Crimson Dragon n'est certainement pas le jeu dont on parle le plus quand on évoque le line-up de sortie de la Xbox One. Et si la communication autour du jeu n'est pas très forte de la part de Microsoft, ce n'est clairement pas un hasard.
Rares sont les soufflés qui sont retombés aussi rapidement que l'annonce de Crimson Dragon. A l'époque où on l'appelait encore Project Draco, les nombreux fans de la série Panzer Dragoon étaient tout heureux de voir débarquer une suite spirituelle et inattendue. De surcroît créée par Yukio Futatsugi, papa de la saga initiale. Les premières images faisaient rêver avec de majestueux dragons dans un rail-shooter à l'ancienne. Puis le titre originellement prévu sur Xbox 360 a été reporté sur Xbox One, ceci très peu de temps avant sa sortie japonaise, un événement qui n'était déjà pas vraiment bon signe.
Un échec annoncé
Car s'il a été repoussé sur Xbox One, ce n'était pas pour en faire un jeu next-gen. Loin de là. Il s'agissait plutôt de gonfler le line-up de lancement de la nouvelle console Microsoft, un argument supplémentaire face à la concurrence. Il ne faut pas être un génie pour comprendre qu'en seulement un an, la chenille n'allait pas se transformer en papillon. D'autant que même le gameplay, initialement prévu pour Kinect, s'est vu réformer pour passer à la manette assez tardivement dans la conception du titre développé par Grounding Inc. Et si je vous fais tout ce petit historique, ce n'est pas juste pour le plaisir. Chacun de ces événements a eu des répercussions dramatiques sur le résultat final : Crimson Dragon est un échec.
Petit dragon. Où es-tu ?
Mais avant toute chose, expliquons un peu le concept. Vous êtes un dragonnier sur une planète récemment colonisée. Vous visitez de nouvelles zones et affrontez des espèces résolument hostiles. Sur votre belle monture, vous pouvez effectuer des tonneaux pour esquiver les attaques ennemies tout en utilisant vos capacités pour faire le ménage à l'écran. Rail-shooter oblige, vous n'avez que rarement la possibilité de bouger la caméra en dehors d'un angle forcé. En plus de votre dragon, vous en avez aussi un second que vous pouvez louer, soit hors ligne (dragons créés par le jeu), soit en ligne (dragons d'autres joueurs). En vol, vous devez le placer devant ou derrière vous selon la situation et la force de frappe non-négligeable qu'il vous offre fait souvent la différence, notamment grâce à une sorte de super-attaque plutôt efficace.
Un gameplay lassant
Les niveaux possèdent une structure simplifiée à l'extrême. Ils sont composés de sous-missions chronométrées dont le succès influera sur votre notation finale et les potentielles récompenses que vous engrangez. Malheureusement, non seulement les missions sont très répétitives, mais de plus, il faut régulièrement refaire des niveaux pour gagner de l'argent et de l'expérience afin de faire évoluer les dragons, ou encore pour récupérer des anticorps sur les monstres vaincus, seule manière de débloquer les niveaux suivants. Une structure particulièrement bancale qui aura tôt fait de navrer les quelques joueurs qui n'avaient pas déserté à cause d'un gameplay redondant qui manque de fun. Le pire, c'est que Crimson Dragon réussit même l'exploit de comporter des longueurs faute à un rythme mal exploité, chose dramatique dans un genre connu pour sa frénésie.
Quand Spyro devient Vermithrax
Ce qui est dommage, c'est que Crimson Dragon propose pourtant une gestion des dragons assez intéressante qui aurait pu valoir le coup. Outre l'expérience qui permet au dragon de monter de niveau et d'améliorer ses caractéristiques, il est possible d'utiliser des ampoules pour booster un peu plus les performances de notre bête. Il est possible de lui apprendre de nouvelles compétences via des items récupérés en combat. En le nourrissant, on peut même lui donner de l'expérience hors-combat avant de le faire évoluer (ce qui engendre une légère transformation). On retrouve même une très petite dimension RPG puisque les attaques de dragons dépendent d'éléments (neutre, feu, vent et lumière) et il faudra bien choisir sa monture avant de rentrer dans un niveau. Malheureusement, cette aspect du jeu ne peut pas sauver les meubles.
Des défauts à la pelle
Car en dehors de la gestion des dragons, pas un seul élément réussit à surnager dans la médiocrité globale du titre. Non seulement les graphismes nous ramènent à la précédente génération, mais la pauvreté affligeante du level design laisse pantois, là où les rail-shooters sont en général plutôt efficaces. Le maniabilité de notre monture est aussi calamiteuse, d'une lourdeur tellement prononcée qu'elle tend vers le manque total de réactivité. De plus, entre la taille du dragon, nos tirs, les ennemis et les salves adverses, la lisibilité est un véritable problème, ce qui reste un comble dans un shooter dont le principal intérêt est le scoring. Avec tous ces défauts, c'est une grande partie du fun qui quitte Crimson Dragon, nous laissant avec un goût amer en bouche. Et ce ne sont pas la future possibilité de jouer à trois en ligne (en décembre) et les quelques fonctionnalités vocales avec Kinect qui rattraperont le coup.
Jusqu'au bout
Finissons cet article avec deux choix que nous laisse Crimson Dragon. Le premier est celui de la difficulté, Relax et Classique, cette dernière offrant un léger bonus d'expérience. Le second choix concerne la possibilité d'acheter des gemmes avec notre carte bleue pour ensuite les dépenser en jeu. Bien qu'il soit possible de tout obtenir sans passer par là, il faut bien savoir que cette dernière possibilité m'a laissé dubitatif, d'autant que son affichage dans les menus est particulièrement, au minimum, bizarre. En effet, lorsque vous mettez en surbrillance les gemmes, on vous dit juste que vous pouvez les acheter, mais sans préciser s'il s'agit de la monnaie du jeu ou de vrais euros (aucun prix n'est affiché). En fait, il faut valider deux fois pour enfin se retrouver sur le marché Xbox avec l'indication du prix (en euros) et le bouton déjà placé sur « Confirmer » ! Mouais mouais mouais... On va dire qu'il s'agit juste d'une maladresse, surtout que tous les menus de Crimson Dragon sont à loger à la même enseigne : avares en description et anti-ergonomiques.
Points forts
- Le design des dragons
- La gestion des dragons
- Des passages difficiles sans être cruels
Points faibles
- Vraiment pas maniable
- De très sérieux problèmes de lisibilité
- Les plans de caméra qui partent en sucette
- Manque de fun, manque de rythme
- Le scénario, anecdotique
- Le level design sans inspiration
- La réalisation générale très, très en deça
- Les menus
Si Crimson Dragon était sorti sur Xbox 360, il n'aurait même pas été un bon jeu. Sur Xbox One, il devient tout bonnement une catastrophe. Alors que la gestion de nos montures et quelques éléments RPG pouvaient augurer de bonnes choses, le titre des studios Grounding Inc perd sur tous les fronts avec des problèmes de caméra, de lisibilité, de maniabilité et de rythme, sans oublier une réalisation datée et un level design d'une grande platitude. Oubliez de suite le CV de son créateur, Crimson Dragon n'a rien à voir avec ses ancêtres spirituels.