Depuis cinq ans, Gearbox s'est fait une spécialité : alterner succès retentissants et échecs cuisants. Si le studio texan a su se montrer à son avantage en 2009 et en 2012 avec les deux épisodes de la série Borderlands, il a aussi prouvé dans le même temps qu'on ne pouvait pas pour autant lui faire entièrement confiance. Avec Duke Nukem Forever (2011) et Aliens Colonial Marines (2013), Gearbox a en effet réussi la performance de développer deux des pires titres de la dernière décennie. Si l'on suit cette logique implacable, le prochain jeu conçu par la société dirigée par Randy Pitchford devrait valoir le coup d'oeil. En l'occurrence, celui-ci se nomme Battleborn et n'est pas attendu avant 2015.
Avec Battleborn, nous voilà donc devant la toute nouvelle propriété intellectuelle de Gearbox Software. Celle qui est censée prendre le relais de Borderlands. Du reste, le jeu est développé par une grande partie des équipes qui ont bossé sur la série à succès du studio texan. Même s'ils ne jouent pas tout à fait dans la même cour, un certain nombre de parallèles peut d'ailleurs être établi entre les deux titres. Toujours est-il que Battleborn est aujourd'hui le plus gros projet de la société dirigée par Randy Pitchford. Forcément, les ambitions sont donc élevées.
Jeu hybride
A l'image de Borderlands, Battleborn n'appartient pas réellement à un genre donné. Il s'agit plus d'un jeu hybride piquant des idées à droite et à gauche. Des armes, des ennemis à dégommer, une vue à la première personne des plus classiques, on pourrait ainsi croire de loin qu'il s'agit là d'un simple FPS. Mais il n'en est rien. Le jeu possède également dans ses mécaniques de progression des éléments empruntés aux MOBA. Pour clarifier la nature du titre, il faut se mettre en tête que celui-ci est clairement orienté multijoueur. A ce jour, le studio américain a ainsi révélé qu'il y aurait une partie compétitive avec différents modes et des matchs impliquant deux équipes de cinq joueurs ainsi qu'une autre coopérative au sein de laquelle on vivra une aventure ayant un début, un milieu et une fin. Le tout, avec quatre potes, online ou via split screen. C'est sur ce dernier aspect du jeu que Gearbox avait choisi de s'attarder lors de la présentation à laquelle nous avons assisté. Sachez qu'il n'y aura pas comme dans dans la plupart des jeux une histoire fournie en un seul morceau. Il s'agira plus d'une succession de scénarios, de missions, s'étalant sur vingt à trente minutes à chaque fois.
FPS X MOBA
Accolées, ces missions scénarisées forment donc l'aventure coopérative. A l'intérieur de chacune d'entre elles, il existe plusieurs objectifs successifs à remplir. Par exemple, lors de celle jouée devant nous par les développeurs de Gearbox, ces derniers ont dû se rendre dans un lieu précis, éliminer les ennemis qui les pourchassaient, défendre un site et enfin détruire une sorte d'énorme sauterelle robotisée qui faisait office de boss. Autant d'étapes à travers lesquelles vous êtes guidé par divers personnages qui interviennent régulièrement pour discuter avec vous via de petites vignettes affichant leur visage. Point de vue gameplay, toute l'originalité du titre tient dans le fait que vous progressez comme dans un MOBA. C'est-à-dire que vous allez prendre 15 niveaux à l'intérieur de chaque mission. Et vous repartez à « zéro » lors du scénario suivant. Bien entendu, chaque cap franchi s'accompagne d'une décision à prendre quant à la manière dont vous souhaitez voir évoluer votre personnage. Sous la forme d'une double-hélice façon molécule d'ADN, le jeu vous propose le choix entre deux capacités. Vous pouvez donc changer la voie empruntée lors de chaque mission. La volonté de Gearbox est de proposer une progression ramassée, comme si on bâtissait le héros d'un RPG en une demi-heure. Pour être complet au sujet de la progression, il faut savoir que le profil du joueur gagne lui aussi en expérience de son côté. Cela permettra notamment de débloquer de nouvelles voies d'évolution pour son personnage.
Battleborn to be wild
Concrètement, au cours d'une partie, Battleborn se présente donc comme un FPS relativement classique. Chaque personnage dispose d'attaques de base et de diverses capacités actives et passives. S'ajoute à tout cela le pouvoir spécial propre à chaque protagoniste de l'histoire. Montana, sorte de tank lent mais extrêmement puissant, peut par exemple sauter au loin pour raccourcir le temps de trajet tout en absorbant un maximum de dégâts pendant un laps de temps donné. Dans Battleborn, il existe cinq factions possédant toutes une approche différente du combat. L'histoire veut que ces dernières se livrent une féroce bataille pour le contrôle de Solus, la dernière étoile n'ayant pas succombé aux attaques des Varelsi. D'où le côté compétitif du jeu. Mais elles se battent également ensemble contre ce peuple maléfique. Ce qui justifie cette fois l'aspect coopératif. Ces cinq factions présentent donc un visage différent. Les Jennerit sont les combattants les plus nobles du jeu. Ils placent la force et l'honneur au-dessus de tout le reste. Les Peacemakers s'apparentent eux à des militaires souhaitant protéger Solus. Les Eldrid, des similis Elfes, font quant à eux attention à la nature et l'équilibre de l'univers. Au sein des Rogues, on trouve tous les mercenaires venus de divers horizons. Enfin, le Last Light Consortium regroupe des IA très manipulatrices. Soit, plus concrètement, des robots focalisés sur le profit. Chaque faction contient plusieurs héros dotés de caractéristiques, de capacités et d'armes variées (arcs pour les Eldrid, épées pour les Jennerit, flingues en tous genres pour les autres).
Une direction artistique étrange
Battleborn arbore un style visuel très cartoon. L'apprécier ou non relève évidemment d'une histoire de goût. De notre côté, on trouve ça plutôt réussi dans l'ensemble. Le design des personnages est également soigné. On apprécie que chacun d'entre eux ait droit à sa propre personnalité. A ce compte-là, le jeu joue la carte de l'humour. Les héros parlent pas mal, souvent pour raconter des âneries ou lancer des blagues. En revanche, les environnements – une forêt luxuriante et une sorte de cité futuriste – ne nous ont pas convaincus. Il apparaissaient vides, comme inachevés. Peut-être était-ce dû au fait que Battleborn n'en est encore qu'à un stade peu avancé de son développement ? On l'espère pour tout dire.
Battleborn n'étant pas prévu avant 2015, c'est une version encore loin d'être définitive que nous avons vu tourner sous nos yeux et que nous n'avons malheureusement pas pu essayer. A ce stade, le jeu semble en tout cas avoir un certain potentiel. Cet étrange mélange entre FPS et MOBA possède des arguments pour séduire le public. A commencer par sa formule, originale, et son approche multijoueur, dans l'air du temps. Le style visuel, sympathique à défaut d'être totalement novateur, ou encore l'humour, omniprésent, viennent s'ajouter à la liste des points positifs. On attendra malgré tout de tenir nous-mêmes la manette pour se faire un véritable avis sur le jeu de Gearbox.