Il faut bien faire ce triste constat : le line-up de la PS4 n'est pas très fourni. Histoire de nous faire oublier ce détail, Sony propose en téléchargement sur la nouvelle console quelques titres qui ont déjà fait leurs preuves sur d'autres supports. C'est le cas d'Escape Plan, un jeu sorti à l'occasion du lancement de la Vita et qui nous revient ici dans une version adaptée à nos salons.
Tout commence là où tout aurait pu finir, dans une prison. Lil et Laarg sont deux détenus peu ordinaires dans un monde qui n'a pas grand-chose de commun avec le nôtre. Dépourvu de couleur, cet univers abrite des créatures sans visage, leurs émotions ne transparaissant qu'à travers leurs orbites vides mais néanmoins dotées d'expressions. Capturé par un dénommé Bakuki, le petit Lil ronfle paisiblement dans sa cellule, attendant de connaître le sort que lui réservera son geôlier. Et parce qu'on sait que ce genre d'histoire finit toujours mal, c'est à ce moment précis que vous entrez en scène. Faisant fi de tout sentiment, vous secouez brutalement l'individu paresseux en le prenant pour cible avec votre curseur, interrompant aussitôt sa sieste ainsi que la jolie mélodie qui accompagnait son voyage dans le royaume des songes.
Un duo insolite
Il est temps de rassembler vos esprits car la porte s'ouvre sur un véritable parcours du combattant qui va vous demander beaucoup de sang-froid avant de déboucher sur la liberté. Les premiers tableaux se bornent à jouer leur rôle de didacticiel, nous permettant d'appréhender par nous-mêmes la manière dont on pourra faire évoluer Lil dans ces environnements monochromes bourrés de pièges mortels. Très vite, notre héros est rejoint par un acolyte ventripotent qui, sans qu'aucune parole ne soit prononcée, se rallie à la cause de son nouvel ami dans l'espoir de trouver le chemin de la sortie. Cet épais monsieur s'appelle Laarg, et, tels Laurel et Hardy, notre duo insolite devra évoluer de concert pour progresser dans les différentes salles de cette prison. Lorsque les deux captifs sont réunis, le joueur a la possibilité de passer de l'un à l'autre à tout moment, chacun ayant évidemment quelques talents bien spécifiques. Lil, par exemple, ne résiste pas à l'appel du distributeur de boisson, ce qui lui permet, une fois ivre, de hoqueter violemment pour se propulser d'un bond sur de longues distances. Aussi gros qu'il puisse être, Laarg est tout de même capable de s'embarquer dans des bulles qui le transportent dans les airs, mais sa spécialité reste quand même la démolition de plancher à coups de popotin.
Un délice pour les oreilles
L'un des principaux attraits d'Escape Plan réside dans sa bande-son singulière. Les musiques, majoritairement composée de thèmes classiques très connus mais sachant aussi s'orienter vers le jazz ou d'autre styles plus variés, y jouent un rôle essentiel en termes d'immersion. Ceux qui ont vu les trailers du jeu seront d'ailleurs ravis de constater que le morceau intitulé In the Hall of the Mountain King (issu de Peer Gynt, la pièce de Grieg) est bien présent dans le jeu. Plus original, le rôle des bruitages est un autre élément ayant bénéficié d'un soin tout particulier de la part des développeurs. Selon ce qui se passe à l'écran, il arrive d'entendre des applaudissements et des rires, comme si tout se passait sous les yeux d'un public fictif que l'on imagine confortablement installé devant une pièce de théâtre ou un film muet. Les bruitages bien gras prêtent à sourire et renforcent le caractère grotesque des situations qui virent parfois presque au cartoon lorsque nos deux compères se retrouvent pulvérisés et réduits en une informe bouillie noire qui tache les murs.
La mort au bout du pad
On nage donc un peu entre Lemmings et Limbo, Escape Plan ne reprenant pas seulement l'esthétique monochrome de ce dernier mais aussi son principe éprouvant du « die & retry ». Chaque mort permet en quelque sorte de tirer la leçon de ses erreurs passées. Mais même lorsqu'on a parfaitement compris ce que le jeu attend de nous, il faut faire preuve d'une maîtrise parfaite du timing pour se sortir des situations les plus délicates. Et pour bien narguer le joueur, les nombres qui apparaissent en gros sur le ventre des deux compères symbolisent leur compteur de morts... Il faut dire que les pièges sont plutôt vicieux, s'activant parfois de manière trompeuse ou se rétractant sans crier gare. Le gameplay a été revu et corrigé pour le pad à l'occasion de cette version PS4. On utilise désormais la gâchette droite et le bouton croix pour pousser les objets vers le fond du décor ou au contraire pour les faire ressortir. Les interactions avec les personnages se font avec la touche rond. C'est l'occasion par exemple de déclencher le fameux hoquet de Lil, évoqué plus haut, ou de se dégonfler progressivement. Le pavé tactile est lui aussi mis à contribution puisqu'il permet d'interagir avec certains éléments du décor comme des ventilateurs ou des leviers.
Des pièges variés
Si Lil et Laarg ne résistent pas à une chute de plus de 2 cm de haut, on peut tout de même amortir leur atterrissage en faisant tomber des sacs-poubelle ou des vieux matelas en contrebas. En aspirant de l'hélium, Lil gonfle tel un ballon de baudruche et son mouvement ne peut être contrôlé qu'en inclinant le pad pour l'orienter. Le stick gauche est toujours là pour assurer la bonne gestion des caméras tandis que le droit est dédié au curseur. Outre les pièges inanimés qu'il faut manœuvrer avec beaucoup de prudence, les salles de la prison abritent des créatures ennemies dont le design rappelle beaucoup celui des ruines insidieuses d'Alice : Retour au Pays de la Folie. Si vous ne pouvez pas les attaquer directement, vous pouvez néanmoins faire diversion en pointant le curseur et en utilisant un bouton. A l'inverse, les moutons noirs sont vos alliés mais ils fuient au moindre bruit suspect. A vous d'exploiter cette particularité pour déclencher des stimuli afin de déjouer les embûches mises en place dans chaque niveau. Bien que la difficulté soit très progressive, le timing souvent serré imposé à certains moments du jeu vous incitera peut-être à recourir à la fonction permettant de zapper le tableau en cours. Une option dont il vaut cependant mieux ne pas abuser car le jeu n'est pas très long, même s'il est possible d'y revenir ensuite en mode Défi. Escape Plan ne nous aura finalement pas déçus et mérite de venir gonfler un peu votre catalogue de jeux PS4.
Points forts
- Un design qui fait mouche
- La bande-son qui constitue un vrai régal
- Des puzzles originaux et bien pensés
Points faibles
- Un peu trop court
- Des contrôles moins adaptés au pad qu'à la Vita
Aussi audacieux et déroutant qu'un Limbo, Escape Plan remplit son contrat en nous offrant une expérience de « die & retry » à la fois singulière et fascinante. L'ambiance est particulièrement réussie et le gameplay suffisamment original pour nous scotcher d'un bout à l'autre de l'aventure. Reste une durée de vie un peu faiblarde, pour un jeu qui a tout de même le mérite de venir gonfler le maigre catalogue de jeux présents pour l'instant sur PS4.