.
Ceux qui se plaignaient de la simplicité avec laquelle on parvenait à éliminer une armée entière vont être servis. Car Ubisoft a clairement revu ses plans et propose pour le coup des affrontements beaucoup plus exigeants. Les adversaires, souvent en nombre, attaquent tous ensemble sans laisser de répit. Et surtout, ils arrivent à leur fin beaucoup plus rapidement. On comprend alors après quelques minutes qu'il n'est possible de se battre qu'avec un ou deux opposants simultanément. Au-delà, la sanction est immédiate : retour au précédent checkpoint. Cela donne évidemment un tout autre sens au terme infiltration. Etre discret n'est plus une option mais une nécessité. De même pour la fuite. Celle-ci n'est plus une simple possibilité parmi d'autres. Il faut savoir s'en aller si la situation tourne mal en utilisant les différents objets mis à la disposition du héros, Arno. Une bombe fumigène permet par exemple de s'évader sans être vu. Pour ensuite réviser sa stratégie et aborder la situation d'une manière différente. Il ne faut pas se le cacher, on meurt au départ plusieurs fois par arrogance avant de se rendre compte qu'il faut impérativement mettre de côté tout ce que l'on avait appris par le passé pour s'en sortir.
Focus sur la coopération
Globalement, la partie solo s'est montrée très plaisante. Certes, la nature des missions principales – que l'on est toujours libre ou non de suivre – n'était pas spécialement originale, mais l'ensemble se tenait très bien dans ce nouveau cadre qu'est Paris. Il se passe, qui plus est, mille et une choses en parallèle dans la ville, comme des décapitations à la guillotine sur la place publique. Les tâches annexes semblaient d'ailleurs très nombreuses et il y aura donc fort à faire pour boucler le jeu à 100%. Pour réussir cet « exploit », il vous faudra probablement ranger au placard votre envie de solitude pour coopérer avec d'autres joueurs. Probablement, car rien n'est obligatoire dans Assassin's Creed Unity. Les missions conçues pour être jouées à plusieurs peuvent tout à fait être terminées sans aucune aide. Néanmoins, Ubisoft n'adapte pas le nombre d'ennemis ou plus globalement, la difficulté des objectifs à accomplir, en fonction du nombre de joueurs impliqués. Si le challenge peut être intéressant en soi, les adeptes du tout solo passeront cependant à côté de l'intérêt réel d'une partie du jeu.
Comme évoqué plus haut, notre session était découpée en trois parties. Après un long passage en solo, nous avons pu essayer une mission en coop à deux, avec un développeur à nos côtés. Introduite par une courte cinématique présentant les enjeux, celle-ci nous demandait grosso modo d'aider un dénommé Paton, ancien espion pour le compte de Robespierre subitement soupçonné par ce dernier de trahison. Au programme, de l'infiltration dans une prison, quelques meurtres subtils réclamant un peu de coordination et une course-poursuite dans Paris avant de finir par une discussion tranquille dans les catacombes. La troisième partie de notre démo était, elle, plus parlante sur l'intérêt que peuvent revêtir ces missions. Cette fois, place à un « casse » pur et dur impliquant quatre joueurs. Le but : dérober un tableau. Mais la difficulté de la tâche est double. D'une, le lieu est rempli de peintures (parmi lesquelles se trouve celle recherchée). Et de deux, les ennemis sont extrêmement nombreux. L'endroit où se trouve le butin ainsi que la disposition des gardes étant aléatoires, une même stratégie n'est, en prime, pas réutilisable deux fois. Comme sur les vidéos de démonstration réalisées par Ubisoft (notamment pour l'E3), il demeure impératif d'être un minimum coordonné dans la mesure où les combats tournent vite très mal. En groupe compact ou par équipe de deux, vous avancez ainsi dans le lieu en essayant de dérober le trésor recherché avant de fuir au plus vite. Encore une fois, les gadgets se révèlent ici plus qu'utiles. Si la mission permet à chacun d'obtenir une récompense, le montant de celle-ci varie en fonction des performances. Par performance, il faut entendre le laps de temps que vous avez passé sans être vu. Une jauge diminue en effet progressivement dès lors que vous êtes repéré. Plus celle-ci est pleine à l'issue du casse, plus le gain à l'arrivée est élevé. Il va donc falloir veiller à faire avancer l'équipe tout en jouant sa carte. Un dosage peu évident à trouver qui risque bien de créer quelques dissensions pendant les parties.
Avec Unity, la série Assassin's Creed devrait faire un joli bond en avant, les nouveaux systèmes de navigation et de combat donnant une tout autre dimension à cette dernière. Ceux qui réclamaient des affrontements plus dynamiques et punitifs seront servis. Idem pour ceux qui se sentaient frustrés par le fait que l'infiltration n'était qu'une option parmi d'autres pour atteindre les différents objectifs fixés. Côté immersion, la réussite est totale. On se sent pleinement plongé dans ce Paris du XVIIIe siècle. Une ville à la fois magnifique et répugnante que l'on est impatient de pouvoir explorer. Si le jeu réalise quelques prouesses sur le plan technique (éclairages somptueux, monuments modélisés avec une précision diabolique, foule d'une rare densité), il reste malgré tout à ce stade pas mal de bugs plus ou moins gênants. De la capacité des équipes d'Ubisoft à éliminer ces derniers dépend d'ailleurs certainement l'ampleur du plaisir que prendront les joueurs et par conséquent, le succès de cet épisode.